La réalisation de fosses septiques et la construction de petites stations d’épuration nécessitent des ressources que les collectivités peinent à mobiliser.
La wilaya de Bouira fait face à une grave crise d’assainissement qui touche de nombreuses localités, principalement dans les zones rurales. La plupart des villages souffrent de l’inexistence de réseaux d’assainissement ou quand il y en a, ils s’avèrent obsolètes, ne pouvant pas contenir les quantités croissantes des eaux usées générées par les ménages, elles aussi en augmentation. Lorsque ces réseaux existent, ils sont souvent incomplets. Ils ne comptent au bout du réseau ni fosses septiques, ni bassins de décantation.
En conséquence, les eaux usées sont déversées directement dans les oueds, les champs ou à ciel ouvert, polluant ainsi les sols et créant de graves risques sanitaires. Dans des villages reculés, les habitants, comme Rachid, dénoncent cette situation. Il montre un canal d’eaux usées qui déverse directement ses effluents dans un oued sans traitement préalable. «L’été, la situation devient intenable en raison de l’odeur qui se dégage. Nous avons réclamé des fosses septiques, surtout que ce réseau a été réalisé en 1997», explique-t-il, soulignant les lacunes des réseaux dans d’autres localités comme Malla, dans la commune d’Ath Laâziz, où la population est privée de tout système d’assainissement.
A El Hachimia, Aïn Bessem et Aïn Lahdjar, les habitants subissent également les conséquences de cette situation. Arezki, résident du quartier d’Oued Bellil, à la périphérie de la commune de Bouira, vit dans la peur constante des débordements des canalisations lors des fortes pluies. «L’eau sale envahit nos cours. Nous avons écrit plusieurs fois à l’APC, mais aucune solution n’a été apportée», témoigne-t-il.
Dans les rares villages dotés de réseaux d’assainissement, l’absence de traitement des eaux usées, faute de stations d’épuration, continue de contaminer directement les terres et les cours d’eau, impactant gravement l’environnement et la santé publique. A Haïzer, Hakim, un instituteur, déplore les effets environnementaux désastreux. «Les oueds sont devenus des égouts à ciel ouvert. Cette mauvaise gestion des eaux usées touche non seulement l’environnement, mais aussi la santé animale et humaine.» Le manque de financements reste un obstacle majeur à la mise en place de solutions durables. Les APC, déjà confrontées à des budgets limités, peinent à réaliser les investissements nécessaires pour traiter cette crise.
La construction de fosses septiques et de petites stations d’épuration, dont les projets relèvent des collectivités locales, nécessitent des ressources que ces dernières ont du mal à mobiliser. Les habitants espèrent que leurs appels ne resteront pas lettre morte, et qu’un véritable plan d’assainissement sera mis en place pour préserver leur santé, leur environnement et leur avenir.
En attendant, la réutilisation des eaux usées dans les wilayas où ces eaux ne sont pas traitées pourrait constituer une solution temporaire. C’est d’ailleurs l’objectif tracé par le gouvernement qui a annoncé récemment l’utilisation de 40% des eaux usées récupérées dans l’agriculture et le secteur industriel à court terme. Cette approche vise à réduire la dépendance aux eaux souterraines, classées comme réserve stratégique, tout en permettant une gestion plus efficace des ressources en eau dans les régions les plus affectées par la crise.