Pourtant confrontés aux activités humaines de plus en plus intenses, à la pratique de la chasse et aux présences de prédateurs, les coyotes (Canis latrans) font preuve d’une résilience inattendue.
Au cours des 100 dernières années, ces prédateurs ont vu leur nombre augmenter de façon spectaculaire tout en étendant leur aire de répartition. Autrefois limitée aux deux tiers de l’Amérique du Nord, cette espèce est aujourd’hui présente sur la majeure partie du continent : de l’Atlantique à la côte pacifique et de l’Alaska au Panama. Les coyotes prospèrent ainsi malgré les menaces humaines et celles d’autres prédateurs. C’est ce que révèle une étude menée par une équipe d’écologues spécialisée dans les carnivores de l’Université du New Hampshire (Etats-Unis).
Cette recherche, publiée dans la revue Ecography, constitue l’une des plus vastes menées à ce jour sur les coyotes en mettant en lumière la manière dont ces animaux, qui sont les prédateurs les plus efficaces d’Amérique du Nord, réagissent à diverses pressions environnementales telles que la chasse, l’urbanisation ainsi que la concurrence avec les grands carnivores comme l’ours noir et le puma.
Pour mener leur recherche, les écologues ont utilisé un réseau de pièges photographiques déployé à travers les États-Unis contigus (tous les Etats américains sauf Alaska, Hawaï et les territoires d’outre-mer) dans le cadre du projet «Snapshot USA». Ce projet est constitué d’une enquête nationale collaborative ayant pour objectif d’utiliser des images et des métadonnées de milliers de pièges photographiques pour suivre l’abondance relative et les cartes de répartition des espèces sauvages importantes. Les scientifiques ont ensuite pu récolter les données issues de 4587 pièges photographiques, installés et répartis en 254 réseaux (entre 2019 et 2021). Cette méthodologie a permis aux chercheurs d’étudier les coyotes dans des habitats très variés : montagnes, forêts, prairies et zones suburbaines/urbaines.
ENTRE CHASSE, PRÉDATION NATURELLE ET EXPANSION URBAINE
Étonnamment, les résultats de l’étude suggèrent que la pratique de la chasse sur le coyote contribue paradoxalement à son augmentation. «L’élimination intensive des coyotes peut évidemment réduire les populations à court terme, mais elle peut aussi entraîner une augmentation des populations de coyotes plus jeunes et des taux de reproduction et de migration (au sein du continent Américain, ndlr) plus élevés», a déclaré dans un communiqué Remington J.Moll, auteur principal de l’étude.
Les données révèlent comment les coyotes interagissent avec leur environnement. Les grands prédateurs comme les pumas et l’ours noir aident à réguler de manière naturelle la population de coyotes. Dans les espaces ouverts, les pumas contrôlent le nombre de coyotes, tandis que dans les forêts, ce sont les ours noirs qui jouent ce rôle. Les résultats de cette étude mettent aussi en évidence que le nombre de coyotes varie en fonction du développement urbain.
Dans les petites villes hors agglomération, l’intensité de l’activité humaine et l’urbanisation croissante réduisent les effectifs de l’animal. En revanche, dans les banlieues, ces derniers découvrent des lieux riches en ressources, notamment alimentaires, favorisant ainsi leur augmentation. «Notre recherche permet de comprendre que la chasse est contre-productive mais que ce sont bien les prédateurs naturels du coyote qui offre une solution durable» (...) «c’est aussi un aperçu détaillé de l’écologie des coyotes et une ressource précieuse pour les futurs projets de conservation et de gestion des prédateurs», conclut Remington J.Moll.