Le débat sur les sélections de jeunes s’est de nouveau imposé après la non-qualification des catégories U17 et U20 à la phase finale du tournoi continental (CAF) des deux catégories.
L’ occasion pour beaucoup de tirer dans tous les sens, sans discernement aucun. Que nos sélections de jeunes soient reculées des grands rendez-vous continentaux avec la précision d’une horloge suisse, est-ce vraiment une surprise ? Le contraire l’aurait été. Qu’est- ce qui a été fait depuis 60 ans en matière de formation et en direction des jeunes pour être surpris par ce qui arrive aux jeunes catégories dans les compétitions officielles ?
L’ absence de politique et de stratégie en direction des catégories juvéniles ne date pas d’hier. Beaucoup feignent de ne pas le savoir. Les échecs et les éliminations servent d’exutoire pour des règlements de comptes auxquels personne n’y échappe. Le drame, c’est que personne ne s’est lassé de la rengaine servie à tout bout de champ. Un jour, il faudra bien faire un «examen de conscience» et passer à autre chose.
C’est-à-dire se projeter sur l’avenir avec de vrais projets de développement du football avec au centre les principaux acteurs. Les jeunes. Le travail de base devra être révisé. Dans le contexte actuel, toujours en l’absence d’une réelle volonté de relever le niveau des jeunes, il est illusoire d’espérer une quelconque éclaircie.
Le football algérien est-il irrémédiablement condamné à ce triste sort ? C’est ce que croient ceux qui ont toujours tourné le dos aux jeunes. Un jour viendra où cette déplorable situation cessera. Les bons résultats en jeunes se planifient. Aujourd’hui, le football algérien est pris en otage par ceux qui veulent le statu quo. Ils sont tapis dans les différents paliers, organes et structures du sport- roi. Des centaines de sélectionneurs et entraîneurs des petites catégories ont payé un lourd tribut au système sportif en place. La machine à broyer les coachs a fait le reste.
Le football juvénile a besoin d’un plan Marshall qui se décline comme suit. L’adoption d’un projet tourné exclusivement vers les jeunes qui requiert une concertation efficiente avec les techniciens, leur adhésion sans condition. La révision de la carte du football des catégories jeunes est un impératif comme l’est l’approche nouvelle de la relation préparation et développement du football à la base avec le programme des cours scolaires.
Le ministère de l’Education nationale et la Fédération algérienne de football doivent s’associer pour mutualiser leurs efforts dans la même direction. Les collectivités locales, elles aussi, sont un partenaire incontournable. Elles doivent offrir un bien meilleur cadre en termes d’infrastructures sans qu’il serait vain d’attendre grand-chose. La Fédération n’est pas exempte de reproches.
C’est elle qui pilote le football et, à ce titre, elle doit imposer des règles auxquelles nul ne peut se soustraire. A commencer par les clubs pro qui ont l’obligation d’avoir un centre de formation (digne de ce nom, pas un intitulé sur un dossier d’engagement) et assurer une formation de qualité des entraîneurs. Les pouvoirs publics sont, eux aussi, directement concernés par ce dossier.
Si ces conditions (le strict minimum) et bien d’autres sont réunies, l’espoir d’une rapide sortie du tunnel peut être raisonnablement espérée... mais pas avant 10, 15 ans, voire 20 ans. Les pays qui sont à la pointe de ce sujet ont réussi à développer l’identité de leur football.
Le développement et la formation appartiennent à la pré- histoire. Aujourd’hui, le football algérien est au pied d’une grande montagne. S’il veut atteindre les cimes, il sait ce qu’il lui reste à faire. A commencer par oublier de tirer sur les ambulances et les fusibles.