C’est une fête qui transcende les frontières et unit les communautés amazighes à travers l’Afrique du Nord et bien au-delà.
Depuis l’antiquité, Yennayer, le Nouvel an amazigh, est célébré dans toute l’Afrique du Nord. Il symbolise à la fois, l’attachement à la terre, l’espoir, la joie et la convivialité. Au-delà de ces aspects festifs, Yennayer revêt également une dimension culturelle, historique, sociale et identitaire essentielle pour les peuples amazighs. Tout au long de la semaine de célébrations, les familles amazighes à travers le monde perpétuent jalousement un ensemble de rites et de traditions qui font la richesse de cette fête.
Dans son ouvrage intitulé Yennayer, paru en 2020, l’écrivain et chercheur Rachid Oulebsir considère le Nouvel an amazigh comme un ultime repère identitaire existentiel pour les Amazighs du monde entier. Quant à l’enseignant et écrivain Djamel Laceb, il le considère, dans son ouvrage consacré à la multiple symbolique de la fête de Yennayer, comme un Patrimoine de l’humanité.
C’est une fête qui transcende les frontières et unit les communautés amazighes à travers l’Afrique du Nord et bien au-delà. «Géographiquement, c’est la fête la plus partagée en Afrique, puisque nous la retrouvons sur toute l’étendue nord, allant de l’Egypte aux côtes Atlantiques au Nord et du désert de Siwa en Egypte jusqu’aux îles Canaries au large de l’océan Atlantique au Sud, en passant par les tribus Dogons au Mali en Afrique de l’Ouest», lit-on dans l’ouvrage. Par ailleurs, Yennayer est intimement lié au calendrier agraire berbère, véritable cadre de référence pour les communautés qui ont façonné leurs modes de vie en harmonie avec les rythmes de la nature.
Cela témoigne également de l’importance accordée aux cycles de la nature et de l’importance de préserver ce lien ancestral avec la terre. Les Algériens, pionniers du combat pour l’identité amazighe, ont joué un rôle important dans la reconnaissance et la préservation de ce calendrier ancestral. En 1980, Ammar Negadi, militant et écrivain, a ainsi créé le premier calendrier amazigh, en le rattachant à l’intronisation de Chechnaq comme Pharaon d’Egypte en 950 avant notre ère.
Ce geste symbolique a permis de fixer l’an zéro de ce système temporel, reflétant la profondeur historique et la continuité culturelle des peuples berbères. En Algérie, l’officialisation et l’institutionnalisation de Yennayer comme journée chômée et payée remontent à l’année 2017.
Cette décision historique a été saluée par de nombreux Algériens comme une reconnaissance à part entière de leur patrimoine culturel ancestral. Yennayer, qui marque le début de l’année amazighe, était auparavant célébré de manière sporadique, mais cette reconnaissance officielle lui confère désormais une dimension unificatrice au niveau national.
L’occasion est devenue un symbole puissant de l’identité algérienne après des décennies de lutte pour la valorisation de la culture et des traditions amazighes. «Cela est une réponse aux aspirations des Algériennes et des Algériens à travers le territoire national, elle constituera une empreinte glorieuse dans les annales de l’Algérie depuis l’Antiquité», a déclaré Si El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), en 2018.
Cette reconnaissance officielle de Yennayer a eu un impact significatif, au-delà des frontières algériennes. Depuis, les Algériens et, à travers eux, les peuples de l’Afrique du Nord, se sont réappropriés leur identité amazighe. Des initiatives culturelles, artistiques et éducatives se sont multipliées pour célébrer et transmettre ce patrimoine ancestral, longtemps marginalisé.
Cette journée chômée devient ainsi un moment de rassemblement et de célébration pour toute la société algérienne, dans sa diversité. Au-delà de la simple journée fériée, l’officialisation de Yennayer représente une avancée importante dans la reconnaissance et la valorisation de l’amazighité, pilier essentiel de l’identité nationale algérienne.
Cette année, les festivités nationales de célébration de Yennayer 2975 dans sa 5e édition, se déroulent à Timimoun, sous le haut patronage du président de la République, sous le slogan «Yennayer… l’authenticité de l’Algérie triomphante tissée par les ksour du Gourara». Se tiendra également à Timimoun, la 5e édition du prix du président de la République de littérature et langue amazighes.