Tout le monde connaît cette ville historique, ses Saints et ses Saintes, son chaâbi et ses chapati, sa douceur de vivre et son port célèbre depuis l’époque phénicienne, aujourd’hui deuxième port du pays où transitent chaque année 500 000 containers et 20 millions de tonnes de fret hors containers, dont 2 millions de tonnes d’hydrocarbures, sauf que pour arriver à ce port, c’est un peu compliqué, en réalité il vaut mieux y aller à pied.
Tous les walis, dont le fameux monsieur 30%, ont promis, une pénétrante et des trémies pour un programme audacieux qui pourrait être classé plus de 18 ans, la première pour relier Béjaïa au reste du pays, la seconde pour fluidifier la circulation à l’intérieur de la ville. Si cette dernière s’est améliorée, pour la pénétrante par contre, Chinois et Algériens pour une fois unis dans la lenteur, Empire du Milieu et Terre du statu quo, sont restés main dans la main pour ne pas avancer.
En effet, lancée en 2013, la pénétrante n’a toujours rien pénétré, au grand dam des usagers de la RN 26 surchargée, voie d’acheminement des marchandises du port de Béjaïa, en cause, le tronçon El Kseur au PK32-Takrietz au PK48, toujours au point mort, 16 kilomètres qui bloquent la dernière séquence Takrietz-Béjaïa, 50 kilomètres d’enfer sur terre. Si elle devait être livrée en 2015, nous sommes en 2022, et si la prévision pour fin de travaux en 2023 est respectée, il aura donc fallu 10 ans pour réaliser ces 50 kilomètres de route, c’est-à-dire 5 kilomètres par an, soit 400 mètres par mois ou encore 13 mètres par jour, soit 5 centimètres par heure.
A titre de comparaison, le port de Béjaïa est relié par oléoduc à Hassi Messaoud, tuyau de 670 kilomètres achevé en une année de 1958 à 1959 avec les moyens de l’époque. L’Algérie est aujourd’hui indépendante et la France n’a plus de pétrole alors que Béjaïa n’a pas de route. Absurde ? Oui, comme Macron qui achète à Oran une cassette de Cheb Hasni mort, alors qu’il n’a pas l’appareil, un poste-cassette, pour l’écouter.