Comme dans tous les pays du monde, on ne compte pas que les têtes bien faites. Des têtes bien pleines, il y en a toujours eu et dans tous les domaines.
En Algérie, cette catégorie a toujours existé. Elle existera toujours, en dépit des faux espoirs et des désillusions des années de marginalisation. Des jeunes qui commencent à gagner l’attention des pouvoirs publics à travers cette nouvelle politique tendant à encourager les innovateurs à créer leurs propres entreprises, qu’on appelle les start-up.
Mais pour «produire» les futurs innovateurs, il faut d’abord commencer par préparer la pâte «magique». Cette pâte, qui ne demande qu’à être travaillée, est à chercher dans les écoles, les CEM et les lycées, où des chercheurs et inventeurs en herbe ne demandent qu’à être accompagnés. Les expériences lancées, il y a quelques années, pour la création de clubs scientifiques dans les établissements scolaires commencent à porter leurs fruits. Quoique limitées aux grandes villes, elles tendent à se généraliser grâce aux manifestations scientifiques organisées à diverses occasions.
Quand les idées ne manquent pas, les initiatives parviennent à remonter les difficultés et les projets réussissent à être concrétisés, par une exploitation judicieuse des moyens disponibles. L’exemple le plus réaliste vient d’être donné par l’Association d’astronomie Sirius, qui œuvre depuis des années à la vulgarisation des sciences parmi les jeunes. Et le pari a été payant à travers une expérience pédagogique inédite menée avec le CERN de Genève et des laboratoires aux Etats-Unis et en Argentine, où des lycéens algériens, qui ont reçu une bonne dose de physique moderne, se sont donné le plaisir d’analyser des données brutes et extraire les résultats, comme le font les physiciens dans ces hauts lieux de la science.
De l’aveu même des organisateurs, cette expérience pionnière a montré que nos jeunes esprits ont des capacités incroyables, pourvu qu’ils soient motivés et correctement préparés pour se surpasser. Il est sûr que dans chaque région de cette vaste Algérie, il y a des jeunes qui n’attendent que l’occasion propice pour «éclore» dans ces domaines de la science et de la technologie, où ils n’ont rien à envier aux jeunes des pays développés.
Mais que faire quand de jeunes doués se retrouvent embourbés dans les engrenages de la bureaucratie administrative et bancaire pour concrétiser un projet, un rêve, dont on ne se doute pas de sa portée créatrice. On s’interroge aussi sur ce que penseront ces jeunes, quand ils seront les victimes de préjugés à la peau dure, et quand ils se verront octroyer le dixième de ce que touche un joueur de football de second niveau.
On n’est pas contre ces «dribbleurs» qui font vibrer les stades de l’Algérie en «secouant les filets», mais on ne demande qu’un minimum d’équité pour ces jeunes qui feront l’avenir du pays. N’en déplaise à certains.