Bas Sébaou (Boumerdès) : L’APW se penche sur le phénomène de la salinité des eaux

12/03/2024 mis à jour: 01:57
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Après des années d’atermoiements et de constats critiques, les autorités semblent décidées enfin à se pencher sur le phénomène de la salinité et de la pollution des eaux du Bas Sébaou, l’un des plus grands fleuves du pays. 

Cette fois, c’est l’APW de Boumerdès qui met la main à la pâte afin d’éviter d’autres «calamités», comme celle enregistrée en août dernier quand des milliers de poissons ont péri près de l’embouchure de ce cours d’eau. Sollicité pour donner son avis en tant qu’expert, Malek Abdeslam, professeur en hydrogéologie de l’université de Tizi Ouzou, établit un diagnostic sans appel sur la problématique et propose des solutions. 

Dans un petit rapport lu lors de la dernière session de l’APW, il souligne d’emblée que «la qualité des eaux souterraines du Bas Sébaou, entre Baghlia et Sidi Daoud, se détériore d’année en année». «Les forages d’AEP alimentant Dellys et Boubarak ont été progressivement abandonnés à cause de la forte salinité de leurs eaux. 

D’abord à Boubarak, les fortes salinités se rencontrent de plus en plus loin de la mer jusqu’au niveau de Sidi Daoud», a-t-il expliqué, précisant que la pollution de l’eau de la nappe est nettement avérée. Cet expert évalue à 4 g/litre de sels minéraux, dont 1,35 de NaCl (chlorure de sodium) à 3 km de la mer dans l’eau souterraine. 

Des valeurs qui, selon lui, sont six fois supérieures aux normes de potabilité, ajoutant que ces eaux sont néfastes, y compris pour l’agriculture. 

Ce constat n’est pas nouveau et appelle des mesures urgentes en vue de stopper les dégâts et l’avancée des eaux de la mer à l’intérieur des terres vers Sidi Daoud. En été dernier, des analyses ont conclu que ce problème de salinité était à l’origine de la mort de milliers de poissons. 

Il y a quelques années, d’autres chercheurs ont relevé les effets des rejets domestiques et industriels sur les eaux et son impact sur la couche aquifère, précisant que 105 entreprises, 704 huileries et 19 abattoirs déversent leurs rejets dans ce fleuve qui étanche la soif de milliers d’habitants de la région grâce aux nombreux forages réalisés sur ses rives. 

Pour stopper le phénomène de salinité, Malek Abdeslam suggère la réalisation d’une digue en terre à hauteur du cordon dunaire longeant le littoral afin d’isoler la réserve d’eau douce des submersions marines. Cela devra, selon lui, être fait provisoirement en attendant la réalisation d’études plus approfondies et des aménagements adéquats à même de préserver ce cours d’eau. 

La balle est donc dans le camp des services de l’hydraulique, accusés par beaucoup et pendant longtemps de constater les dégâts sans réagir. 

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