Boumerdès : Pression sur le foncier urbain

17/06/2023 mis à jour: 01:56
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Petite station balnéaire relevant de la commune de Thénia avant 1984, Boumerdès est devenue aujourd’hui une des villes les plus attractives du pays. Très prisée pour sa position géographique (proche de la mer et de la capitale), cette ville grandit de jour en jour, subissant ainsi de profondes mutations en moins de vingt ans. 

Après la décennie noire qui a fait fuir les derniers étrangers de l’ex-URSS ayant formé autant d’ingénieurs de la période postindépendance, ce chef-lieu de wilaya fut secoué par un puissant séisme en mai 2003, sitôt la page de ces tristes épisodes tournée, des cités d’habitation et des promotions immobilières haut standing voient le jour. Dans l’anarchie. 

La démographie explose. Après Aïn Abdellah, de grandes agglomérations apparaissent du côté de Foes, Boukerroucha, Sablière, D’hous, etc. Considérée comme ville universitaire par excellence, Boumerdès risque de perdre sa vocation. Tout ce qui fait sa particularité tend à disparaître. Les dernières poches foncières épargnées par le phénomène de la bétonisation sont très convoitées. Jadis très fluide, la circulation automobile est problématique à plusieurs endroits. «Les autorités doivent penser à réaliser des trémies pour atténuer les bouchons au niveau des intersections. 

Si on ne le fait pas maintenant, ce sera difficile après car le parc automobile augmente d’année en année», préconise un citoyen. Malgré la pression anthropique, la ville semble gérée au jour le jour. Aucune stratégie à long terme. «Il y a quelques mois, des élus à l’APW avaient défendu l’idée d’autoriser les habitants du boulevard de l’Indépendance à construire en élévation. 

Ce qui risque de diminuer du charme de ce boulevard très spacieux et prisé par les Boumerdassi pour ses petites villas aux jardins bien fleuris», prévient un élu à l’Assemblée de wilaya. Au site PK1, à la sortie est de la ville, des habitants ont dénoncé récemment le lancement par l’ENPI d’un projet de 180 logements promotionnels sur un terrain au profil géologique très instable. «L’ENPI a entrepris des travaux de terrassement sur une falaise boisée sise en contrebas de la cité. Ce projet met aussi en danger l’unité des urgences médico-chirurgicales ainsi que les arrêts de bus. 

Plusieurs inspections ont été faites sur le site. On ne sait pas encore si le projet est maintenu, mais le mal est fait puisque toute la végétation qui couvrait le site a été détruite par les engins de terrassement», se désole un résidant qui évoque des risques d’affaissement en cas d’intempéries. « Pourquoi réaliser des logements sur un tel terrain alors que le président de la République a appelé en avril dernier à la nécessité de préserver le foncier urbain ?», s’interroge notre interlocuteur. Ce projet n’est pas le premier à susciter la controverse. 

Qui ne se souvient pas de l’affaire des 27 lots octroyés par l’AGRF au profit d’anciens hauts fonctionnaires du régime Bouteflika alors que les pouvoirs publics n’ont pas assez d’assiettes foncières pour implanter des projets d’utilité publique. Aujourd’hui, même les terrains relevant du domaine privé de l’Etat sont convoités, notamment par les magnats de l’immobilier. 

Profitant des largesses de l’administration, certains ont érigé des immeubles sur les lits des oueds. C’est le cas à Foes, sur le lit et les abords des oueds Tatareg et Boumerdès où les infractions aux normes de l’urbanisme sont légion. Il a fallu attendre la saturation de tous les plans d’occupation du sol (POS) pour que le nouveau PDAU soit approuvé. Cet instrument de planification à l’horizon 2033 pourra permettre une meilleure exploitation du foncier et un développement harmonieux du tissu urbain.                                                                                                          
 

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