Chute drastique du rouble : Marchés financiers, l’autre terrain de la guerre

01/03/2022 mis à jour: 04:22
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A l’ombre des bombardements en Ukraine, la guerre économique semble être le véritable terrain où l’Occident et la Russie mènent un duel des plus féroces sur le Vieux Continent. En sus de la volonté de chasser le gaz russe de l’Europe qui semble être la véritable motivation de ce conflit, une guerre financière fait rage également et dans laquelle les monnaies s’affrontent.

Face à l’intensification des sanctions européennes notamment à travers le blocage des banques du système de paiement mondial SWIFT, la monnaie russe, le rouble, a marqué hier un plongeon de 30% pour atteindre 120 roubles pour un dollar et 133 pour un euro. La Banque centrale russe a réagi en relevant son taux d’intérêt directeur qui est passé de 9,5% à 20% et les entreprises exportatrices russes ont été priées de se tenir prêtes à vendre des devises étrangères.

Un ancien vice-président de la Banque centrale russe a dit craindre une «catastrophe» sur le marché des devises russes. «Je pense qu’ils vont arrêter les échanges et qu’ensuite le taux de change sera fixé sur un taux artificiel comme à l’époque soviétique», déclare Sergei Aleksashenko à Reuters. Les effet des sanctions n’ont pas touché que la Russie.

Les actions européennes ont aussi chuté de 2%. Les actions des banques européennes les plus en lien avec la Russie, à l’instar de la Raiffeisen Bank autrichienne, UniCredit et Société Générale ont chuté de 9 à 15% alors que l’indice bancaire de la zone euro a également baissé de 7%. Les investisseurs ont misé hier sur le dollar, le franc suisse et le yen japonais malgré les incertitudes qui planent sur l’évolution de la situation.

La valeur de l’euro a glissé de 1% à 1,1168 dollar et de 0,9% à 129,0 yen, tandis que les dollars australien et néo-zélandais ont baissé respectivement de 05% et 0,3%. La demande sur les obligations souveraines des bons de Trésor américain et les Bunds allemands n’a pas baissé, car ils continuent d’être des actifs sûrs et n’ont pas été touchés par ces perturbations sur le marché financier.

L’indice MSCI des actions russes a par contre chuté de 25% au moment où les fonds négociés en Bourse russe cotés à Londres et Francfort ont marqué un plongeon de 35%. Les sanctions menées par l’Occident visent à empêcher le financement de la guerre pour le côté russe. Les ministres européens des Affaires étrangères se sont entendus pour bloquer les transactions de la Banque centrale russe.

Plus de la moitié des réserves de cette institution placées dans des banques des pays du G7 seront paralysées. Une action qui restreindrait à la Russie la possibilité de convertir ses réserves de change et donc l’empêcherait de financer ses actions militaires en Ukraine. Le départ des investisseurs étrangers détenant pas moins de 20% du PIB russe entre dettes et actions, risquent de peser sur la monnaie russe et aggraver sa chute. C’est à un véritable coup de force financier auquel la Russie devra faire face, en sus de l’offensive militaire en Ukraine. 

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