Le représentant permanent de l’Algérie à l’ONU, l’ambassadeur Amar Bendjama, a souligné le «rôle irremplaçable» de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), étant «l’épine dorsale» de l’acheminement de l’aide humanitaire à Ghaza, ravagée par plus de 200 jours d’agression génocidaire sioniste.
«L’Unrwaest l’épine dorsale de l’acheminement de l’aide humanitaire à Ghaza. Elle doit fonctionner librement et sans menace», a déclaré mercredi M. Bendjama, après avoir écouté un briefing au Conseil de sécurité de la coordinatrice de haut niveau de l’action humanitaire et la reconstruction à Ghaza, Mme Sigrid Kaag, sur l’état de la mise en œuvre de la résolution 2720 (2023). «Il n’est plus nécessaire de débattre davantage de la crédibilité et de l’efficacité de l’Unrwa», après le rapport du comité indépendant chargé d’évaluer le fonctionnement de l’Unrwa, présidé par l’ex-ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a ajouté l’ambassadeur.
Dans ce contexte, M. Bendjama a tenu à rappeler que le rapport de Mme Colonna indiquait que «l’Unrwa possède une approche de neutralité plus développée que d’autres entités similaires des Nations unies ou des ONG» et qu’«Israël n’a pas encore fourni de preuves à l’appui de ses allégations contre le personnel de l’UNRWA». Et de poursuivre : «Il n’y a pas d’alternative à l’Unrwa et les agences des Nations unies ne peuvent pas la remplacer».
«L’Unrwa doit être habilité et autorisé à opérer dans tout Ghaza, y compris dans le nord, alors que le risque de famine se profile», a-t-il ajouté dans ce sens. Le diplomate a, par ailleurs, précisé que «la mission de Mme Kaag consistant à accélérer la livraison de l’aide humanitaire à la population civile de Ghaza est cruciale». Cependant, a-t-il déploré, «plus de quatre mois après l’adoption de la résolution 2720, et malgré les efforts de Madame Kaag et de son équipe pour établir un mécanisme des Nations Unies pour accélérer l’aide humanitaire à Ghaza, le mandat (de cette mission) n’est pas pleinement mis en œuvre».
A cet effet, M. Bendjama a appelé la communauté internationale à «tout mettre en œuvre pour aider Mme Kaag à remplir son mandat». Pour ce faire, il a réitéré l’urgence d’instaurer un cessez-le-feu permanent à Ghaza pour garantir «le succès de l’aide humanitaire». «Une action humanitaire sûre dans tout Ghaza ne peut être garantie sans un cessez-le-feu. Seule une cessation des hostilités peut contribuer à répondre aux besoins de la population civile.
Autrement, les acteurs humanitaires apporteront leur aide au péril de leur vie», dira-t-il à ce propos. Et il a insisté également sur la nécessité d’«ouvrir tous les passages», pour «un accès humanitaire sans entrave». Par ailleurs, le représentant permanent de l’Algérie à New York a déploré l’incapacité de la communauté internationale, y compris les grandes puissances, «de forcer la puissance occupante à respecter ses obligations en vertu du droit international humanitaire».
«Le corridor maritime a été tué»
«Les largages aériens, solution de dernier recours, sont devenues la seule option mais ne représentent que 0,3 % de l’aide totale livrée à Ghaza. Le corridor maritime a été tué avant d’avoir apporté des résultats tangibles. Il n’y a pas d’alternative aux voies terrestres», a-t-il encore dit. M. Bendjama a aussi souligné l’«impératif» de la reprise de l’activité commerciale à Ghaza. «Quelles que soient l’ampleur et l’efficacité de l’aide humanitaire, elle ne peut remplacer l’activité commerciale», a-t-il déclaré.
Mais, a-t-il précisé, la reprise de l’activité commerciale à Ghaza nécessite deux conditions : «Premièrement, mettre fin au siège imposé par les autorités occupantes, et deuxièmement, lancer un vaste programme de transferts monétaires pour aider à relancer le marché local de Ghaza». Evoquant, par ailleurs, la menace de l’entité sioniste de lancer une offensive terrestre à Rafah, dans le sud de Ghaza, l’ambassadeur a de nouveau mis en garde contre une telle opération.
«Une telle offensive ne devrait en aucun cas être autorisée», a-t-il dit à ce sujet, rappelant qu’environ 1,5 million de Palestiniens sont entassés à Rafah, devenue le centre humanitaire de Ghaza. Pour M. Bendjama, «une offensive terrestre (à Rafah) ne laisserait aux populations d’autre choix que de fuir vers l’Egypte. Ce serait non seulement une catastrophe humanitaire, mais aussi une rupture irréversible de la paix et de la sécurité dans la région et au-delà».
A cet égard, il a appelé la communauté internationale à «garantir la mise en œuvre des ordonnances de la CIJ (Cour internationale de la justice) et des résolutions du Conseil de sécurité», soulignant que l’«échec n’est pas une option». «La puissance occupante qui provoque la mort et le désespoir partout où elle passe ne peut pas dicter les règles. Il faut mettre un terme à cette catastrophe», a conclu l’ambassadeur Bendjama.