Contes & histoires : Le livre des Mille et Une nuits

18/03/2024 mis à jour: 11:57
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HISTOIRE DU ROI SCHAHRIAR ET DE SON FRÈRE, LE ROI SCHAHZAMAN

 

Il dit. Et lorsque Schahrazade, la fille du vizir, eut entendu ce récit de son père, elle dit : «Ô père, je veux tout de même que tu fasses ce que je te demande !» Alors, le vizir, sans plus insister, fit préparer le trousseau de sa fille Schahrazade, puis monta prévenir le roi Schahriar.

Pendant ce temps, Schahrazade fit des recommandations à sa jeune sœur et lui dit : «Lorsque je serai près du Roi, je t’enverrai mander ; et lorsque tu seras venue et que tu auras vu le Roi terminer sa chose avec moi, tu me diras : «Ô ma sœur, raconte-moi des contes merveilleux qui nous fassent passer la soirée !» Alors, moi, je te raconterai des contes qui, si Allah le veut, seront la cause de la délivrance des filles des Mousslemine !»
 

Après quoi, son père le vizir vint la prendre et monta avec elle chez le Roi. Et le Roi fut tout heureux et dit au vizir : «C’est bien là ce qu’il faut ?» Et le vizir dit respectueusement : «Oui !»
Lorsque le Roi voulut prendre la jeune fille, elle se mit à pleurer, et le Roi lui dit : «Qu’as-tu ?» Elle dit : «Ô Roi ! j’ai une petite sœur à qui je désire faire mes adieux.» Alors le Roi envoya chercher la petite sœur qui vint et se jeta au cou de Schahrazade et finit par se blottir auprès du lit.
 

Alors le Roi se leva, et, prenant la vierge Schahrazade, il lui ravit sa virginité.
Puis on se mit à causer.

Alors Doniazade dit à Schahrazade : «Par Allah sur toi ! ô ma sœur, raconte-nous un conte qui nous fasse passer la nuit !» Et Schahrazade lui répondit : «De tout cœur et comme un devoir d’hommages dus ! Si toutefois veut bien me le permettre ce Roi bien élevé et doué de bonnes manières !» Lorsque le Roi entendit ces paroles et comme d’ailleurs il avait de l’insomnie, il ne fut pas fâché d’entendre le conte de Schahrazade.

Et Schahrazade, cette première nuit, commença le conte suivant : «Ici commencent les Mille et Une nuits».

Première nuit.
 

HISTOIRE DU MARCHANT AVEC L’ÉFRIT

 

Schahrazade dit :
Il m’est parvenu, ô Roi fortuné, qu’il y avait un marchand d’entre les marchands, maître de nombreuses richesses et d’affaires commerciales dans tous les pays.
 

Un jour, il monta à cheval et partit pour quelques localités où l’appelaient ses affaires. Comme la chaleur était devenue trop forte, il s’assit sous un arbre, et, mettant la main à son sac de provisions, il en tira un morceau et aussi des dattes. Quand il eut fini de manger les dattes, il en jeta au loin les noyaux ; mais soudain apparut devant lui un éfrit, grand de taille, qui, brandissant une épée, s’approcha du marchand et s’écria : «Lève-toi, que je te tue comme tu as tué mon enfant !» Et le marchand lui dit : «Comment ai-je tué ton enfant ?» Il lui dit : «Quand, les dattes mangées, tu jetas les noyaux, les noyaux vinrent frapper mon fils à la poitrine : alors c’en fut fait de lui et il mourut à l’heure même.» Alors le marchand dit à l’éfrit : «Sache, ô grand éfrit, que je suis un croyant, et que je ne saurais te mentir.

 Or, j’ai beaucoup de richesses, et j’ai aussi des enfants et une épouse ; de plus, j’ai chez moi des dépôts qui me furent confiés. Permets-moi donc de m’en aller à ma maison, que je puisse donner à qui de droit son droit : cela fait, je reviendrai vers toi. Ainsi, tu as ma promesse et mon serment que je retournerai ensuite près de toi. Et alors tu feras de moi ce que tu voudras. 

Et Allah est garant de mes paroles !» Alors, le genni eut confiance et laissa partir le marchand. Et le marchand revint dans son pays, se défit de toutes ses attaches, et fit parvenir les droits à qui de droit. Puis il révéla à son épouse et à ses enfants ce qui lui était arrivé : et tous se mirent à pleurer, les parents, les femmes et les enfants. Ensuite, le commerçant fit son testament ; et il resta avec les siens jusqu’à la fin de l’année ; après quoi, il résolut de repartir et, prenant son linceul sous son aisselle, il fit ses adieux à ses proches, à ses voisins et à ses parents, et s’en alla en dépit de son nez. Alors on se mit à se lamenter sur lui et à pousser des cris de deuil.
 

Traduit par Dr Joseph-charles Mardus
(A suivre)

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