Les atteintes à l’environnement connaissent une hausse alarmante dans la wilaya de Boumerdès. L’année dernière, les services concernés ont enregistré 1066 infractions, soit près de 50% de plus par rapport à l’année 2023, a indiqué récemment le directeur de l’environnement, Lakhdar Aiwaz, lors de la présentation d’un rapport détaillé sur le secteur.
S’exprimant à l’occasion de la visite de la ministre de tutelle dans la wilaya, l’intervenant a mis l’accent sur les efforts entrepris en matière de contrôle afin d’imposer le respect de l’environnement contre toutes les formes d’agression. Les infractions ont été recensées, selon lui, à l’issue des inspections effectuées dans les entreprises classées (4713) activant dans la wilaya en vue d’évaluer l’impact de leurs activités sur l’environnement et les inciter à appliquer les normes en vigueur.
Le même responsable a fait état de 627 inspections en 2024 contre 376 en 2023. Cela en sus des sorties effectuées sur le terrain par diverses commissions dans le cadre de leur missions. Entre autres délits commis par les entreprises classées, il cite l’absence ou le non-renouvellement de contrats, le non-respect des normes environnementales et l’implication de certaines d’entre elles dans la détérioration du milieu, faute de traitement adéquat de leurs déchets.
Au-delà du constat, des mesures, parfois, sévères sont prises à l’encontre des contrevenants. Selon lui, les infractions commises par les unités industrielles ont donné lieu à 409 sanctions, 206 avertissements, 46 convocations et 4 fermetures. M. Aiwaz n’est pas allé dans le détail pour nommer les coupables, mais les gros polluants de la région sont connus de tous.
Outre les entreprises exploitant les carrières dont l’activité est décriée par beaucoup d’habitants, bien d’autres unités industrielles ont démontré leur responsabilité dans la pollution des oueds des Issers, de Hamiz et de Sébaou.
Dans son rapport, la direction de l’environnement parle de 574 tonnes de déchets spéciaux dangereux et 250 tonnes de déchets hospitaliers qui ont été produits en 2024. Il y a quelques années, un rapport a établi que 105 unités industrielles, 704 huileries, 19 abattoirs déversent leurs rejets dans le Sébaou.
Pourtant, plusieurs lois imposent le contrôle de tous les rejets urbains, industriels et agricoles susceptibles de dégrader ou de polluer le milieu marin. «En plus des peines principales classiques prévues pour toutes les infractions, le législateur a prévu des peines qui touchent l’activité elle-même, ou encore d’autres relatives aux travaux de nature à remédier à la situation illicite.
Ces dernières consistent en la remise en état des lieux lorsqu’il s’agit d’une installation classée responsable de pollution par exemple, l’article 102, alinéa 3 de la loi n° 03-10 exige des travaux d’aménagement de mise en conformité destinés à remédier à la situation illicite», explique Dr Nadia Bouayad Agha dans une publication sur l’environnement.
Dans la région de Béni Amrane et ses environs, ce sont les déchets des huileries qui posent problème puisqu’ils sont déversés directement dans les oueds, a relevé M. Aiwaz, ajoutant que plus de 80% des eaux usées produites à travers la wilaya ne sont pas traitées à cause du manque de stations d’épuration. Le problème est aggravé par le manque d’entreprises de traitement et de collecte de déchets spéciaux et spéciaux dangereux. On dénombre une vingtaine à travers la wilaya. Ramdane Kebbabi