Conflit du Nagorny Karabakh : Le président turc célèbre la «victoire» de l’Azerbaïdjan

26/09/2023 mis à jour: 01:27
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Recep Tayyip Erdogan était lundi en visite dans l'enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan au côté de son homologue Ilham Aliev

En visite, hier, dans l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, le président turc Recep Tayyip Erdogan a célébré la «victoire» de l’Azerbaïdjan au Nagorny-Karabakh qui ouvre, selon lui, de «nouvelles opportunités pour une normalisation» dans la région, selon les propos recueillis par l’AFP.

 «C’est un motif de fierté pour la Turquie de voir les opérations antiterroristes de l’Azerbaïdjan accomplies avec succès en un temps court et dans le respect des droits des civils», a déclaré le président turc lors d’une déclaration à la presse, au côté de son homologue Ilham Aliev. «Avec cette victoire, de nouvelles fenêtres d’opportunités s’ouvrent pour une normalisation générale dans la région», a-t-il poursuivi. 

Le chef de l’Etat turc effectue une visite d’une journée dans l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, située entre l’Arménie et l’Iran et frontalière de la Turquie. Il a été accueilli par le président azéri, Ilham Aliev. «Nous espérons que l’Arménie saisira la main pacifique qui lui est tendue», a-t-il ajouté. Officiellement, les deux dirigeants devaient lancer la construction d’un gazoduc de 85 km entre l’est de la Turquie et le Nakhitchevan et présider à l’inauguration d’un complexe militaire. 

Mais selon les médias turcs, ils devaient aussi discuter de l’ouverture du corridor de Zangezur aux Azéris à travers l’Arménie. Ouvrir le corridor de Zangezur, le long de la frontière arménienne avec l’Iran, permettrait à Bakou d’établir une continuité territoriale jusqu’au Nakhitchevan et, au-delà, avec la Turquie. La petite bande de terre du Nakhitchevan est rattachée à l’Azerbaïdjan depuis 1923, mais sans continuité avec le reste de ce pays. 

A son tour, le président azéri a assuré  que les droits des Arméniens du Nagorny-Karabakh seraient «garantis». «Les habitants du Nagorny-Karabakh, quelle que soit leur ethnie, sont des citoyens de l’Azerbaïdjan. Leurs droits seront garantis par l’Etat azerbaïdjanais», a-t-il déclaré pendant une conférence de presse commune avec  Erdogan au Nakhitchevan. «J’ai confiance dans le succès du processus de réintégration des Arméniens du Karabakh à la société azerbaïdjanaise», a-t-il ajouté, évoquant l’«intérêt commun» de la Turquie et de l’Azerbaïdjan à ce que «la paix» règne dans le Caucase.

Rencontre à Bruxelles

De son côté, l’Union européenne (UE) va recevoir, aujourd’hui, de hauts représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, après la victoire de Bakou au Nagorny-Karabakh, un territoire azerbaïdjanais en majorité peuplé d’Arméniens, a indiqué, lundi, une porte-parole européenne. Simon Mordue, principal conseiller diplomatique du président du Conseil européen Charles Michel, présidera cette rencontre.

L’Azerbaïdjan et l’Arménie ainsi que la France et l’Allemagne seront représentés par leurs conseillers nationaux à la sécurité. Le représentant spécial de l’UE pour le Caucase du Sud, le diplomate estonien Toivo Klaar, participera également à cette réunion.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev sont attendus à une réunion de la Communauté politique européenne qui regroupe une cinquantaine de pays européens, le 5 octobre à Grenade, dans le sud de l’Espagne.

L’armée azerbaïdjanaise a remporté, la semaine dernière, une victoire militaire éclair contre la «république» autoproclamée du Nagorny-Karabakh, une région en majorité peuplée d’Arméniens rattachée, en 1921, à l’Azerbaïdjan par le pouvoir soviétique.

Depuis, des milliers d’habitants du Nagorny-Karabakh se sont réfugiés en Arménie. Cette enclave montagneuse a été, par le passé, le théâtre de deux guerres entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : l’une de 1988 à 1994 (30 mille morts) et l’autre à l’automne 2020 (6500 morts).

Par ailleurs, le Kremlin a balayé, hier, les critiques visant les troupes russes déployées au Nagorny-Karabakh, répondant au Premier ministre arménien Nikol Pachinian qui a qualifié dimanche d’«inefficaces» les alliances actuelles de son pays, notamment avec Moscou.

«Nous sommes catégoriquement contre les tentatives de faire porter une responsabilité sur la partie russe et les forces russes de maintien de la paix (au Nagorny-Karabakh, NDLR), qui font preuve d’héroïsme», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, rejetant tout «reproche» sur des manquements supposés. 

«L’Arménie reste notre allié, un gouvernement proche, un peuple qui nous est proche», a-t-il poursuivi, soulignant que «le dialogue» entre Moscou et Erevan se poursuivait à différents niveaux diplomatiques «en particulier en ces jours difficiles». Il a assuré que la Russie continuerait de «remplir ses fonctions», notamment de «faire respecter les droits des habitants du Karabakh».

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a qualifié dimanche d’«inefficaces» les alliances actuelles de son pays, dans une allusion voilée à ses relations de longue date avec Moscou, héritées de l’époque où l’Arménie faisait partie de l’URSS.

«L’Arménie n’a jamais renoncé à ses obligations ni trahi ses alliés. Mais l’analyse de la situation montre que les systèmes de sécurité et les alliés sur lesquels nous comptons depuis longtemps se sont fixés pour tâche de montrer notre vulnérabilité», a-t-il ajouté.

L’Arménie fait encore partie de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire chapeautée par la Russie, mais a déjà donné des signes d’éloignement, avant même l’offensive la semaine dernière au Nagorny -Karabakh de l›armée azerbaïdjanaise.

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