«Ils voulaient faire de l’Union Bank ce qu’ils avaient fait avec Khalifa Bank». «Nous sommes dans une nouvelle Algérie qui n’a rien à voir avec celle de la "îssaba"».
Le patron d’Union Bank, la doyenne des banques privées, créée en 1995, Brahim Hadjas, a été libéré le 10 août dernier. Il a quitté la prison, après avoir été blanchi de tous les faits qui lui étaient reprochés.
Il était le 4e patron de banque à avoir été poursuivi, au début des années 2000, marqué par une cascade de mises en liquidation des établissements bancaires privés ayant impacté lourdement le secteur financier.
L’homme d’affaires Brahim Hadjas a quitté, le 10 août dernier, la prison sans faire de bruit, après avoir purgé dix années de détention pour plusieurs chefs d’inculpation dont il a sera blanchi.
Il était le quatrième sur la liste des patrons de banques privées à avoir fait l’objet de poursuites judiciaires au début des années 2000. Aussi bien son établissement financier que les filiales de son groupe ont été prises dans le tourbillon de la procédure de mise en liquidation dès 2004.
Brahim Hadjas réagit par une déclaration, publiée le 30 août 2004 sur le quotidien El Watan, dans laquelle il s’est dit «indigné» de la mise en liquidation de l’Union Bank le 13 juillet de la même année.
Il a par ailleurs dénoncé «la mise en échec délibérée du premier règlement judiciaire en Algérie». Il avait rappelé que «l’Union Bank a volontairement cherché protection auprès de la justice, afin de sauvegarder les intérêts de ses clients».
«Nous faisons face à une crise systématique qui nous dépasse. Aucune banque au monde n’est en mesure de rembourser tous ses clients sans le support des institutions étatiques et la solidarité de la place financière», avait-il expliqué tout en affirmant qu’«en juin 2003, et en raison de la crise systémique qui a frappé le secteur financier privé, l’Union Bank a saisi les autorités monétaires pour un emprunt de deux milliards de dinars».
Celui-ci devait être garanti par des actifs tangibles équivalant à 835 millions de dinars. Le but de cette action était d’éviter la cessation de paiements au terme d’un plan de sortie de crise de 18 mois.
Sans réponse des autorités monétaires, le 6 septembre 2003, l’Union Bank a saisi le tribunal d’Alger pour cessation de paiements.
En vertu de deux jugements prononcés en 2003, le tribunal avait déclaré l’établissement financier «solvable», l’autorisant ainsi à «continuer son exploitation avec l’assistance du syndic-administrateur judiciaire et sous le contrôle du juge-commissaire».
Ainsi débutait, selon lui, la première procédure de règlement judiciaire en Algérie consistant à suspendre les poursuites des créanciers pour permettre à une entreprise de se réorganiser pour y faire face. Hadjas avait alors déclaré «ne pas comprendre» pourquoi l’Union Bank n’a pas été «autorisée à payer ses créanciers avec les produits de ses recouvrements de créances et de ses désengagements».
Pour Hadjas, l’Union Bank «a commencé à connaître des difficultés après la révocation de son président-directeur général (PDG), ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, le 30 mars 1997».
Selon lui, en date du 30 mars 1997, «les actionnaires d’Union Bank ont mis fin aux fonctions de l’ex-PDG, après avoir découvert des documents contrefaits». Quelque temps après cette déclaration, Brahim Hadjas quitte l’Algérie vers le Canada.
En 2013, il est incarcéré, jugé puis relaxé à la suite d’une plainte de l’ancien PDG de l’Union Bank, déposée en France. Il est encore une fois interpellé et emprisonné durant 8 mois au Maroc, avant d’être extradé vers l’Algérie.
Il écopa ensuite d’une peine de 15 ans commuée à 10 ans. Le 4 août dernier, il a purgé sa peine. Blanchi, il revient sur ce qu’il qualifie de «terrorisme administratif et judiciaire qu’aucun des hommes d’affaires n’a subi» (voir entretien).