Conflit ukrainien : La Russie compte rester «pour toujours» dans le Sud

07/05/2022 mis à jour: 08:52
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Photo : D. R.

Selon le haut responsable russe parlementaire, la Russie va aider la région de Kherson, comme elle aide déjà, dans l’est de l’Ukraine, les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk autoproclamées et dont Moscou a reconnu l’indépendance.

La Russie restera «pour toujours» dans le sud de l’Ukraine», a affirmé hier un haut responsable parlementaire russe, Andreï Tourtchak, lors d’une visite à Kherson, importante ville ukrainienne, rapporte l’AFP citant un communiqué de son parti. «En m’adressant aux habitants de la région de Kherson, j’aimerais dire encore une fois que la Russie est là pour toujours. On ne doit en avoir aucun doute», a déclaré A. Tourtchak, premier adjoint au président du Conseil de la Fédération (Chambre haute du Parlement), cité dans un communiqué du parti au pouvoir Russie unie dont il est secrétaire du conseil général.

C’est la première fois qu’un haut responsable russe annonce l’intention de Moscou de rester dans les territoires pris par l’armée russe depuis le début de l’opération en Ukraine le 24 février. La Russie a jusqu’ici soutenu que l’un de ses objectifs principaux est de «dénazifier» son voisin. «Il n’y aura aucun retour vers le passé. Nous allons vivre ensemble, développer cette région riche, riche de son patrimoine historique, de son peuple qui habite ici», a affirmé le même responsable.

Selon lui, la Russie va aider la région de Kherson, comme elle aide déjà les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, autoproclamées dans l’est de l’Ukraine et dont Moscou a reconnu l’indépendance.

Tous les anciens combattants résidant sur ces territoires, qui ont participé à la Seconde Guerre mondiale, vont recevoir des cadeaux et se verront verser des primes de la part du président Vladimir Poutine, à l’occasion du 9 mai, jour où la Russie célèbre la Journée de la victoire sur l’Allemagne nazie, a-t-il indiqué. Il a aussi annoncé la prochaine ouverture d’un centre logistique russe d’aide humanitaire à Kherson.

Ce centre, qui sera mis en place par Russie unie, va s’occuper notamment de la livraison des produits d’alimentation et de première nécessité et des médicaments, selon la même source.

La ville de Kherson, proche de la Crimée annexée par Moscou en 2014, est la première et à ce jour la seule ville d’importance ukrainienne dont les Russes aient pris complètement le contrôle depuis le début de leur offensive en Ukraine le 24 février. Ils en ont revendiqué la prise le 3 mars. L’administration russe de cette ville côtière a déjà annoncé son intention d’y introduire le rouble pour remplacer la monnaie ukrainienne à partir du 1er mai.

Incertitude

Un nouveau convoi de l’Organisation des Nations unies (ONU) était attendu hier pour évacuer les derniers civils retranchés dans l’aciérie d’Azovstal à Marioupol, l’ultime poche de résistance ukrainienne dans ce port stratégique du Donbass, sans assurance toutefois d’une trêve dans les combats.

Malgré cette incertitude, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des questions humanitaires, Martin Griffiths, a annoncé jeudi que ce nouveau convoi se dirigeait vers la cité martyre, devenue un des symboles de l’invasion russe déclenchée le 24 février.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a confirmé être associé à cette opération, «en coordination avec l’ONU et les belligérants», mais «insiste sur le fait qu’aucun détail ne peut être communiqué jusqu’à ce que la situation le permette, afin de ne pas compromettre gravement l’opération». «Nous avons réussi à évacuer presque 500 civils» ces derniers temps, a souligné le même jour le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak. «Aujourd’hui, nous nous concentrons sur Azovstal», a précisé la vice-Première ministre Iryna Verechtchouk.

Les informations sur la situation dans cette aciérie, où vivent retranchés dans d’immenses galeries souterraines civils et combattants, restaient néanmoins contradictoires. Hier matin, le ministère ukrainien de la Défense a assuré que les forces russes ont, «dans certaines zones, avec le soutien de l’aviation, repris les opérations visant à prendre le contrôle de l’usine».

Le président russe, Vladimir Poutine, a de son côté affirmé jeudi soir que «l’armée russe était toujours prête à assurer l’évacuation des civils» d’Azovstal, qui pourraient être encore au nombre de 200, piégés avec les combattants ukrainiens dans ce complexe.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a quant à lui assuré que l’armée russe respectait le cessez-le-feu autour de l’usine et que des couloirs humanitaires y «fonctionnaient». Ce que les militaires ukrainiens sur place ont démenti. 

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