Les festivités du Mawlid à Beni Abbès enveloppent l’oasis blanche d’un éclat sacré, où le désert devient le témoin d’une communion vibrante.
Dans chaque geste, chaque note, transparaisse une ferveur, une émotion traversant les âges. Deux jours avant les grandes festivités, les visiteurs assistent à «Lefdila» avec un rassemblement à la place des Martyrs au centre de la ville après la prière de l’asr et avant celle du maghreb. Les festivités continuent dans les grands quartiers jusqu’à minuit.
Hier, la rencontre sur la placette a commencé à 7h30. C’est le début des festivités qui se sont prolongées jusqu’au vieux ksar, un patrimoine entouré de légendes au milieu d’une beauté indescriptible. Les troupes de baroud, avec leurs costumes traditionnels, entrent en scène dans un tourbillon de couleurs. Les éclats de leurs tirs retentissent, faisant vibrer l’air chaud. Le temps s’arrête et la magie opère. Le rythme envoûtant du bendir, cet instrument à percussion emblématique de la région, résonne dans chaque coin de la ville.
A chaque coup, une vibration semble faire écho à la ferveur religieuse des habitants, rassemblés pour célébrer la naissance du Prophète. Dans ce cadre majestueux, Beni Abbès se transforme en un tableau vivant où les traditions se perpétuent, et où la musique du bendir fait battre le cœur de la ville au rythme de la fête.
Les troupes vont ensuite à côté de la piscine «source Sidi Othmane», chaude en hiver et agréable en été, avant de retourner à côté de la placette, longer les arcades et continuer vers l’hôtel le Grand Erg construit par la maison Citroën pour ses relais dans le Sud ouest. Intitulé «Zehoua», le spectacle est un véritable festival de couleurs et de sons qui réunit les habitants dans un moment de partage et de célébration. La procession avance encore une fois et se dirige derrière la piscine pour tirer les ultimes salves de baroud. La danse du baroud est considérée comme faisant partie des danses populaires qui reflètent la richesse de nos oasis, un patrimoine immatériel qui doit être transmis aux jeunes générations. Les enfants participent à la célébration, portée par les aînés pour qu'ils puissent partager ces moments riches en émotions et en sensations.
Une course des méharées a été organisée avant de démarrer la fête. Tout ce périple constitue en réalité un véritable circuit touristique que les visiteurs apprécient. Dans ce contexte, les premiers touristes nationaux ont assisté à ces festivités. Pour Bennana Abdelkader, guide touristique et moniteur de ski sur sable à Beni Abbès, «ces festivités marquent le début de la saison touristique du Sud dans notre région. Il y a de nouveaux clients mais aussi des habitués surtout de l’ouest du pays (Oran, Naâma, Tlemcen et Saïda) qui reviennent pour revivre la magie des spectacles de baroud, de la Zehoua et des chants religieux, des moments vibrants d’authenticité qui les plongent dans le cœur des coutumes sahariennes.
La convivialité, l’accueil chaleureux des habitants, et les échanges autour de la culture locale renforcent cet attachement au lieu».
Leur nombre aurait pu être plus important, mais la rentrée scolaire, fixée au 22 septembre, a freiné la dynamique. Des touristes étrangers sont attendus à partir du mois prochain. «Je reçoit plusieurs groupes à partir d’octobre, dont la majorité sont des Français», affirme Abdelkader.
Ainsi, que ce soit pour la foi, la tradition, la nature ou l’aventure, Beni Abbès continue de séduire, année après année, ceux qui en font une destination incontournable.