Contrairement aux produits légaux, ces cigarettes ne sont soumises à aucun contrôle de qualité. Les produits utilisés dans leur fabrication sont souvent inconnus et potentiellement beaucoup plus nocifs que ceux réglementés. L’absence d’étiquetage et d’avertissements sanitaires sur ces produits expose les consommateurs à un risque accru de maladies liées au tabagisme, telles que le cancer des poumons.
Au cours des derniers mois, le marché national du tabac en Algérie a été caractérisé par l’introduction de nouvelles marques de tabac de contrebande, accentuant ainsi un phénomène déjà bien enraciné. Des produits portant les appellations «Marseille» et «Kentucky Select» (american blend, Made in USA) commencent à inonder le marché parallèle, se répandant rapidement à travers le pays, à l’image des marques illégales déjà connues, comme «HP», «Business Royals» et «Edge».
Ce commerce illicite, loin de s’essouffler, semble se renouveler constamment, faisant naître de nouvelles inquiétudes quant à ses impacts sur l’économie, la santé publique et la société en général.
Le commerce du tabac de contrebande en Algérie s’est depuis longtemps installé dans une dynamique incontrôlable, profitant d’une demande croissante et de prix plus compétitifs que ceux des produits légaux. Les nouvelles marques suivent le même schéma : elles sont proposées à des prix attractifs, rendant difficile la concurrence pour les produits officiels.
Ces produits proviennent souvent de filières clandestines bien organisées, échappant aux réglementations fiscales et aux contrôles sanitaires imposés aux produits vendus légalement. Il semble que les contrebandiers ont réagi rapidement aux opérations coup de poing des services de sécurité, qui ont réussi à restreindre leurs champs d’action et renforcé le contrôle autour de leurs activités illégales. Les autorités ont élargi leurs actions en multipliant les opérations de saisie et en augmentant les contrôles à des points névralgiques, tels que les frontières terrestres, les routes et même certains points de vente.
Les éléments de l’ANP stationnés à la frontière et les services de sécurité ont saisi d’énormes quantités de tabac au cours des six premiers mois de l’année en cours. Selon les données annoncées par le ministère de la Défense nationale, il a été procédé à la saisie de plus de 104 tonnes de tabac.
Depuis quelques années, les autorités ont décidé de resserrer l’étau sur les trafiquants dont les activités constituent une menace pour la société et la jeunesse algériennes. Dans le même contexte, la brigade de recherche de la Gendarmerie nationale de Réghaïa a démantelé, début août, une bande spécialisée dans la fabrication et l’imitation du tabac, avec la saisie de 30 335 boîtes de tabac à chiquer contrefait et 13 700 paquets de cigarettes de contrebande d’une valeur de 471 millions de centimes.
Certains vendeurs de cigarettes légaux ont affirmé que l’achat de ces cigarettes de contrebande est dû essentiellement à «leurs prix bas», ce qui est normal puisqu’elles ne sont pas soumises aux taxes. Cette situation force certains à cesser leur activité ou, dans des cas extrêmes, à se tourner eux-mêmes vers la vente de produits illicites pour survivre.
Un impact dévastateur sur la santé
Ainsi, de nouvelles marques apparaissent sur le marché parallèle car la demande a augmenté. Souvent, de jeunes vendeurs de tabac et de chique installent leurs étals à proximité des établissements scolaires. L’Algérie fait partie des nombreux pays où l’on commence à fumer à un âge précoce ; avec un âge moyen d’initiation autour de 15 ans.
Dans la lutte contre le marché parallèle, les experts recommandent d’orienter les efforts vers deux directions.
La première consiste à renforcer la surveillance et à réprimer la fraude aux frontières. Le deuxième concerne la lutte contre le marché parallèle en élargissant l’assiette fiscale parallèlement à la réduction des taxes et redevances imposées sur les marchandises commercialisées légalement afin de les rendre compétitives en termes de prix, de sorte que les marchandises de contrebande ne puissent pas grignoter une part de la demande nationale.
L’un des impacts les plus directs de la prolifération des produits de tabac de contrebande est la perte significative de revenus pour l’Etat. En effet, les produits illicites échappent aux taxes imposées sur les cigarettes légales, privant ainsi le Trésor public de ressources fiscales indispensables.
Dans un pays où la fiscalité sur le tabac représente une part importante des recettes de l’Etat, cette contrebande constitue un véritable gouffre financier. La loi de finances 2024 avait introduit «la révision à la hausse les taux de l’impôt complémentaire sur les bénéfices des sociétés de fabrication de tabacs et du tarif de la taxe additionnelle sur les produits tabagiques de 37 à 50 DA par paquet».
En plus, le tabac de contrebande est souvent de qualité inférieure et contient des substances dangereuses non réglementées. Une cigarette de contrebande cache bien plus de substances toxiques que celle que l’on achète dans les bureaux de tabac, avec notamment trois fois plus de cadmium et d’arsenic, sept fois plus de mercure et huit fois plus de plomb.
Contrairement aux produits légaux, ces cigarettes ne sont soumises à aucun contrôle de qualité. Les produits utilisés dans leur fabrication sont souvent inconnus et potentiellement beaucoup plus nocifs que ceux réglementés. L’absence d’étiquetage et d’avertissements sanitaires sur ces produits expose les consommateurs à un risque accru de maladies liées au tabagisme, telles que le cancer des poumons, les maladies cardiovasculaires et les infections respiratoires. La contrebande de tabac en Algérie représente bien plus qu’une simple fraude économique : c’est un véritable danger public.