Sans surprise, la décision de la Fédération française de football (fff) d’interdire l’arrêt des matches pour permettre aux joueurs de confession musulmane de rompre le jeûne a provoqué l’effet attendu.
Des joueurs musulmans qui observent le jeûne durant le mois sacré de Ramadhan ont commencé à réagir passé le moment de stupeur. Ils ne comprennent pas les mobiles et motivations de cette décision qu’assume ouvertement le président de la commission des arbitres, membre du Comex de la 3 F et président de la ligue Méditerranée, Eric Borghini.
Ce dernier a indiqué dans un communiqué diffusé jeudi : «Il a été porté à la connaissance de la fédération des interruptions de matchs suite aux ruptures du jeûne du Ramadhan.» Il se trouve qu’aucun arrêt de match, pour rupture du jeûne, n’a été signé en France et en Navarre.
Il a décidé par anticipation ? A-t-il eu peur de la «contagion» britannique ? Il a rappelé : «Les interruptions ne respectent pas les dispositions et statuts de la fédération», a évoqué la charte d’éthique et de déontologie et fait une étroite et restrictive lecture de l’article 1.1 des statuts de la 3 F qui interdit «toute discrimination ou atteinte à la dignité de personne en raison notamment de ses convictions politiques et religieuses».
La décision qu’il a prise au nom de sa fédération ne heurte-t-elle pas les convictions des joueurs musulmans ? En quoi une interruption de match durant une ou deux minutes peut-elle être une violation des statuts ?
Depuis la Covid-19, la FIFA a autorisé l’arrêt des matchs, une fois par mi- temps, pour se déshydrater. L’arrêt momentané peut être admis pour des raisons liées à la santé des joueurs. Eric Borghini est allé très loin, alors que les premiers intéressés, les joueurs de confession musulmane, n’ont rien demandé.
Sa décision est une attaque frontale dirigée contre les footballeurs musulmans. Lui, qui cite l’éthique, devrait être traduit devant cet organe juridictionnel pour outrance à l’endroit des sportifs musulmans.
La fédération française a gravement transgressé ses statuts dans l’affaire du LGBT lorsqu’elle a obligé tous les joueurs de Ligue 1 à porter le brassard Arc-en-Ciel sous peine de sanction contre ceux qui refusent de le faire. Le Sénégalais Gana Gueye a été prié de prendre la porte de sortie du Paris Saint Germain.
Obliger les joueurs à porter le brassard LGBT heurte les convictions religieuses des musulmans. Personne à la FFF n’a pris sa défense. Eric Borghini et ses semblables sont indignes d’être aux commandes d’une fédération.