Conflit en RDC : L’ONU appelle à «éviter à tout prix une escalade régionale»

16/02/2025 mis à jour: 13:05
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Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, au Sommet de l'UA à Addis-Abeba - Photo : D. R.

«La souveraineté et l'intégrité territoriale de la RDC doivent être respectées», a exhorté le chef de l'ONU, lors de l'ouverture du Sommet annuel de l'Union africaine à Addis-Abeba.

Il faut éviter à tout prix une escalade régionale» dans le conflit qui ravage l'est de la République  démocratique du Congo (RDC). C’est ce qu’a affirmé hier le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'ouverture du Sommet de l'Union africaine (UA), selon l’AFP. Dans l'est de la RDC, le groupe armé M23 (Mouvement du 23 mars) soutenu par le Rwanda a pris, fin janvier, le contrôle de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, avant de progresser dans la région voisine du Sud-Kivu.

Les récents affrontements dans cette région, secouée par des violences depuis trente ans, ont fait au moins 2900 morts, selon l'ONU. Vendredi, le M23 et les troupes rwandaises ont pris le contrôle de l'aéroport de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, site stratégique où étaient positionnées les forces armées congolaises. Puis, selon des sources sécuritaire et humanitaire, une avant-garde a pénétré dans la ville par ses quartiers nord-ouest.

La chute imminente de Bukavu, déjà tombée en 2004 aux mains de soldats dissidents de l'armée congolaise, donnerait au M23 et aux troupes rwandaises le contrôle total du lac Kivu, qui s'étire le long de la frontière rwandaise.  En face, l'armée congolaise est notamment soutenue par des troupes sud-africaines et burundaises. Des tirs sporadiques résonnent encore à Bukavu hier matin. Les habitants restent majoritairement terrés chez eux. Les rues sont quasi désertes, il n'y a pas de circulation.

Des pillages survenus au cours de la nuit ont été signalés. «La souveraineté et l'intégrité territoriale de la RDC doivent être respectées», a exhorté le chef de l'ONU, lors de l'ouverture du Sommet annuel de l'UA à Addis-Abeba. «La violation en cours de l'intégrité territoriale de la RDC ne restera pas  sans réponse», a affirmé  hier, de son côté, un porte-parole de l'Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères, Anouar El Anouni, tout en blâmant des «forces du M23, soutenues par le Rwanda». «L'UE examine en urgence toutes les options à sa disposition»,  a-t-il poursuivi.

«Velléités expansionnistes»

Lors d’une conférence de presse, A. Guterres a estimé que «la clé de la solution du problème» en RDC est en Afrique. Hier, Paris a de son côté appelé à l'arrêt «immédiat» de l'offensive du M23 sur Bukavu et demandé «le retrait sans délai» des forces rwandaises soutenant ce groupe armé. Environ 4000 militaires rwandais interviennent dans l'est de la RDC, selon l'ONU.

Ce conflit fait planer le risque d'une guerre régionale, plusieurs des voisins de la RDC, immense pays de l'Afrique centrale, ayant une présence militaire sur le sol congolais. Depuis la récente intensification du conflit, et alors que Kinshasa réclame en vain des sanctions internationales contre Kigali, les appels de la communauté internationale à une désescalade et à un cessez-le-feu se sont multipliés, notamment de la part des dirigeants d'Afrique de l'Est. Mais ils sont restés lettre morte.

Félix Tshisekedi n'a pas pris part à une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'UA vendredi et était à une conférence sur la sécurité, organisée à Munich (Allemagne), d'où il a dénoncé les «velléités expansionnistes» du Rwanda et appelé à le «mettre à l'index».

Il était initialement annoncé présent au Sommet des chefs d'Etat ce week-end, mais il y a finalement renoncé. Le président angolais Joao Lourenço, très impliqué depuis plusieurs années dans les tentatives de médiation entre RDC et le Rwanda, a pris, hier, la présidence tournante de l'UA, un rôle honorifique, succédant au chef de l'Etat mauritianien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

A l'issue du Sommet, un nouveau président de la Commission de l'UA sera désigné pour succéder au Tchadien Moussa Faki Mahamat, qui a atteint la limite des deux mandats pour ce rôle exécutif. Trois candidats se disputent le poste tournant de plus haut représentant de l'organisation panafricaine, réservé cette fois à un représentant de l'Afrique de l'Est : le ministre des Affaires étrangères djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, le vétéran de l'opposition kényane Raila Odinga et l'ancien ministre des Affaires étrangères malgache Richard Randriamandrato.

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