Malgré le suivi important des actions de protestation lancées par le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), la pression sur la tutelle ne semble pas avoir atteint le but recherché.
Après une trêve d’un mois durant la 4e vague de la Covid-19, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste) envisage une escalade dans son mouvement de protestation, entamé depuis le mois d’octobre dernier.
Malgré le suivi important des actions de protestation lancées par le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), la pression sur la tutelle ne semble pas avoir atteint le but recherché. C’est du moins ce qu’attestent les syndicalistes affiliés à ce syndicat, qui fait cavalier seul depuis le mois d’octobre pour revendiquer de meilleures conditions socioprofessionnelles pour les travailleurs de l’éducation.
«Cette semaine, le taux d’engagement de notre base syndicale dans le mouvement de grève a dépassé les 80%. La grève a été largement suivie dans les lycées et les collèges, contrairement au primaire. Les conseils de wilaya se tiennent toujours. Un conseil national aura lieu demain pour annoncer la nouvelle voie à tenir dans notre protestation», souligne Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste. Il précise que la base demande une escalade dans la contestation, qui jusque-là n’a suscité aucune réaction de la part de la tutelle.
Ceci malgré l’impact qu’elle a sur la pédagogie des élèves. Pour M. Boudiba, la situation est très délicate sur le terrain. Le pourrissement de la situation aurait atteint, selon ses propos, des proportions très inquiétantes, au moment où le département de Abdelhakim Belabed, ministre de l’Education nationale, n’a donné aucune suite aux revendications formulées dans la plateforme du Cnapeste.
«Il ne s’agit pas seulement de donner suite. La tutelle n’a pas tenu ses engagements qui relèvent de ses prérogatives. Comment pouvons-nous convaincre la base syndicale des bonnes intentions de la tutelle alors que même le paiement des arriérés de salaires et de primes, qui devait se faire en janvier dernier, n’a pas été fait jusqu’à aujourd’hui. Le temps des promesses est révolu. L’apaisement ne peut se faire que par de véritables changements», ajoute notre interlocuteur.
La priorité au pouvoir d’achat
Dans sa démarche, le Cnapeste s’adosse sur la situation de précarité dans laquelle les enseignants exercent leur métier. Sur le volet sanitaire, le manque de moyens, même les plus rudimentaires, est pesant. Le protocole n’est pas appliqué, faisant accroître le sentiment de peur chez les enseignants et les élèves. La distanciation physique n’est pas respectée, notamment avec le retour au système ancien, avec plus de 35 élèves par classe.
«Nous sommes arrivés à une ligne rouge. Que ce soit sur le volet sanitaire, pédagogique, social ou syndical, la situation est très inquiétante. L’école est sur une poudrière», alerte notre interlocuteur, qui revient sur la plateforme de revendications en mettant une liste de priorités.
Pour notre syndicaliste, l’urgence aujourd’hui est le volet social, à travers la mise en place de mesures pour la protection du pouvoir d’achat et l’accès au logement. «Pour le premier volet, une révision salariale est obligatoire, à travers le régime indemnitaire et une augmentation du point indiciaire, déjà annoncée par le président de la République. Une annonce, d’ailleurs, entourée jusque-là d’un grand flou.
Ces deux dossiers peuvent être ouverts sans passer par la modification du statut particulier», estime le porte-parole du Cnapeste, qui considère que le dossier du statut particulier doit être traité dans sa globalité, en prenant tout le temps qu’il faut pour mettre les mécanismes en place, notamment en révisant le statut général de la fonction publique.
Jusqu’où ira le Cnapeste ?
Il est à rappeler que dans la liste des revendications du Cnapeste, il est mentionné la protection du pouvoir d’achat, à travers la revalorisation salariale et l’application urgente du décret présidentiel 14-266 du 28 septembre 2014, avec effet rétroactif.
Mais pas que. Le Cnapeste réclame l’ouverture de postes budgétaires pour la promotion des enseignants en enseignant principal et enseignant formateur, la revalorisation de la prime d’indemnisation du Sud et des Hauts-Plateaux, la révision du système de recrutement, le recrutement d’enseignants diplômés des Ecoles normales supérieures (ENS) et l’adoption de concours sur la base du certificat, conformément au décret exécutif n°12-194, qui valorise l’expérience et la longévité des enseignants contractants.
Ceci sans compter les grands dossiers ouverts depuis plusieurs années, à savoir le droit à la retraite sans condition d’âge, la protection des libertés syndicales et la médecine du travail. Le degré d’escalade dans le mouvement de protestation du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste) n’est pas encore connu.
Si jusqu’à présent, ce syndicat s’est contenté de deux jours de grève hebdomadaires et d’un boycott administratif, il est fort probable, selon des échos, qu’il décide d’aller vers une grève illimitée ou de longue durée.
Le but étant de pousser la tutelle à la réaction, tous les moyens sont possibles, même si la scolarité des élèves risque d’en prendre un sérieux coup. Les parents d’élèves ont déjà tiré la sonnette d’alarme quant aux retombées de cette situation caractérisée par les grèves, le système d’enseignement par alternance qui favorise le décrochage scolaire et aussi l’absence d’enseignants de plusieurs matières et dans divers établissements à travers le pays. Entre la pression exercée par le Cnapeste et le silence de la tutelle, l’avenir pédagogique des élèves est véritablement en jeu.