CAN 2021 : Un tournoi endeuillé, un football en progrès

08/02/2022 mis à jour: 02:00
AFP
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La sélection des Comores a gagné l’estime et le respect de tous les Africains

L’ombre des huit morts de la bousculade du stade d’Olembe plane sur la première Coupe d’Afrique des nations (CAN) remportée par le Sénégal, parfois chaotique mais où le football africain a semblé en progrès dans le jeu.
 

LE DRAME D’OLEMBE
 

Un engorgement de spectateurs et une porte ouverte au mauvais moment ont entraîné la mort de huit personnes, dont un enfant de 6 ans, le jour de Cameroun-Comores, endeuillant la CAN et soulignant tragiquement des problèmes d’organisation, illustrés de manière moins dramatique par la nécessité de déplacer deux matches en raison de l’état de la pelouse du stade de Douala. Après une alerte suscitée par des échanges de tirs à Buea (sud-ouest) en début de compétition, il n’y a pas eu de problèmes sécuritaires dans ce pays confronté à deux conflits, avec les séparatistes anglophones (ouest) et les djihadistes de Boko Haram (nord).
 

PLUS DE BEAU JEU
 

«On a assisté à de très beaux matches», estime Rigobert Song, ancien capitaine du Cameroun. Des matches vraiment emballants ont éclairé la compétition, comme Gabon - Maroc (2-2), Comores - Ghana (3-2), Egypte - Maroc (2-1) ou Sénégal - Burkina Faso (3-1), mais la finale Sénégal - Egypte (0-0, 4 tab 2) a été triste et cadenassée, comme trop souvent : c’est la cinquième fois en onze éditions que la finale se termine sur un 0-0.
 

SÉNÉGAL, PREMIÈRE !
 

Après deux finales perdues (2002, 2019), les «Lions de la Teranga» sont enfin champions d’Afrique. Equipe la plus constante depuis quatre ans, finaliste de l’édition précédente, mondialiste en 2018, elle couronne le travail du sélectionneur Aliou Cissé, sur le banc depuis près de sept ans, et son brelan de stars : le gardien Edouard Mendy, le défenseur Kalidou Koulibaly et le meilleur joueur du tournoi, l’attaquant Sadio Mané.
 

GAMBIE, COMORES, DES DÉBUTANTS ÉPATANTS
Pour leur première apparition à ce niveau, les Comores ont réussi à franchir le premier tour, bien que leur huitième de finale ait été gâché par l’absence de gardien, l’un étant blessé et les deux autres touchés par la Covid-19. La Gambie a fait encore mieux en atteignant les quarts de finale, sublimée par son coach belge Tom Saintfiet et son buteur bolognais Musa Barrow. La Guinée équatoriale avait déjà disputé deux CAN, mais qu’elle organisait (avec le Gabon, puis seule). Qualifiée pour la première fois sur le terrain, elle a brillé jusqu’en quart, portée par son milieu de terrain multifonctions Iban Salvador Edu, l’homme aux cheveux roses, le «Gattuso de Malabo». 

 

L’ÉCLAIR DE MHANGO, LE RYTHME D’ABOUBAKAR
Le but du tournoi a été réussi par le Malawite Gabadinho Mhango, une frappe de plus de 40 m à la trajectoire incroyable, lors du huitième de finale contre le Maroc. Il n’a pas empêché la défaite (2-1), mais a emballé le match, lançant les «Lions de l’Atlas» à l’assaut. Capitaine du Cameroun, Vincent Aboubakar ne se consolera pas avec son titre de meilleur buteur. Avec huit réalisations, il égale l’Ivoirien Laurent Pokou (1970) et échoue à une longueur du record du joueur du Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo) Pierre Ndaye Mulamba (neuf buts en 1974).
 

ALGÉRIE, GHANA, LE FIASCO
Tenante du titre et grande favorite, l’Algérie est tombée de haut, terminant dernière de son groupe en ne marquant qu’un seul but, une fois qu’elle était menée 3-0 par la Côte d’Ivoire. Le Ghana, habitué du dernier carré, a aussi quitté la compétition dès le premier tour, sur un carton rouge de son capitaine André Ayew.
 

LA PERCÉE DES COACHES «LOCAUX»
Aliou Cissé, le roi d’Afrique, mais aussi le Burkinabè Kamou Malo, quatrième avec ses Etalons, ou Mohamed Magassouba avec le Mali, ont mis en valeur le travail des entraîneurs «locaux». Ils étaient seize sur 24 à la CAN, un record.
 

VERS LES BARRAGES
Le foot africain ne va pas dormir longtemps. Tous les barragistes pour le Mondial-2022 étaient là, sauf la RD Congo, qui affronte le Maroc. L’affiche reste Sénégal - Egypte, revanche de la finale, nouveau duel Sadio Mané-Mohamed Salah. L’Algérie doit se remettre de son échec contre les Lions blessés du Cameroun, qui n’ont pas réussi à gagner «leur» CAN. Le Ghana aussi doit se mobiliser pour son duel contre le Nigeria, brillant au premier tour (trois victoires) puis éliminé dès les huitièmes de finale par la Tunisie (1-0), contre qui les «Aigles du Mali» vont tenter d’atteindre pour la première fois le niveau mondial. La prochaine Coupe d’Afrique se jouera dans un an et demi en Côte d’Ivoire.

 



ILS ONT DIT

ALIOU CISSÉ :
«Je suis très heureux. Cela prouve encore qu’avec la force de travail, la persévérance, le fait de ne jamais se décourager, on arrive à obtenir ce qu’on veut. Nous sommes fiers, très fiers, parce que nous gagnons face à l’Egypte, qui a sept Coupes d’Afrique, ce n’est pas rien. Je suis très ému, car cette Coupe, on la gagne pour tout le peuple sénégalais qui la réclamait depuis plus de 60 ans. Nous aussi, on aura notre étoile. Ça s’est joué à peu de choses.»
SADIO MANÉ :
«Mo (Salah) reste un très grand joueur, avec qui je partage le même projet. J’ai beaucoup de respect pour lui. Il a tout donné pour son pays, malheureusement il n’a pas gagné mais je pense que cela ne veut pas dire que c’est fini pour lui. Il y a d’autres échéances qui arrivent... La CAN 2023. Ils ont une équipe jeune et peut-être qu’un jour il va la gagner.»
KOULIBALY :
«On savait que ça allait être difficile. A Dakar, on s’est tous parlé. On avait un rêve, c’était de gagner la CAN. Personne ne nous attendait là, en finale. Aujourd’hui, on l’a fait, je l’ai toujours cru, malgré toutes les critiques, malgré le statut de favori. Personne n’y croyait et on a gagné, on ne peut être que content. Notre peuple le mérite, je le remercie d’avoir toujours cru en nous.»
GABASKI :
«Je suis heureux de recevoir ce trophée d’homme du match, et fier du match de mon coéquipier. Nous avons perdu, c’est le football, il faut un vainqueur et un perdant. Nous sommes tristes de cette défaite, mais c’est connu, nous les Egyptiens, quand nous tombons, nous nous relevons. D’autres matches nous attendent le mois prochain contre la même équipe, nous allons repartir en conquête.»
DIAA AL SAYED :
«C’est la quatrième fois que nous jouons 120 minutes en dix jours, nous étions fatigués, et pourtant nous avons eu une balle de match, et tenu jusqu’aux tirs au but. Nous remercions les gars pour leur performance et nous félicitons le Sénégal pour sa victoire. Et nous nous excusons auprès du peuple égyptien. Mais ce n’est pas terminé, nous avons des matches pour les qualifications à la Coupe du monde.»

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