L’implantation cochléaire représente une véritable bouée de sauvetage pour les enfants sourds, leur ouvrant les portes d’un monde sonore qu’ils n’auraient jamais pu percevoir autrement. Cependant, le succès de cette intervention ne se résume pas à l’implant lui-même.
Une prise en charge pluridisciplinaire, impliquant une synergie d’acteurs spécialisés, s’avère indispensable pour optimiser le développement auditif, linguistique et communicationnel de ces enfants. C’est dans cette optique que la direction de l’action sociale et de la solidarité (Dass) de Constantine a organisé une journée d’étude riche en enseignements, rassemblant experts, psychologues, enseignants et parents d’enfants concernés par cette déficience auditive.
Le conclave, intitulé «Réalité et perspectives de la prise en charge pluridisciplinaire des enfants sourds implantés cochléaires», a été tenu durant la journée d’hier au niveau de la maison de la culture Malek Haddad dans la ville de Constantine. L’objectif de cette rencontre, selon Abdelkader Dehimi, Dass de la wilaya, est de faire connaitre au grand public les moyens mis en service pour une prise en charge optimale de cette catégorie de personnes. Il ajoute que cette médiatisation se révèle comme un appel aux parents, dont certains n’acceptent pas «l’handicap» de leurs enfants.
C’est la raison pour laquelle, les parents sont sollicités pour prendre attache avec les services de la Dass, particulièrement pour une implantation cochléaire. «Il faut que les parents comprennent qu’un diagnostic précoce de cet handicap conduira à une meilleure prise en charge. Donc, au moindre doute sur les capacités auditives de l’enfant, les parents doivent s’approcher de nos services et nos cellules de proximité mobilisées sur terrain. Ces cellules ont pour mission de faire le porte-à-porte», a déclaré M. Dehimi à El Watan.
Et de souligner que L’Etat algérien a déployé beaucoup d’efforts dans la prise en charge de la catégorie des sourds-muets. D’ailleurs, ajoute-t-il, l’école des sourds à Constantine illustre parfaitement l’engagement des pouvoirs publics en faveur de l’inclusion des enfants sourds implantés cochléaires. Cet établissement scolaire comprend un total de 62 élèves, dont 24 enfants sourds implantés cochléaires (10 filles et 14 garçons). Il existe également deux classes équipées du système FM, abritant 14 garçons et 9 filles.
La collaboration étroite entre la Dass et la direction de l’éducation a permis l’ouverture de 10 classes spécifiques réparties sur l’ensemble de la wilaya, favorisant ainsi un suivi pédagogique individualisé pour 42 enfants. «Nous avons des élèves sourds-muets inscrits au niveau des trois paliers», a-t-il précisé. Les statistiques présentées par notre interlocuteur en marge de la journée d’étude démontrent l’ampleur de la tâche à accomplir.
La wilaya de Constantine recense 453 enfants sourds de moins de 18 ans, dont 24 ont bénéficié d’implants cochléaires. «L’Etat a tracé des programmes et lancé des projets pour ces personnes. Notons à titre d’exemple le dictionnaire du langage des signes, les classes équipées du système FM et autres. En plus, nous avons des spécialistes et des formateurs. Nous avons également formés des cadres des institutions publiques», a indiqué le Dass.
Et de renchérir que des procédures ont été menées récemment avec les services de la sûreté et de la justice pour encadrer et former des spécialistes dans le langage des signes. La direction de l’action sociale envisage l’ouverture de nouvelles classes dans le secteur de l’éducation dédiées à cette catégorie dès la prochaine rentrée scolaire. «Je ne peux pas me prononcer sur le nombre des classes à ouvrir, car, tout dépend du nombre des inscrits.
Cependant, des journées de sensibilisations seront organisées par les cellules de proximité dans les zones isolées, afin d’inciter les parents à inscrire leurs enfants», a conclu notre interlocuteur. Par ailleurs, le directeur de l’école supérieure des sourds-muets a plaidé pour une révision du programme pédagogique, actuellement calqué sur celui de l’université.
Il a insisté sur la nécessité d’adapter ce programme aux spécificités des enfants sourds-muets, en s’appuyant sur une étude menée par des spécialistes et des experts. En conclusion, il a été révélé que l’Algérie compte jusqu’à présent 46 écoles primaires pour les sourds. Ces établissements ont joué un rôle important pour diminuer la pression psychologique et sociale sur cette catégorie de personnes.