Cimetière de Nador (Maroc) : Des tombes de migrants sans épitaphe

27/08/2024 mis à jour: 09:00
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L’Association marocaine des droits humains, section Nador a  révélé, avant-hier : «La mairie de Nador a confirmé à l’Association marocaine des droits humains (AMDH) que le nombre de migrants ayant été inhumés au cimetière de Sidi Salem de Nador, pendant les mois de mai, juin et juillet derniers, s’élève à 51.

Des corps qui étaient à la morgue de l’hôpital de El Hassani de Nador.» Poussant ses investigations, l’ONG marocaine s’est déplacée au carré des migrants dudit cimetière qui «résume l’une des principales règles de la politique migratoire marocaine : une seule tombe portant une identité et convenablement construite au milieu de plusieurs dizaines de tombes précaires ne portant aucune identité».

Selon l’AMDH, «cette règle est la suivante : identifier le moins de migrants morts ou tués et les enterrer dans des tombes précaires sans nom ni nationalité pour qu’ils disparaissent dans quelques années seulement. De cette manière, les responsables de ces politiques croient pouvoir gommer toutes leurs violations contre les migrants, principalement le nombre de morts».

Et d’appeler à la «documentation de toutes les violations et continuer à démasquer tous les crimes des politiques migratoires». La même association s’interroge sur la tragédie du 24 juin 2022, où plus d’une quarantaine de Subsahariens, dont une majorité de soudanais, avaient été tués par la police et les gendarmes marocains, au moment où plus d’un millier de migrants tentaient de passer par la force dans l’enclave espagnole de Ceuta.

L’AMDH, une des rares organisations marocaines à  dénoncer la politique meurtrière du makhzen à l’égard des migrants, accuse sans fioritures : «L’un des principaux objectifs des politiques migratoires maroco-espagnoles a été bien atteint : rendre le droit d’asile impossible, sinon très sélectif, surtout la voie de migration de Nador vers l’Espagne, et pour cela, elles n’ont pas d’objection que ce droit soit payant et onéreux.

Et pour qu’il soit très rentable et générateur de grandes ressources financières, les réseaux de trafiquants s’installent sur la zone avec toute leur logistique : du port de Sidi Hsaine à Tazaghine jusqu’aux plages de Béni Chiker, en passant par tout le littoral de la commune d’Iaazanene.» Et de révéler avec précision : «Les zodiacs fantômes s’activent en cette période pour servir une clientèle capable de payer jusqu’à 1200 euros pour être exploitée en Espagne contre des miettes.

En même temps, les vrais réfugiés, tels que les Soudanais, sont réprimés durement pour ne pas s’approcher des barrières de Melilla. Le rôle complice des Espagnols et des Européens est plus que jamais clair : livrer aux trafiquants le maximum de zodiacs fantômes pour embarquer le maximum de jeunes Marocains en plus du cannabis bien sûr.

C’est ainsi que ce marché de traite humaine très juteux s’est établi et se développe à une vitesse vertigineuse...» «Rêves brisés, innocents couchés à jamais, victimes de leurs, âmes errantes par-dessus l’océan, expirant dans le désert, mourant de désespoir…» clame, triste, abattu V. Traoré, un migrant aux perspectives sombres…

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