Coups de fouet climatiques : Les villes les plus peuplées du monde en souffrent

22/03/2025 mis à jour: 17:00
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15% des villes analysées subissent des coups de fouet climatiques. Tendances à l’humidification et à l’assèchement dans 112 villes entre 1982 et 2023 - Photo : D. R.

Parmi les 100 villes les plus peuplées au monde, nombreuses sont celles concernées par des «coups de fouet climatiques», c’est-à-dire, par des sécheresses suivies de près par des inondations, selon une analyse de l’ONG WaterAid. Dans tous les cas, l’eau potable vient alors à manque.

De l’eau partout, et rien à boire. Si ce paradoxe fait d’abord penser à un naufragé se retrouvant démuni au beau milieu de l’océan, il concerne également les victimes d’inondations. En effet, les crues exceptionnelles viennent à la fois submerger les infrastructures, détruire les systèmes d’assainissement et contaminer l’eau potable.

Surtout lorsqu’au préalable, une sécheresse a déjà tari les sources. Qualifié de «coup de fouet climatique» (climate whiplash, en anglais), cet enchaînement de catastrophes liées à l’eau – en défaut puis en excès – concerne un certain nombre de villes parmi les 100 plus peuplées au monde, selon un rapport de l’ONG WaterAid réalisé avec des scientifiques des universités de Bristol et de Cardiff en Grande-Bretagne.

A l’heure actuelle, 90% des catastrophes climatiques sont liées à l’eau, et les 4,4 milliards de personnes qui vivent dans les villes, en particulier dans les pays à faible revenu, sont en première ligne, note l’organisation basée à Londres.

Inversions climatiques

Les auteurs du rapport ont donc analysé les tendances climatiques au cours des 42 dernières années dans les 100 villes les plus peuplées du monde, ainsi que dans 12 villes concernées par les programmes de l’ONG, afin de déterminer lesquelles sont davantage sujettes aux inondations ou aux sécheresses.

Résultat : 17 villes, soit 15% de celles analysées, subissent des coups de fouet climatiques. Les basculements les plus violents ont ainsi été observés à Hangzhou (Chine), Jakarta (Indonésie) et Dallas (Texas), résume le Guardian. Parmi les autres villes victimes de ces enchaînements mortels figurent Bagdad (Irak), Bangkok (Thaïlande), Melbourne (Australie) et Nairobi (Kenya).

En outre, 24 villes (22%) connaissent des «inversions climatiques», c’est-à-dire que les zones habituées à de fortes précipitations sont désormais confrontées à des sécheresses, tandis que les régions historiquement arides sont aujourd’hui aux prises avec des inondations inattendues.

C’est le cas par exemple au Caire, à Madrid et à Riyad, ainsi qu’à Hong Kong et à San Jose en Californie. «Les résultats de notre étude illustrent à quel point le changement climatique s’exprime différemment et de manière dramatique dans le monde entier – il n’y a pas de formule universelle», a commenté la professeure Katerina Michaelides, de l’université de Bristol, auprès de la BBC.

Alors que les deux tiers de la population mondiale devraient vivre dans les villes d’ici 2050 et que les risques climatiques deviennent plus intenses et irréguliers, il est «urgent» que les décideurs comprennent les menaces et qu’ils fassent beaucoup plus pour atteindre et maintenir un accès universel et équitable à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène en milieu urbain, prône WaterAid.

Les gouvernements des pays plus particulièrement touchés devraient notamment intégrer et mettre en œuvre ces mesures dans le cadre de leurs plans d’adaptation au changement climatique aux niveaux national et municipal, et ce, en «mettant l’accent sur les groupes vulnérables, en particulier les femmes et les filles», suggère l’ONG.
 

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