Le phénomène des jets de pierres sur les trains en Algérie a pris une ampleur inquiétante, impactant gravement la sécurité des voyageurs et des agents ferroviaires, tout en générant des coûts considérables pour la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF).
Les actes, souvent attribués à des jeunes «inconscients des conséquences», affectent non seulement les lignes de banlieue, mais aussi d’autres trajets stratégiques. En dépit des nombreuses mesures de sensibilisation et d’alerte, les incidents se multiplient et continuent d’avoir des répercussions majeures. Chaque année, ces actes de vandalisme coûtent des millions de dinars à la SNTF.
Les réparations des pare-brise, vitres et autres éléments endommagés nécessitent des investissements importants. Selon des données en notre possession, les pertes annuelles sont estimées entre 30 et 120 millions de dinars. Depuis 2013, les dégâts cumulés atteignent 831 millions de dinars. Ces coûts ne tiennent pas compte des retards fréquents provoqués par ces incidents, ni des pertes indirectes liées à l’immobilisation prolongée du matériel roulant, en particulier des automotrices, qui jouent un rôle important dans la mobilité urbaine et périurbaine.
Selon le directeur central chargé du matériel à la SNTF, «Ces pertes sont très importantes», et des enveloppes budgétaires spécifiques sont régulièrement dégagées pour remplacer les vitrages endommagés, un coût qui grève davantage les finances de la société», a déclaré le directeur central chargé du matériel à la SNTF à nos confrères de la Chaîne III de la Radio nationale. Outre les dommages matériels, ces actes de vandalisme ont des conséquences humaines graves.
Des voyageurs ont été blessés par des éclats de verre lors de jets de pierres, parfois grièvement, et des agents ferroviaires ont également été touchés. Ces attaques ne se limitent pas à des incidents isolés, mais constituent un phénomène récurrent, aggravant le sentiment d’insécurité parmi les usagers. Dans ce contexte, la SNTF a déployé des campagnes de sensibilisation dans les localités les plus touchées.
Ces initiatives visaient à alerter les populations locales, notamment les jeunes, sur les risques encourus par les victimes et les coûts engendrés par ces actes. Cependant, selon les responsables, ces efforts se sont révélés inefficaces face à l’ampleur du problème. «Plusieurs campagnes de sensibilisation ont eu lieu au niveau des localités où les actes de vandalisme ont été signalés, en vain», a déploré un cadre de la SNTF.
Les dommages perturbent les horaires des trains
Pour faire face à cette escalade, la société s’est résolue à renforcer la surveillance sur le terrain. Des actions sont en cours pour installer des caméras de surveillance capables d’identifier les auteurs de ces actes criminels. Ces dispositifs devraient jouer un rôle dissuasif et permettre d’arrêter les coupables responsables de leurs actes criminels.
L’objectif est non seulement de prévenir de futurs incidents, mais aussi de réduire les coûts liés aux réparations et aux interruptions de service. En dépit de ces efforts, la situation reste quand même préoccupante. Les retards causés par les dommages matériels perturbent régulièrement les horaires des trains, ce qui engendre des frustrations chez les usagers et compromet la fiabilité du service.
L’immobilisation prolongée des trains pour réparations réduit également leur disponibilité, particulièrement sur les lignes à forte demande comme celles de la banlieue algéroise. En parallèle, les pertes financières pèsent lourdement sur la SNTF, déjà confrontée à d’autres défis liés à la modernisation de son réseau et à l’optimisation de ses services.
Pour mettre un terme à ce phénomène, des mesures plus radicales semblent nécessaires. «Cela inclut un renforcement des sanctions légales contre les auteurs de ces actes, la responsabilisation des parents lorsque les coupables sont mineurs et une collaboration accrue avec les forces de l’ordre», a estimé un avocat. L’objectif est de sensibiliser les jeunes aux conséquences sociales et économiques de leurs actes, tout en cultivant un sens de responsabilité collective envers les infrastructures publiques.
Ce fléau vient s’ajouter aux nombreux défis auxquels la SNTF est déjà confrontée. Fragilisée par des problèmes structurels et des ressources limitées, l’entreprise en question peine à prendre en charge la modernisation et la rénovation de son réseau ferroviaire vieillissant.
La lutte contre ces actes de vandalisme, bien qu’essentielle, constitue une charge supplémentaire pour une entreprise qui doit déjà composer avec de multiples contraintes financières et opérationnelles. Le jet de pierres contre les trains n’est donc pas seulement un problème de sécurité, mais un facteur aggravant pour un secteur stratégique de la mobilité dans le pays. Contacté à maintes fois, aucun responsable de la SNTF n’a voulu répondre à nos questions.