Café littéraire de Biskra : Une jam-session en hommage à Houba Benkaddour

26/04/2022 mis à jour: 09:56
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Entre l’artiste et sa guitare, il y a une longue histoire d’amour (Photo : el watan)

Organisé par le Comité des fêtes de la ville de Biskra afin de rendre hommage à Abdelouahab Benkaddour dit Houba, le Café littéraire animé dans la soirée du 21 avril a pris les allures d’une véritable jam-session  durant laquelle des musiciens et des artistes de la Reine des Ziban ont uni leurs talents et savoir-faire pour interpréter ensemble des morceaux de leurs compositions ou des standards de la world music. 

Visiblement ravis de leurs retrouvailles avec Houba, vivant pratiquement en ermite depuis des années et remplissant ses journées à s’occuper de ses petits enfants, les présents n’ont pas boudé leur plaisir. Cet auditoire, composé d’amis et de proches de l’invité d’honneur et de jeunes venus voir leurs aînés et fins connaisseurs du domaine de la musique et de l’art lyrique, a d’abord prêté l’ouïe à Abdelhamid Zekiri qui a présenté un bref historique de l’histoire de la musique à Biskra «où Bella Bartók est venu chercher l’inspiration et qui est un carrefour de plusieurs styles et genres de musique laquelle a toujours été un ferment social», a-t-il souligné.

 Puis les musiciens ont ouvert le bal si l’on peut dire. Ainsi, Tayeb Farid Souidi, ingénieur de son, Hocine Jouamaa, Lazhar Feliachi, Abid Hocine Saouli, Samir Saïfi ; des chanteurs et des instrumentistes de qualité, ainsi que les jeunes Saïd, percussionniste, fils de Houba et Ramzy Mokrani, pianiste et organiste en herbe, ont animé cette soirée dédiée à leur ami. Tout ce beau monde s’est adonné à un bœuf musical festif qui a néanmoins suscité chez les présents d’un certain âge un profond sentiment de nostalgie d’un temps révolu «où régnait à Biskra d’intenses activités culturelles, touristiques et musicales et où foisonnaient les groupes musicaux de tous les genres», se sont-ils rappelés.

 À Biskra, Houba est connu pour être le chef de file des guitaristes et l’icône incontestable de générations de musiciens qui ont fait leurs classes chez lui au quartier Dhalaâ. Né en 1956 à Biskra, Houba s’est intéressé à la guitare dès l’âge de 10 ans dans une maison de jeunes de Oued Souf. Fait marquant de sa carrière, il a participé à «Elhan wa chabab» et a été repéré par Blaoui Houari qui l’a incorporé à son orchestre. 
 

«Mon seul rêve est de remonter sur scène»
 

Il a fondé les Magic Light et a joué dans d’autres groupes comme les Vesceriens et les Sky Angels avec lesquels il a fait des tournées mémorables. On ne lui connaît aucune autre activité que celle de jouer de la guitare et de composer des chansons. «Un sacerdoce difficile à porter sous nos cieux, mais dont je n’ai jamais pu me départir», a-t-il confié. Cet artiste maintenant septuagénaire interprète aussi des tubes mondiaux des Bee Gees, d’Éric Clapton, de Santana, de Zuchero, de Phil Collins, de Francis Cabrel et autre Daniel Guichard avec une facilité déconcertante. 

Peu loquace, circonspect et semblant détaché des contingences matérielles, il avoue ne pas avoir d’avis sur beaucoup de sujets. «Houba est un grand enfant de la balle et un artiste intégral, généreux et talentueux dévoré par sa passion de la musique. Il n’en vit pas, mais ne l’a jamais abandonnée. Il mérite tous les honneurs», ont commenté ses proches. «Je vous remercie tous. Ma seule langue est celle de la guitare qui transcende toutes les notions d’appartenance à un groupe social ou à un pays. 

Mon seul rêve est de remonter sur scène pour échapper à la stagnation. Je n’ai rien à ajouter», a-t-il lancé, avant d’empoigner sa guitare et d’interpréter avec le brio qu’on lui connaît des chansons sentimentales de son cru en arabe dialectal d’où émane douceur, tolérance et altruisme, ainsi que son amour immodéré pour la Reine des Ziban et l’Algérie. 

 

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