Azerbaïdjan : Bakou mène des exercices militaires avec la Turquie près de l’Arménie

24/10/2023 mis à jour: 00:29
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Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé hier le début d’exercices militaires avec la Turquie près de l’Arménie, dans un contexte de tensions entre Bakou et Erevan après la reconquête azerbaïdjanaise de la région du Haut-Karabakh, rapporte l’AFP. Selon le ministère azerbaïdjanais, les manœuvres militaires sont organisées à Bakou, dans l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, frontalière de l’Arménie et de l’Iran, ainsi que dans des «territoires libérés», dont la localisation n’a pas été précisée et qui pourraient désigner le Karabakh ou des districts azerbaïdjanais mitoyens. 

Ces exercices mobiliseront jusqu’à 3000 soldats des deux pays, des dizaines de véhicules blindés, de l’artillerie et une vingtaine d’aéronefs, a précisé le ministère. Leur but est «d’assurer la cohérence en combat», «d’améliorer le commandement» ainsi que le «professionnalisme des troupes», selon Bakou. Les soldats s’exerceront à l’usage de l’artillerie et de l’aviation, à la construction de pontons et à des parachutages en territoire ennemi, a encore ajouté le ministère. Parallèlement, les chefs des diplomaties arménienne, azerbaïdjanaise, russe, turque et iranienne sont attendues à Téhéran pour une réunion censée aider à apaiser les relations entre les deux pays du Caucase. Ils ont prévu d’évoquer les «pourparlers de paix» entre Erevan et Bakou, selon l’agence iranienne Irna. 

Ce format de réunion a pour objectif de «régler les problèmes de la région (...) sans l’interférence de pays extra-régionaux et occidentaux», d’après l’agence.

 Divers formats de pourparlers existent entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, mais jusqu’ici aucun accord n’a été trouvé entre les deux pays. Les tensions entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont connu un regain avec la reconquête militaire éclair du Karabakh par l’Azerbaïdjan fin septembre, alors que la région était depuis une trentaine d’années sous le contrôle de séparatistes arméniens. La quasi-totalité de la population, plus de 100 000 personnes sur les 120 000  officiellement recensées, a fui en Arménie.

 Avant cela, l’Azerbaïdjan et l’Arménie se sont opposés lors de deux guerres pour le contrôle de cette enclave montagneuse, l’une dans les années 1990 à la dislocation de l’URSS, l’autre à l’automne 2020, remportée par Bakou. Erevan craint désormais que son voisin, plus riche, mieux armé et soutenu par la Turquie, cherche à pousser son avantage. L’Arménie a notamment peur que l’Azerbaïdjan soit tenté de relier par la force l’enclave du Nakhitchevan à son territoire en attaquant le Sud arménien.La récente offensive au Haut-Karabakh a rebattu les cartes. Erevan a accusé Moscou de l’avoir abandonné en n’arrêtant pas les forces azerbaïdjanaises, ce que la Russie nie. 
A la recherche de protection, l’Arménie semble donc prête à se tourner davantage vers l’Occident. 

Le pays a par exemple ratifié mi-octobre son adhésion à la Cour pénale internationale (CPI), ce qu’elle espère être une protection supplémentaire contre les potentielles ambitions de l’Azerbaïdjan. Un geste vu d’un très mauvais œil par Moscou, la CPI ayant émis au printemps un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine pour la «déportation» d’enfants ukrainiens vers la Russie.
 

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