Le Malawi, un pays enclavé qui compte parmi les plus pauvres de la planète, paye jusqu’ici le plus lourd tribut avec au moins 99 corps retrouvés, selon le Bureau de gestion des catastrophes.
Ils remuent la boue dans l’espoir de retrouver des proches : les recherches se poursuivaient hier au Malawi après le retour meurtrier en Afrique australe du cyclone Freddy, en passe d’être le plus long jamais observé par les météorologues.
Près de 110 morts ont déjà été enregistrées au Malawi et au Mozambique, et les bilans devraient encore s’alourdir.
Le Malawi, un pays enclavé qui compte parmi les plus pauvres de la planète, paye jusqu’ici le plus lourd tribut avec au moins 99 corps retrouvés, selon le Bureau de gestion des catastrophes.
Après avoir touché terre pour la seconde fois, samedi soir au Mozambique, tuant au moins 10 personnes, Freddy s’est dirigé lundi aux premières heures du jour vers le sud du Malawi voisin.
Il a notamment frappé la région de la capitale économique Blantyre, dans le sud du pays où l’état de catastrophe a été déclaré. Dans le township de Chilobwe, proche de Blantyre, des habitants abasourdis restent figés devant les débris de maisons emportées par les coulées de boue.
Le vent est retombé, mais la pluie continue à s’abattre. «Nous sommes impuissants et personne n’est là pour nous aider», lâche à l’AFP John Witman, 80 ans, trempé malgré un imperméable et un chapeau en laine.
Il cherche son gendre, disparu dans l’effondrement de sa maison, emportée par la soudaine montée des eaux. La plupart des maisons faites de terres et de briques n’ont pas résisté.
Les habitants disent être convaincus que des dizaines de corps sont encore sous la boue. Mais il n’y a pas un sauveteur en vue dans le coin. Ailleurs, des excavateurs ont été déployés.
La veille, familles et secouristes ont fouillé la terre à mains nues sous une pluie battante. «C’est hélas ce que l’on craignait : Freddy a occasionné et occasionne encore de fortes précipitations», explique Emmanuel Cloppet, directeur de Météo-France pour l’océan Indien, rappelant qu’en cas de cyclone, ce sont souvent les pluies qui provoquent le plus grand nombre de victimes.
Coupée du monde
Freddy avait frappé une première fois l’Afrique australe fin février. Après une traversée inédite de plus de 10 000 km d’est en ouest dans l’océan Indien, il avait touché terre à Madagascar avant de frapper le Mozambique.
Le bilan était alors de 17 morts. Se rechargeant en intensité et en humidité au-dessus des mers chaudes, avec des vents supérieurs à 220 km/h, Freddy a ensuite suivi une trajectoire inédite en boucle, revenant s’abattre sur l’Afrique australe deux semaines plus tard.
«Il est très rare que ces cyclones s’alimentent encore et encore», souligne Coleen Vogel, experte en climat à l’université sud-africaine du Witwatersrand à Johannesburg.
«Les gens ne s’attendent pas à ce qu’ils reviennent une fois qu’ils ont déjà frappé», ajoute-t-elle, mettant en cause le changement climatique. Le retour de Freddy avait déjà fait 10 morts à Madgascar la semaine dernière.
Il est ensuite revenu frapper le Mozambique samedi soir. Selon les ONG sur place, la ville de Quelimane (centre), à une quarantaine de kilomètres de l’endroit où le cyclone a atterri, est encore largement coupée du monde.
Pour l’instant, les autorités mozambicaines ont dénombré 10 morts, mais les informations ont du mal à remonter.
L’électricité, l’eau et les communications sont encore coupées dans de nombreux endroits. Freddy s’est formé au large de l’Australie. Il a atteint le stade de tempête début février et sévit dans l’océan Indien depuis maintenant 36 jours.
Le cyclone tropical John avait duré 31 jours en 1994. Le sud-ouest de l’océan Indien est traversé par des tempêtes tropicales et des cyclones plusieurs fois par an au cours de la saison cyclonique qui s’étend de novembre à avril.