Chlef, 44 ans après le violent séisme de 1980 : Une ville en mutation face aux nouveaux défis de la croissance urbaine

10/10/2024 mis à jour: 09:46
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Photo : D. R.

Si l’ancien centre-ville a pu être reconstruit et retrouver sa dynamique et son rôle de lieu de rencontre de tous les habitants du chef-lieu de wilaya et des visiteurs, les périphéries, elles, accueillent principalement les ensembles de chalets et les infrastructures éducatives et sanitaires.

Il y a 44 ans, le 10 octobre 1980, un violent séisme de 7,3 degrés sur l’échelle de Richter avait durement affecté la ville de Chlef et ses environs, faisant plusieurs victimes et des milliers de sans-abri et rasant un grand nombre d’habitations et d’édifices publics.  Aujourd’hui, jeudi 10 octobre, c’est l’anniversaire de ce tragique souvenir et l’occasion de se recueillir à la mémoire des victimes et de revenir sur la reconstruction des anciennes zones sinistrées et les nouveaux défis qui restent à relever en matière d’urbanisme organisé et de préoccupations environnementales et esthétiques urbaines.

Si l’ancien centre-ville a pu être reconstruit et retrouver sa dynamique et son rôle de lieu de rencontre de tous les habitants du chef-lieu de wilaya et des visiteurs, les périphéries, elles, accueillent principalement les ensembles de chalets et les infrastructures éducatives et sanitaires érigés suite à cette catastrophe naturelle et auxquels sont venus se greffer de nouveaux pôles urbains et des constructions tous azimuts lancées par des particuliers dans la banlieue en question.L’habitat précaire, notamment, s’est développé à la lisière de la ville alors que l’Etat avait initié plusieurs actions de recasement des occupants concernés pour éradiquer ce type de constructions.

Dans l’ensemble, la gestion urbaine dans ses dimensions essentielles ne fait guère l’unanimité au sein de la population locale qui insiste plutôt sur une reconstruction moderne et équilibrée en alliant les questions d’urbanisme et de qualité esthétique des constructions.L’urbanisation se développe donc à un rythme accéléré vers la rive sud jusqu’à l’autoroute Est-Ouest qui longe la ville de Chlef. «Le  choix des lieux a été décidé conformément aux recommandations des études de microzonation sismique de la région, sur la base d’une cartographie qui détermine le niveau de risque de liquéfaction des sols (faible, modéré ou élevé), ainsi que les espaces disponibles pouvant accueillir les nouvelles constructions en zones sismiques,  selon les réglementations en vigueur», nous a fait savoir un spécialiste de la question ayant exercé à l’époque à Chlef.

La même étude de microzonation réalisée en 1984 recommande et insiste également, selon l’expert, sur l’ouverture de grandes voies routières rapides, la multiplication des espaces verts et de places publiques pouvant servir d’abris et de zones de secours en cas de séisme en zones urbaines. Mais  peu de choses ont été faites dans ces domaines et, pis encore, les espaces publics existants ont été, pour une large part, détournés de leur vocation ou grignotés par les extensions de constructions privées au centre et en périphérie de la capitale du Cheliff.

Dégradation du paysage urbain

Par ailleurs, notre interlocuteur rappelle que «pour la construction parasismique de la région post-séisme, une série de lois et de règlements actualisés avaient  été adoptés par les pouvoirs publics pour une prise en charge systématique du risque sismique dans l’acte de bâtir et le respect strict des normes parasismiques. Cette réglementation parasismique et tous les instruments de construction et d’aménagement urbain mis en place à cet effet ont servi à gérer convenablement et efficacement les opérations de reconstruction des zones sinistrées de Chlef  avant d’être généralisés aux autres régions exposées au risque sismique dans le pays».

Le retour à la vie normale et l’expansion urbaine qui s’en est suivie avaient donné lieu à l’émergence de nouveaux immeubles de R+4 et R+5 et plus (la construction en hauteur est tolérée ici jusqu’à 9 étages). Ce sont là les nouveaux pôles urbains construits à la périphérie sud de Chlef, dont certains manquent cruellement de structures d’accompagnement nécessaires, notamment les marchés de proximité, les aires de jeux, les espaces verts et les lieux de loisirs. Le problème se pose aussi avec acuité dans les anciennes cités en périphérie d’est en ouest.

Le plus récent de ces pôles urbains (5 au total) est celui en cours de construction à Kefafsa le long de la bretelle de l’autoroute Est-Ouest allant de Hai El Moussalaha vers Ténès. Les travaux tirent à leur fin et on espère que ce site de 1300 logements sera mieux intégré au périmètre urbain avoisinant et au réseau routier principal, à l’instar, par exemple, de Hai Bensouna et Hai Chorfa.

Poursuivant notre visite à l’entrée sud de la ville de Chlef, nous constatons, malheureusement, une prolifération, incohérente et désordonnée, de nouvelles constructions de part et d’autre des principaux axes routiers desservant le chef-lieu de wilaya. Le constat est tel, que la plupart des personnes interrogées par nos soins sur la question de l’urbanisme sont unanimes à dénoncer la dégradation du paysage urbain qui enlaidit la périphérie sud de Chlef.

Même les espaces publics existants ont été, selon nos interlocuteurs, détournés de leur vocation ou dévorés peu à peu par l’avancée du béton. A ce constat peu reluisant, s’ajoutent l’insuffisance et la désorganisation des transports publics urbains alors que le projet d’un tramway, prévu de longue date, se fait toujours attendre, à l’instar des nouvelles infrastructures routières et de stationnement des véhicules. D’où les interminables embouteillages au centre et aux entrées principales de la ville.

Comme on le voit, si les habitants de Chlef ont retrouvé un rythme de vie normal et le centre-ville est devenu un véritable poumon d’échanges économiques au centre-ouest du pays, il reste néanmoins de nombreux défis à relever en matière notamment de maîtrise de la croissance urbaine, de la qualité de l’urbanisation et la préservation et l’utilisation rationnelle de ce qui reste du foncier urbain.

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