Un professeur de l’université Badji Mokhtar de Annaba a adressé une lettre au ministère de l’Enseignement supérieur, dénonçant des décisions administratives qui, selon lui, auraient empêché son accession au titre de «professeur émérite».
Le professeur Noureddine Aouf, spécialiste en chimie et ancien directeur du Laboratoire de chimie organique appliquée (LCOA), a détaillé dans son courrier, dont El Watan détient une copie, plusieurs incidents qu’il attribue à une mauvaise gestion administrative au sein de l’université, notamment des différends avec le recteur de l’établissement. Avec 43 ans de carrière et une contribution significative à la recherche scientifique, le professeur Aouf a dirigé le LCOA pendant deux décennies. Le laboratoire a obtenu le label Tamayouz en 2021 et a mené des projets nationaux et internationaux, en collaboration avec des institutions prestigieuses.
Dans sa lettre, il rappelle ses réalisations, notamment l’organisation de plusieurs formations doctorales et l’accueil du prix Nobel Yves Chauvin en 2009. Malgré un palmarès impressionnant, plus de 90 publications de rang A, un indice H de 23 et un engagement sans faille envers son laboratoire, il affirme subir une «humiliation» qui, selon lui, porte atteinte à la dignité de la profession universitaire dans son ensemble.
Au cœur de la controverse, une sanction administrative datant de 2023 est présentée par le professeur comme la raison principale du blocage de sa candidature. Cette mesure, un blâme lié à un différend avec une collègue, aurait été notifiée tardivement et serait contestée par l’intéressé, qui indique : «La plaignante s’est rétractée avant toute procédure disciplinaire» en brandissant un document attestant ses dires. Cependant, selon le professeur, cette sanction a été invoquée pour refuser la signature de deux documents nécessaires à sa candidature au titre de professeur émérite : «Une attestation de travail et une attestation de bonne conduite.»
Dans sa correspondance au ministère de tutelle, le professeur Aouf mentionne d’autres incidents qui, selon lui, illustrent des dysfonctionnements dans la gestion de l’université. Il en est ainsi d’un refus de financement d’une mission scientifique à Marseille, malgré un dossier validé par le vice-recteur, d’une suspension, depuis 2022, des formations doctorales au sein du LCOA et un rejet de la nomination d’une collègue à un poste de responsabilité, bien que les avis des instances universitaires aient été favorables.
A la veille de sa retraite, le professeur a sollicité l’intervention du ministère pour clarifier sa situation et permettre son accession au statut de professeur émérite, en reconnaissance à ses 43 ans de dur labeur à l’université.
Ce dossier soulève des interrogations sur la régularité des procédures administratives dans les établissements d’enseignement supérieur.
En attendant l’intervention du ministère de l’Enseignement supérieur, cette affaire continue de susciter des débats au sein de la communauté universitaire et au-delà, sur la nécessité de garantir la justice et la transparence dans la gestion des carrières académiques.