Conférence internationale sur l’économie maritime : Plaidoyer pour un dialogue entre tous les acteurs

05/11/2024 mis à jour: 00:54
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Photo : D. R.

A l’heure où des efforts sont déployés pour promouvoir le commerce, et surtout le volet exportations des produits nationaux, le transport maritime devrait constituer un levier majeur sur lequel la politique économique doit compter.

La deuxième édition de la Conférence internationale sur l’économie maritime (CIEM), organisée par le World Trade Center Algeria (WTCA) en collaboration avec Global Trade Support, a ouvert, hier à Alger, le débat sur cet enjeu crucial qu’est le développement du transport et des infrastructures maritimes.

En assurant 80% du volume du commerce mondial, et avec pas moins de 11 milliards de tonnes de marchandises acheminées en 2022, le transport maritime, ou les métiers de la mer, représente l’activité humaine la plus foisonnante après le secteur agroalimentaire. «Avec ses 1600 kilomètres de façade maritime, l’Algérie doit jouer un rôle important dans le trafic commercial en méditerranée et lui permettre de devenir un hub régional en direction des pays du Sahel et de l’Afrique en profitant de la route Alger-Lagos», souligne Ahmed Tibaoui, CEO du WTCA.

Pour ce faire, les conférenciers, qui se sont succédé au pupitre, ont insisté sur le dialogue entre tous les acteurs pour donner sa pleine place au secteur maritime. Déficience en matière de communication entre l’administration et les acteurs du secteur, incohérence dans les textes réglementaires sont autant de couacs limitant l’efficacité du secteur.

«Nous sommes aujourd’hui dans une phase de début de dialogue, il y a des choses qui se font, notamment l’ouverture sur le privé dans le maritime et l’aérien…notre association milite pour un développement rapide et pérenne du secteur, et cela ne peut se faire dans une logique de travail en solo de l’administration. Nous appelons à favoriser la collaboration et participer à l’élaboration de la réglementation est notre bataille pour aboutir à de nouveaux textes de lois… S’il n’y a pas de dialogue, et qu’on continue de ramer dans différents sens, on n’arrivera pas à développer le secteur et nous en subirons les conséquences», souligne Mouloud Belaid, président de l’association professionnelle des agents maritimes (Apama).

Adapter les ports pour accueillir les grands navires

Mary Papaschinopoulou, experte internationale en diplomatie maritime, suggère d’ailleurs, dans son propos, d’utiliser le soft power afin d’éviter les litiges potentiels. «Il est nécessaire que l’Algérie compte des associations puissantes, qui sont une force de proposition pour permettre au gouvernement d’adopter des réglementations adéquates facilitant le travail à la fois des opérateurs et des autorités».

Et à Abdellah Seriai, président du syndicat Translog, d'enchaîner sur le défi de l’absence d’infrastructures portuaires capables d’accueillir des navires de tonnages importants. «La plupart de nos ports sont régionaux et non pas maritimes, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas conçus pour recevoir de grands bateaux…

Il faut savoir que la marchandise que nous recevons de Chine doit d’abord passer par des ports européens pour l’éclatement de ces marchandises, qui seront acheminées par petits bateaux vers l’Algérie, et c’est ce qui explique que l’on paye plus cher les produits venant de ce pays», regrette l’orateur, qui est revenu dans son intervention sur l’histoire du secteur en Algérie.

«Il est impératif d’encourager les opérateurs nationaux, constituer la flotte maritime avec des intéressements fiscaux, ouvrir l’affrètement aux opérateurs nationaux en changeant les dispositions du code maritime, revoir les conditions du registre national, dépassé, et aussi élargir les activités qui existent au niveau des ports en démontant le monopole qui existe, revoir en urgence la réglementation des concessions portuaires, et équiper les ports en installations spécifiques pour pouvoir accueillir les marchandises de grandes masses», préconise le même orateur.

L’autre défi auquel l’Algérie devra face faire consiste dans l’obligation de se conformer à la réglementation internationale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le pavillon Algérie, indique Ramdane Ammour, expert maritime, est sur la liste noire des navires qui sont systématiquement contrôlés à l’arrivée au niveau des quais de destination, en raison de la non-conformité à la réglementation de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

«Si nous ne prenons pas conscience de cet aspect crucial dans le transport, nous nous mettons face au risque de ne plus pouvoir naviguer», alerte l’expert, en notant qu’en 2026 et avec l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation de l’OMI, des navires seront interdits de navigation s’ils contreviennent à l’obligation de ne plus émettre de gaz à effet de serre.

Ceci et de préciser que même les navires en rade sont aussi émetteurs de carbone. «Il faut absolument sortir de cette liste noire et adopter les conditions de l’efficacité énergétique», soutient M. Ammour, en notant que d'ici 2030, les pays devront réduire de 70% leurs émissions pour arriver enfin à l’objectif de zéro émission en 2050. L’Algérie, rappelle Jan Hoffman de la Cnuced, est classée à la 346e place en termes d’attente des navires à quai, soit 3 fois la moyenne mondiale.

Notons que l’Algérie est également invitée à adhérer au protocole LLMC de 1996, complétant la convention LLMC à laquelle elle adhère déjà. Il s’agit d’une protection supplémentaire en cas de litiges ou de contentieux liés aux accidents en mer, explique Norman Martinez Gutierrez, expert en droit maritime international, en regrettant que l’Algérie n’ait pas encore opté pour cette sécurité nécessaire. 

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