BOUALEM ZIANI. Président de l’Association des producteurs algériens de cinéma (APAC) : «Toute loi visant à revitaliser l’industrie cinématographique devrait introduire les évolutions d’aujourd’hui»

20/08/2023 mis à jour: 04:03
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Photo : D. R.

- En plus du financement interne, est-il possible d’envisager d’autres sources et d’établir un partenariat étranger pour le cinéma ?

Il existe de nombreuses autres idées potentielles pour soutenir le cinéma. Bien que l’Algérie soit riche en thèmes et en ressources financières, le manque de solutions pérennes a entravé le développement de son cinéma. Il est temps de sortir de la politique conjoncturelle et d’adopter des stratégies à long terme pour promouvoir le cinéma algérien à l’échelle internationale.

La mise en place de réseaux de soutien pour les cinéastes et la promotion des collaborations entre les cinéastes algériens et leurs homologues internationaux pourraient favoriser les échanges culturels, les coproductions et les co-financements pour aboutir à la création de fonds communs.

L’intérêt grandissant de l’Algérie pour l’Afrique ouvre également la possibilité de créer un fonds de cinéma africain, en plus de conclure des accords de coopération encourageants et garantissant la formation professionnelle des techniciens algériens.

- Peut-on attendre du ministère de la Culture qu’il relance l’industrie cinématographique, étant donné le contenu de la loi actuelle critiquée pour ses restrictions liberticides ?

Toute loi visant à revitaliser l’industrie cinématographique devrait introduire les évolutions d’aujourd’hui et de nouvelles idées. Le texte en question était déjà en cours d’examen au gouvernement avant l’arrivée de l’actuelle ministre de la Culture et des arts.

Lors des assises, la ministre a exprimé sa compréhension des inquiétudes des cinéastes et a promis de réviser les articles limitant la liberté de création. Elle a souligné que la future loi cinématographique refléterait les aspirations des professionnels, étant plus proches de la réalité que n’importe quelle institution.

Les professionnels ont accueilli favorablement ce discours mais les attentes sont désormais placées dans la concrétisation des propositions qui devraient être intégrées dans la nouvelle loi cinématographique.

- Est-ce que le projet de loi seul est suffisant pour relancer le cinéma ?

Le ministère de la Culture pourrait accompagner cette loi en mobilisant d’autres secteurs (déjà présents pendant les assises), en créant des infrastructures d’envergure et en encourageant l’investissement.

Pour accompagner la loi sur le cinéma, imaginons par exemple la création d’un boulevard au cœur de la capitale abritant le Centre national du cinéma moderne ainsi qu’un grand complexe cinématographique équipé de multiples écrans pouvant accueillir festivals et d’autres événements.

De plus, un institut supérieur de cinéma (actuellement en cours de réalisation) ainsi que des ateliers d’artisans liés au cinéma et un musée du cinéma pourraient compléter cet espace, permettant de créer une atmosphère cinématographique et culturelle en tant que lieu de connexion et d’échanges.

Une initiative de ce type offrirait aux citoyens une opportunité unique de s’immerger dans la culture tout au long de l’année. Notre capitale a besoin de respirer davantage. Nous devons nourrir des ambitions plus élevées dans nos projets afin de promouvoir le cinéma.

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