La Journée internationale de l’Afrique a été célébrée, comme chaque année, le 25 mai par tous les pays du continent. Ainsi, une cérémonie de célébration de cette journée, qui correspond à la date de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine, en 1963, a été organisée au siège du ministère des Affaires étrangères à Alger.
Dans une allocution lue en son nom par le secrétaire général du ministère Lounès Magramane, le MAE Ahmed Attaf a «mis en avant les efforts de l’Algérie pour la réalisation des objectifs de l’Agenda africain 2063, en s’orientant davantage vers le renforcement de la coopération et des partenariats entre les pays africains dans différents domaines».
M. Attaf a souligné également le travail mené par l’Algérie en faveur du «règlement des conflits, le rétablissement de la sécurité, la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la criminalité organisée transfrontalière au niveau de son voisinage et de l’ensemble du continent africain».
Aussi, le chef de la diplomatie a assuré que «l’Algérie, aujourd’hui, et à travers son mandat au sein du Conseil de sécurité, demeure pleinement engagée à coordonner, collaborer et se solidariser avec ses frères africains». L’Algérie reste attachée, a-t-il affirmé, à l’impératif d’«unifier la voix de notre continent et à consolider son impact positif au sein de la plus haute instance onusienne chargée de la paix et de la sécurité internationales et au sein des autres instances et fora internationaux».
Ahmed Attaf a évoqué dans ce contexte la faiblesse du rôle qui incombe au Conseil de sécurité en ce qui concerne la préservation de la paix et de la sécurité internationales. Une faiblesse reflétée par l’incapacité avérée de cette haute instance onusienne à mettre fin au génocide contre le peuple palestinien à Ghaza mais aussi à déclencher réellement le processus de la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique qu’est le Sahara occidental.
«Nous ne pouvons pas, aujourd’hui, rester les bras croisés face à la souffrance d’un peuple frère occupé dans la dernière colonie africaine, le Sahara occidental. Nous sommes plus que jamais appelés à concrétiser le droit imprescriptible du peuple sahraoui à l’autodétermination pour que nous puissions tourner la dernière page de l’histoire de la colonisation dans notre cher continent», a-t-il relevé.
Des défis à relever
De son côté, le président en exercice de l’Union africaine (UA), Mohamed Ould Cheikh El Ghazaouani, qui est également le chef de l’Etat de la Mauritanie, a appelé les Africains à unir leurs forces pour construire l’Afrique de demain. Dans un message adressé aux participants, M. El Ghazaouani a mis l’accent sur les défis qui interpellent les dirigeants africains comme la paix, la stabilité, la sécurité, la démocratie, la souveraineté, la coopération, l’intégration et le développement.
«Mettre en perspective ces problématiques et les traiter, nous permettra, ensemble, de construire l’Afrique que nous voulons, celle que souhaitaient, avec forte conviction, les pionniers du panafricanisme, notre double source de référence et d’inspiration», a relevé le président de l’UA. Ces pionniers qui ont posé, il y a 61 ans, «les fondamentaux de cet idéal partagé qui doit plus que jamais nous servir de boussole dans un monde en crise et en pleine mutation», a-t-il poursuivi.
M. El Ghazaouani a affirmé que des choses ont bel et bien été réalisées depuis le passage de l’OUA à l'Union africaine en 2002 à Durban. «Nous avons libéré notre continent du colonialisme, éradiqué l’apartheid et résolu de nombreux différends frontaliers par des moyens pacifiques», a-t-il souligné.
Mais, a-t-il estimé, cela demeure insuffisant et il y a encore du chemin à parcourir sur la voie de la souveraineté totale, du développement et de la paix. «Ne nous méprenons pas : notre continent est riche de sa diversité, de la jeunesse de sa population et de son dynamisme, des ressources de son sol et sous-sol, de ressources humaines hautement qualifiées et d’une diaspora engagée», a-t-il souligné tout en insistant sur le fait que les pays africains doivent se rassembler pour être plus forts «face à l’adversité et à la redoutable convergence des défis qui nous assaillent».
Pour sa part, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a plaidé pour que l’Afrique siège au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. «L’Afrique doit siéger dans toutes les instances multilatérales, y compris le Conseil de sécurité de l’ONU, et avoir voix au chapitre dans le système financier international et d’autres structures mondiales d’établissement de normes», a-t-il soutenu dans un message.
Pour M. Guterres, «le Sommet de l’avenir, qui se tiendra en septembre à New York, sera l’occasion de mettre la machine en marche et d’aller de l’avant». Il a appelé le reste du monde et particulièrement les grandes puissances à «travailler côte à côte avec l’Afrique pour construire des économies vertes ancrées dans les énergies renouvelables et veiller à ce que les précieuses ressources minérales du continent profitent avant tout aux Africains». «Nous devons collaborer plus avant pour protéger les droits humains, lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent et, enfin, faire taire les armes en Afrique», a-t-il ajouté.
L’Afrique est le continent de tous les contrastes. Avec plus de 1,2 milliard d’habitants, l’Afrique dispose du plus grand réservoir de jeunes au monde avec plus de 200 millions âgés entre 15 et 24 ans. Mais 60% des jeunes sont en chômage. 65% des terres arables se trouvent en Afrique, mais ce continent peine à nourrir ses populations. 300 millions d’Africains vivent sous le seuil international de pauvreté avec moins de 2 dollars américains par jour.
Continent regorgeant de ressources naturelles diverses, l’Afrique affiche des performances modestes dans tous les domaines. On peut citer l’accès à l’eau et à l’énergie. 80% de la population mondiale dépourvue d’électricité se trouvent en Afrique, soit 567 millions de personnes. Aussi, plus de 300 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable sur le continent. Autant de défis à relever qui s’ajoutent aux problèmes d’insécurité, d’instabilité et de terrorisme.