La brucellose, une maladie contagieuse des animaux d’élevage, connaît une progression inquiétante, ces cinq derniers mois, dans la wilaya de Béjaïa. «En 2022, on a enregistré 3 foyers de contaminations avec 7 cas portant la bactérie de brucellose.
Ces foyers ont été suivis et contrôlés jusqu’à l’éradication de la pathologie», atteste M. Idries, chef du service vétérinaire à la DSA. La maladie est détectée lors des campagnes de dépistage effectuées de façon régulière et périodique par les mêmes services ou via la déclaration des éleveurs.
Depuis le début de l’année 2023 à ce jour, 8 foyers de contamination ont été enregistrés, totalisant 71 animaux touchés par l’épidémie.
À titre d’exemple, le cheptel caprin de la coopérative «l’Union» activant dans le village Ighil Oumced, commune de Chellata, spécialisée dans l’élevage de chèvres est l’un des victimes de cette maladie. «43 chèvres sur les 120 têtes que compte cette coopérative ont été testées positives, donc condamnées à l’abatage, soit une perte de pas moins de 7 millions de dinars», selon M. Samadi Kamel, président de cette coopérative.
«Même s’il y a une assurance des caprins et ovins auprès de la CNMA (assurance agricole), la redevance s’élève à 3,5% sur la valeur d’une unité pour chaque année, ce qui représente une grande charge, surtout pour les petits éleveurs», nous apprend-il. «La subvention de 50% qu’accorde la DSA se base sur le prix de vente à l’abatage, qui représente à peine 10 % de la valeur réelle de l’animal», rapporte notre interlocuteur, dépité. Pour y parer et atténuer l’impact de cette maladie, le président de cette coopérative «L’Union» interpelle d’abord la conscience des professionnels et les bergers à faire des dépistages en urgence et respecter les modalités d’intégration de nouvelles têtes.
L’orientation des éleveurs à adopter de plus en plus l’élevage de caprins a fait que de nouvelles têtes ont été introduites dans la wilaya. De 34 000 caprins, on est passé à 42 000, soit une progression de 8 000 têtes. Ce qui est positif. La filière, encouragée par les aides de l’Etat, a permis le développement de cet élevage rentable et mieux adapté au relief de la région, constituée de 70% de zones montagneuses.
Néanmoins, dès l’introduction de nouvelles têtes dans les fermes, le protocole doit être respecté.
À l’inspection vétérinaire de Béjaïa, des opérations de dépistage périodique sont opérées. Mais cela ne suffit pas. Les éleveurs doivent aussi collaborer en adoptant des mesures d’hygiène et le bon protocole d’introduction du nouveau cheptel dans les élevages. «Une des premières mesures à prendre, c’est de ne jamais mélanger les nouvelles acquisitions de cheptel avec l’ancienne. Aussi, s’assurer de la validité du certificat sanitaire des animaux et surtout, effectuer un second dépistage de la maladie à 6 mois d’intervalle, pour s’assurer de l’introduction d’un cheptel sain.
Et enfin, la prévention des contaminations professionnelles qui repose sur des mesures de biosécurité et d’hygiène au travail comme le lavage des mains, le port de gants, de masques, de lunettes, etc.». Maladie contagieuse et transmissible à l’homme, plusieurs personnes ont été infectées. Une source à la DSP confirme la présence de plusieurs cas de brucellose humaine, sans en préciser l’étendue et la période.
«La contamination se produit essentiellement par la consommation des produits d’origine animale, comme l’ingestion des fromages et du lait de brebis ou de chèvre non pasteurisé. C’est pourquoi, il est conseillé de bouillir le lait à 63° pour tuer la bactérie avant de consommer le produit», suggère M. Idries, chef du service vétérinaire à la Direction des services agricoles. À Béjaïa, à l’instar des autres régions, la vente illégale ou clandestine du lait cru dans des bouteilles en plastique usagées se répand de plus en plus. Une fructueuse collaboration entre la Direction de l’agriculture et celle du commerce a donné lieu à de nombreuses saisies de lait cru vendu à même le trottoir ou aux abords des routes en ville, mais surtout en campagne.