Changements climatiques : «Changer de cap» pour espérer garantir un jour de l’eau pour tous

26/03/2023 mis à jour: 05:29
AFP
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Photo : D. R.

En 2020, 2 milliards de personnes étaient toujours privées d’une eau potable sûre et 3,6 milliards n’avaient pas accès à des services d’assainissement gérés de façon sûre, dont 494 millions devaient faire leurs besoins en plein air, selon les derniers chiffres compilés par la plateforme ONU-Eau.

Face aux pénuries d’eau qui s’aggravent, l’humanité en danger doit «changer de cap» dans sa gestion de ce «bien commun précieux», a plaidé vendredi le secrétaire général de l’ONU à la fin d’une conférence inédite depuis près d’un demi-siècle, qui a suscité un peu d’espoir.

Santé, assainissement, hygiène, paix, développement, pauvreté, sécurité alimentaire ou simplement boire... L’eau, «bien commun le plus précieux», doit «être au centre de l’agenda politique mondial», a insisté Antonio Guterres. «Tous les espoirs de l’humanité pour l’avenir dépendent, d’une certaine manière, d’un changement de cap basé sur la science pour donner vie au Programme d’action pour l’eau» dessiné par les engagements pris lors de cette conférence, a-t-il ajouté, réclamant des efforts qui «changent la donne» pour que tout le monde ait de l’eau sur la planète.

Le monde n’est pas sur la voie des objectifs sur l’eau pour 2030, notamment l’accès à l’eau potable et l’assainissement pour tous. Alors «maintenant, c’est le moment d’agir», a lancé Antonio Guterres, qui avait mercredi vilipendé la «surconsommation vampirique» de l’humanité et la crise climatique qu’elle a provoqué.

De la construction de toilettes à la restauration de 300 000  km de rivières dégradées, près de 700 engagements d’ONG, gouvernements ou secteur privé ont été enregistrés dans ce «programme d’action» en amont et pendant les trois jours de cette conférence inédite depuis 1977 qui a accueilli quelque 10 000 personnes.

Mais «environ un tiers sont susceptibles d’avoir un impact substantiel» et moins d’un tiers ont un financement identifié, estime Charles Iceland, du centre de réflexion World Resources Institute.

C’est toutefois «un bon début», a-t-il déclaré à l’AFP, donnant en exemple un projet porté par l’Allemagne sur la gestion du bassin du fleuve Niger dans neuf pays qu’il traverse. «Probablement la partie du monde la plus fragile, où on commence à voir des conflits violents liés à l’eau entre certains groupes», a-t-il noté. Mais l’eau «est un problème immense, et une seule conférence ne va pas être suffisante», a-t-il reconnu, plaidant pour une répétition annuelle de l’exercice.

«Le futur vous parle»

Même si «tout n’est pas rose», que «certains engagements ne sont pas aussi forts» qu’espérés, «je suis agréablement surpris», a de son côté déclaré à l’AFP Stuart Orr, de WWF. «Souvent dans ce type de conférences, on entend beaucoup de promesses (...), là j’ai l’impression que c’est différent», a-t-il ajouté, décrivant l’énergie générée dans la communauté des acteurs de l’eau jusque-là «frustrée» du manque d’attention portée à cette ressource vitale.

«Le problème ne va pas disparaître, il va empirer, et je crois que c’est pour ça que tout le monde commence à se dire qu’il est temps d’avancer.» Pour tenter de donner une impulsion, la conférence a plaidé pour la désignation d’un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau.

Recommandation qu’Antonio Guterres va examiner. Sans agence onusienne ni traité global dédiés, «l’eau n’a pas de maison ici à l’ONU», a noté Henk Ovink, envoyé pour l’eau des Pays-Bas, co-organisateurs de la Conférence avec le Tadjikistan.

En 2020, 2 milliards de personnes étaient toujours privées d’une eau potable sûre et 3,6 milliards n’avaient pas accès à des services d’assainissement gérés de façon sûre, dont 494 millions devaient faire leurs besoins en plein air, selon les derniers chiffres compilés par la plateforme ONU-Eau.

Au moins deux milliards de personnes boivent de l’eau contaminée par des excréments, et 2,3 milliards ne bénéficient pas de services d’hygiène de base. Des conditions propices à la propagation de maladies mortelles, choléra ou dysenterie.

Alors que le réchauffement multiplie les sécheresses, les experts climat de l’ONU (Giec) estiment aussi qu’«environ la moitié de la population mondiale» subit de «graves» pénuries d’eau pendant au moins une partie de l’année.

Alors en forme de défi, faisant un bond dans le temps en 2050, une Néerlandaise du Mouvement des jeunes pour le climat a décrit à la tribune le «signal d’alarme» qu’aura représenté cette conférence, moment où la gestion mondiale de l’eau «a changé pour devenir «plus durable, équitable et juste».

Il y a 27 ans, «la conférence a été un succès parce que délégués, représentants, entreprises, ont décidé de joindre leurs forces avec les jeunes générations», a lancé Aniek Moonen. «Le futur vous parle, n’oubliez pas d’écouter». 

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