La promulgation du projet de loi sur les statuts et le régime indemnitaire des corps de l’éducation nationale tarde à voir le jour. Présenté à deux reprises devant le Conseil des ministres, en décembre 2023 et février 2024, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné le report de la présentation du texte et l’approfondissement de l’étude en vue d’améliorer son contenu, plus que ce qui a été proposé, en gardant à l’esprit que l’enseignant est un éducateur, avant qu’il ne soit un fonctionnaire.
Hier, le ministre de l’Education nationale, Abdelkrim Belaabed, a confirmé que le chef de l’Etat n’est pas du tout satisfait de la «copie» élaborée par ses services et présentée à deux reprises en Conseil des ministres. «Le président de la République n’est pas satisfait de la mouture des statuts particuliers et du régime indemnitaire des corps de l’éducation nationale qui lui a été présentée», a reconnu M. Belaabed à partir de la ville d'El Tarf, à l’occasion du coup d’envoi des épreuves du BEM. A ce titre, le ministère a été sommé de revoir sa copie pour une 2e fois.
Pour rappel, le chef de l’Etat a instruit le ministre de tutelle d’établir «les priorités, selon une perspective moderne», de sorte à «placer la formation qualitative des générations futures au centre des préoccupations». Il a donné ses orientations en vue d’étudier plus de suggestions et de propositions qui servent le secteur de l’éducation «loin de tous calculs extra-éducatifs».
Néanmoins, l’ajournement de ce projet a suscité l’inquiétude du partenaire social qui ne cesse de réclamer une copie du texte. Meziane Meriane, pédagogue et ancien coordinateur du Syndicat national autonome du personnel enseignant du secteur de l’éducation (Snapest), estime que le statut de l’enseignant a toujours été le point de discorde depuis sa promulgation la première fois en 2012 à ce jour.
«Ce statut n’a jamais répondu aux attentes des enseignants et du personnel de l’éducation. Malgré les insuffisanses qu’il contient, l’administration a toujours refusé son amendement», révèle le pédagogue, précisant que les représentants des syndicats ne participent pas à la commission ad hoc chargée de finaliser les différentes propositions. «La crainte actuelle du corps enseignants est qu’il y ait primauté du personnel administratif sur le personnel pédagogique. Donc un compromis doit être trouvé pour qu’il y ait sauvegarde de la carrière des enseignants», insiste Meriane.
Cet avis est partagé par quatre autres syndicats autonomes qui ont dénoncé à plusieurs reprises la persistance du ministère à «tourner le dos» aux instructions du Président, visant l’implication du partenaire social dans la confection de ce projet. Aussi ces organisations pensent que la série de propositions relatives au dossier du statut particulier de l’enseignant ne «reflètent nullement» les orientations des Conseils des ministres et les déclarations du chef de l’Etat.
Face à l’ambiguïté qui entoure le dossier du statut particulier de l’enseignant, les syndicats s’offusquent quant à sa «fuite en avant» de la tutelle qui vise, selon Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapest), à imposer la «suprématie de l’administration» au détriment du «processus pédagogique» ainsi que «l’exclusion tendancieuse de l’enseignant et de ses représentants».
Pour éviter un mouvement social, Meriane demande au ministère d’agir par consensus en «associant tout le monde pour son amendement en tenant compte d’un schéma logique, où personne ne pourra contredire le diplôme, l’ancienneté, le poste occupé… et déterminer une classification en fonction de ces paramètres».