Conférence ministérielle Russie-Afrique : Moscou promet un «soutien total» aux pays africains

11/11/2024 mis à jour: 16:58
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Une vue du forum de Russie-Afrique à Sotchi

Le président russe, Vladimir Poutine, a promis hier un «soutien total» de Moscou aux pays africains, à l'occasion d'une conférence ministérielle Russie-Afrique à Sotchi (sud-ouest), rapporte l’AFP. «Notre pays va continuer d'apporter son soutien total à nos amis africains dans différents domaines», a-t-il déclaré dans une déclaration, lue par son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, devant les participants à la conférence.

 Il pourra s'agir «du développement durable, de la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, les maladies épidémiques, du règlement des problèmes alimentaires ou des conséquences des catastrophes naturelles», a-t-il ajouté. «Le continent africain doit être et sera l'un des centres du monde multipolaire», a affirmé S. Lavrov lors de la cérémonie de clôture de cette conférence avec de hauts responsables africains tenue samedi et dimanche, et qui suit deux sommets Russie-Afrique en 2019 à Sotchi et 2023 à Saint-Pétersbourg. 

Selon S. Lavrov, la Russie et les pays africains voient «du progrès dans tous les axes» de leur coopération, «malgré des obstacles artificiels» opposés par l'«Occident collectif». Il a aussi assuré que son pays et le continent africain jugent «nécessaire de se débarrasser de la dépendance à des mécanismes globaux contrôlés par nos collègues occidentaux», notamment dans le domaine financier.


Avec cette conférence à Sotchi, le Kremlin entend apporter une nouvelle illustration du «monde multipolaire» qu'il veut promouvoir face aux Occidentaux. Elle intervient après le sommet des Brics en octobre à Kazan (Russie), où Vladimir Poutine a voulu démontrer l'échec de la politique d'isolement et de sanctions engagée contre son pays par les pays occidentaux après l'intervention russe en Ukraine en février 2022. Depuis plusieurs années, Moscou, qui a été un acteur incontournable en Afrique à l'époque soviétique, tente de s’imposer en Afrique où la rhétorique russe contre «le néocolonialisme» et pour «un ordre mondial plus juste» trouve de l'écho auprès d'une grande partie des responsables africains.


Blé, nucléaire, entre autres

«La Russie n'est pas une puissance coloniale» et «n'a jamais été une puissance coloniale », a assuré samedi le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, en marge de la conférence Russie-Afrique. «Bien au contraire, elle a été aux côtés de peuples africains et d'autres peuples dans le monde pour les aider à sortir du système colonial», a-t-il soutenu. 

Le même jour, le Rwanda a indiqué compter sur la Russie pour la formation de ses spécialistes dans le domaine de l'énergie nucléaire, alors que ce pays cherche à développer ses sources d'énergie. «Nous avons besoin de l'énergie nucléaire», a déclaré le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, en marge d'une conférence Russie-Afrique à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie. Selon lui, des centaines d'étudiants rwandais ont obtenu des diplômes dans les universités russes ces dernières décennies. Parmi eux, «il y en a ceux qui se spécialisent dans les sciences nucléaires», a-t-il précisé. «On espère pouvoir former un certain nombre de cadres scientifiques spécialisés dans ce domaine», a-t-il soutenu.

 Pays enclavé de la région des Grands Lacs d'environ 13 millions d'habitants, le Rwanda a déjà signé en 2019 un accord pour construire des centrales nucléaires en collaboration avec l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique, Rosatom. «On espère que ce projet va continuer», a dit le chef de la diplomatie rwandaise, en précisant que son pays allait «fortifier» de manière générale ses relations avec Moscou, qu'il qualifie d'«excellentes». Selon lui, les relations entre le Rwanda et la Russie se basent sur «des projets concrets, le respect mutuel et les intérêts de l'Afrique». 

Il a affirmé que son pays subissait parfois «des pressions» de la part de certaines «puissances», sans les nommer : «On nous dit ce qu'il faut faire, compte tenu de ce qu'on appelle les valeurs morales de certains pays», a-t-il observé. Les pays africains ne se sont pas associés aux sanctions occidentales prises contre la Russie après son offensive en Ukraine. Les dirigeants africains ont tenté de peser dans la recherche de la paix en Ukraine. Une délégation de chefs d’Etat s’est rendue mi-juin 2023 à Moscou et à Kiev, exhortant,  en vain, la fin des hostilités entre les deux voisins. En 2023, Moscou a livré pour plus de 5 milliards de dollars d'armement sur le continent africain (4,7 milliards d'euros), selon l'entreprise publique russe Rosoboronexport. 

 Entre 2018 et 2022, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, la part russe du marché d’armement en Afrique est passée de 21 à 26 %. En parallèle, de grands groupes russes s'intéressent aussi de près aux matières premières de l'Afrique, entre autres, Alrosa en Angola et au Zimbabwe (diamants); Loukoïl au Nigeria, au Ghana, au Cameroun et en République du Congo cible le pétrole et Rusal en Guinée s’investit dans la bauxite. Selon un rapport des Nations unies paru en 2022, les matières premières «représentent plus de 60% des exportations totales de marchandises», dans 45 pays africains. 

Aussi, la Russie entretient un important partenariat agricole avec le continent, dont elle est le premier fournisseur de blé au monde. Selon des données de l’ONU en 2020, 15 pays africains ont importé plus de 50% de leurs produits à base de blé de la Russie ou l’Ukraine. Selon Moscou, en 2022, la Russie a exporté 11,5 millions de tonnes de céréales vers l’Afrique, et près de 10 millions de tonnes supplémentaires ont été livrées au premier semestre 2023. Depuis l’été 2023, elle a livré gratuitement 200 000 tonnes de céréales à la Somalie, au Burkina, au Mali, au Zimbabwe, à l’Erythrée et à la Centrafrique.
 

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