La wilaya de Guelma est à présenter lorsqu’il s’agit de patrimoine matériel et immatériel tant cette région n’aura pas fini d’émerveiller ses visiteurs. Mais, contre toute attente, les pouvoirs publics n’ont pas mis en valeur ni même fait connaître ce trésor à l’occasion de la célébration du mois du patrimoine, dont l’ouverture n’a pas manqué de faire rougir de honte, jeudi dernier.
Une tapisserie par-ci, une assiette de gâteaux faussement traditionnels, une broderie par là et quelques bric-à-brac ont fait office de vitrine culturelle de la wilaya.
En effet, la direction de la culture de la wilaya a finalement raté l’événement, comme d’habitude, à telle enseigne qu’en dehors des rares exposants et de quelques employées de la maison de la culture Abdelmadjid Echaffii, lieu d’ouverture de la célébration, il n’y avait pour ainsi dire aucun visiteur ni convive.
Et pour amuser les rares présents, c’est un groupe folklorique qui s’est donné à cœur joie juste avant le coup de ciseau inaugural. Et pourtant, si l’on se réfère à la liste générale des biens culturels protégés de la wilaya, référencés et inscrits au ministère de la Culture, il y a de quoi organiser des journées d’étude tout le long de l’année. Ainsi, des sites dont la datation des biens remonte de la protohistoire à l’antiquité en passant par des périodes médiévales et contemporaines ont été ignorés lors de cette «triste journée».
Ce sont 16 biens identifiés, dont on cite, entre autres, les Dolmens et Grottes funéraires de Roknia dans la daïra de Hammam Debagh classés parmi les sites et monuments historiques en 1900, conformément à l’article 62 de l’ordonnance n° 67-281 du 20/12/1967.
On note le théâtre et les thermes romains de la ville de Guelma figurant également parmi les sites et monuments historiques au niveau national, la Piscine romaine de Hammam Bredaâ dans la commune d’Héliopolis. Sur cette liste figure la cité antique de Thibilis à Selaoua Announa, le mur byzantin (Sour El Thakana El Kadima) de l’époque médiévale au centre-ville du chef-lieu de la wilaya, classé parmi les sites et monuments historiques par arrêté du 03/11/1999. Mais encore, ajoutons à cette liste des monuments à l’image de la Mosquée El Atik de Guelma, le Théâtre régional Mahmoud Triki et l’incontournable site de la cascade de Hammam Debagh, tous inscrits sur l’inventaire supplémentaire du patrimoine national.
Quant au patrimoine local matériel et immatériel, dont les traces subsistent encore, tel le tapis de Guelma, la poterie de Guelaat Bousbaâ ou certaines broderies ancestrales de la région, il risque de disparaître à jamais faute d’avoir créé un musée pour sa préservation.
Quoi qu’il en soit, beaucoup de choses restent à faire dans ce secteur «à potentiel avéré, mais sous-exploité» où la prise de conscience n’a pas évolué d’un iota dans cette région. À méditer !