Boumerdès : L’école des fans

02/03/2022 mis à jour: 01:03
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Les enfants appuieront sur les touches blanches et noires du piano et du synthétiseur, gratteront sur des mandolines, taperont sur une caisse claire / Photo : D. R.

La scène se passe dans une agglomération, celle de Yessref, à Boumerdès. Des ribambelles d’enfants traînant leurs parents par la main pour leur montrer un lieu, une sorte de boîte à musique, baptisée «Do Ré Mi», des notes qui leur parlaient, les captivaient comme le miel attire les abeilles. Cet espace était devenu une ruche qui ne leur donnait pas le bourdon.

Ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants. Eh bien, ces enfants, en sortant de l’école, étaient dissipés par quelque chose d’inhabituel. Un magasin qui n’est pas une pâtisserie, ni une épicerie, ni un fast-food, encore moins une boutique d’articles de sport ou de jouets. Mais ce magasin qui vient d’ouvrir ne ressemble pas aux autres. Il présente des instruments de musique. Sa dénomination est «Do Ré Mi». Ainsi, les gosses ont-ils investi les lieux, spontanément.

Curieux, ils se sont précipités sur ces objets non identifiés, brillants, neufs et «muets» pour eux. Alors, il fallait qu’ils se familiarisent avec ces instruments, pour savoir découvrir le son qu’ils peuvent produire, la musique tirée… Ils testeront ce matériel musical. Ils appuieront sur les touches blanches et noires du piano et du synthétiseur, ils gratteront maladroitement sur des mandolines et guitares, taperont sur une caisse claire, souffleront sur une clarinette et saxophone, et ce, tout en riant avec candeur.

Flûte ! Des ribambelles de gosses

Il s’agissait d’une approche ludique, tactile et empirique avec les notes do, ré, mi. Cela les interpellait et suscitait leur avide curiosité. Comment faire fonctionner ces instruments ? Il faut apprendre, pratiquer et lire la musique. Et c’est le propriétaire de «Do Ré Mi», Halim, qui leur dispensera une leçon de choses, et ce, avec pédagogie. Il leur présentera les différents instruments, tout en éveillant, voire entretenant, cette passion naissante pour la musique.

Une nouvelle matière d’éveil pour ces enfants découvrant les beaux-arts. Une mélomanie, une éclosion didactique et instrumentale. A l’image de la petite Misk, 8 ans, qui, déjà sait quels sont ses instruments de prédilection. Le violon, la guitare et le saxophone.

Halim, s’étant improvisé en «prof de musique», est depuis 25 ans dans le métier. Celui de la vente d’instruments de musique à Aïn El Beïda et à Oum Bouaghi. Depuis deux mois, «Do Ré Mi» a ouvert ses portes à Boumerdès. Il le présente comme un showroom musical. Il est sollicité par les instituts régionaux de musique, les associations culturelles, les maisons de jeunes… D’ailleurs, une association culturelle locale de Zemmouri est entrée en contact avec lui pour un devis portant sur du matériel de sonorisation et des instruments de musique.

La musique résonne en eux

«On a découvert que beaucoup de jeunes veulent posséder du matériel à domicile. Un home-studio relié au PC pour pouvoir composer, enregistrer et créer des sons. Un jeune est venu, il avait demandé une carte-son, un micro pour studio et un clavier-maître. Il avait 18 ans et il connaissait toutes sortes de cartes-son existant sur le marché international. J’étais sidéré. Alors, on les pousse et encourage à faire de la musique à l’école, chez eux, au sein d’une association ou dans un conservatoire. Vous savez, on est tellement surpris par cet engouement pour la musique chez les enfants, qu’on est en train de réfléchir à créer une école à cet effet comme prolongement scolaire. C’est un projet…»

 

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