Au marché Errahma des fournitures scolaires aux Sablettes : Au bonheur des petites bourses

11/09/2022 mis à jour: 05:54
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Marché Errahma des fournitures scolaires aux Sablettes, mardi dernier. On trouve dans ce point de vente une grande variété d’articles à des prix abordables (photo : elwatan)

Mardi 6 septembre 2022. 11h05. Nous sommes à la Promenade des Sablettes. Le ciel est couvert. Il fait un temps venteux. Une fraîcheur qui est de bienvenue en ces jours caniculaires. Nous sommes ici pour prendre le pouls du marché Errahma des fournitures scolaires qui a été ouvert le jeudi 1er septembre à la lisière du parc de loisirs.

 Ce sont au total pas moins de 64 souks Errahma dédiés spécialement à la vente d’articles scolaires à des prix réduits qui ont été ouverts, rappelle-t-on, à travers tout le pays à l’initiative du ministère du Commerce. Première image : l’immense parking jouxtant le site est quasiment vide. Quelques grappes de visiteurs se dirigent d’un pas alerte vers l’espace aménagé en marché pédagogique. Les plus frêles vacillent sous le coup des bourrasques de vent qui rugissent et soufflent avec ardeur. 

Voilà un père de famille, accompagné de son fils, portant à bout de bras un grand carton rempli de cahiers et autres accessoires pour l’école. Le marché se détache dans le paysage par une série de chapiteaux agglutinés les uns aux autres. Environ une quarantaine de «tentes» sont ainsi alignées suivant une disposition rectangulaire. Lors de notre passage, nombre de ces stands étaient fermés. 

Malgré cette défection, la disponibilité des produits est assurée par les autres exposants. Un large éventail de fournitures scolaires est exhibé, en effet, avec abondance, au bon plaisir des chalands. D’emblée, on aura ainsi observé une différence de taille avec la «Foire de la rentrée scolaire» qui se tient parallèlement à la Safex, et qui est plus orientée «livres», et où l’offre en articles scolaires est moins fournie. A bien y voir, les deux événements se complètent remarquablement. D’ailleurs, les deux sites ne sont pas très loin l’un de l’autre. 
 

Des cahiers «à prix d’usine»
 

Les stands ont ouvert au public aux coups de 10h et le resteront jusque tard dans la nuit. L’affluence est timide, mais on nous dira partout que c’est parce qu’on est en semaine, qu’il y aura un monde fou le week-end, et aussi qu’en fin de journée et dans la soirée, la physionomie du marché change du tout au tout et connaît une ambiance frénétique, en somme une animation toute estivale. Toujours est-il qu’en cette fin de matinée et en ce milieu de semaine, les visiteurs arrivaient au compte-gouttes. 
 

Les exposants s’affairent encore à installer leurs produits sur les étals et les étagères. Ce sont pour la plupart des opérateurs spécialisés dans la commercialisation de produits de papeterie, d’articles scolaires et de matériel de bureautique. On note de prime abord la présence de chapiteaux «ONPS», l’Office national des publications scolaires, mais ils n’avaient pas encore ouvert. Dans le lot également, des fabricants de sac à dos et de bagagerie, des entreprises d’habillement qui font des blouses et des tabliers pour les élèves, ainsi que des marchands de chaussures. 
 

Nous attaquons notre tournée par le stand de l’entreprise El Hillal que tout le monde connaît pour ses cahiers et ses rames de papier emblématiques. L’entreprise installée dans la zone industrielle de Oued Smar se présente sur son site officiel (elhillal.com) comme le «leader du papier». Dans le pavillon où officient seulement deux jeunes vendeurs, on peut lire sur une bannière aux accents publicitaires : «Le leader dans la fabrication du cahier scolaire». Une autre proclame : «El Hillal : plus de 20 ans d’expérience». 

Sur une pancarte, ce message à connotation citoyenne de la part du même fabricant : «L’entreprise El Hillal informe l’ensemble des citoyens qu’elle a pris l’initiative d’ouvrir un point de vente aux Sablettes, à Alger, afin de garantir la fourniture de ses produits au profit des élèves et des parents et à des prix réduits en mobilisant tous ses moyens et sa capacité de production à cet effet. Tous les types de cahiers sont disponibles au niveau du point de vente. 

L’entreprise El Hillal participe avec vous à la réussite de cette rentrée scolaire.» Sur des feuilles de papier A4 sont détaillés les prix. Cahier de 64 p : 53 DA ; celui de 96 p : 77 DA et celui de 120 p : 96 DA. On peut remarquer aussi des piles de rames de papier A4 de 500 feuilles à 860 DA. Ce qui vous fait économiser près de 200 DA par rapport aux prix de la même rame dans les papeteries en ville. «Tous ces cahiers, nous les vendons au prix d’usine. Donc, forcément, ils sont moins chers», affirme l’un des deux vendeurs. «Par exemple, ce cahier qui est à 53 DA, vous allez le trouver à 60 ou 65 DA en librairie. Vous avez au moins une marge de 10 DA par produit en moyenne», explique-t-il. 
 

«Il faut tenir compte des marques»
 

Nous enchaînons sur le stand d’une enseigne bien connue, elle aussi : la chaîne «Techno» et son logo jaune et rouge. Celle-ci se décline aussi sous le nom «Techno Stationery», «Stationery» signifiant tout simplement «papeterie» en anglais. En parcourant les prix des cahiers étalés sous le chapiteau, on remarque d’entrée qu’ils sont plus chers que ceux d’El Hillal. C’est que Techno commercialise de nombreux articles d’importation, notamment les produits de la marque «Maped», une marque française qui existe depuis 1947. 

Pour vous donner une idée des prix, un cahier de 96 p est à 135 DA chez Techno. Celui de 120 p, à 165 DA ; celui de 192 p, à 290 DA et celui de 288 p caracole à 430 DA. Concernant les autres fournitures scolaires, le stand foisonne d’articles multicolores à des prix variés. Mais du fait qu’il s’agit encore une fois, pour l’essentiel, de produits importés, les prix sont évidemment plus élevés. Les trousses par exemple font entre 1100 et 1300 DA. Les sacs à dos, qui sont vraiment de qualité, affichent des chiffres limite rédhibitoires : 5790 DA, 7590 DA, 9800 DA... Une gamme de sacs au design attrayant se décline en trois paliers : 3300, 5300 et 8300 DA. «Le cartable est vraiment à 8300 DA ? Normalement t’ssaâoudouna chouiya, non ? Il n’y a pas de réduction ?» lance un père de famille d’un ton incrédule en direction du vendeur qui s’occupe du stand. 

Le jeune homme est un peu gêné. Néanmoins, il nous assure que la chaîne compte tout de même quantité d’articles à des prix étudiés. «Les prix qu’on pratique ici sont plus bas que ceux pratiqués dans les papeteries. Mais la différence varie d’un article à un autre», insiste le jeune commercial. «Par exemple ce cahier de 96 p qui est à 135 DA, dehors, il est à environ 160 DA. Vous voyez bien qu’il y a une vraie différence. Seulement, il faut tenir compte de la marque, car chaque marque à son prix», précise-t-il.
 

A quelques mètres de là, un autre exposant propose divers articles scolaires à des prix corrects. Une gamme de stylos est à 30 DA l’unité «contre 35 ou 40 DA dehors», nous dit le représentant de cet opérateur. D’après lui, la grosse différence avec les prix du marché est au niveau des sacs et des cartables. «Ce sac à dos par exemple, il est à 2750 DA et dehors, il fait 3000 jusqu’à 3500 DA. Ça fait une sacrée différence quand même», argue-t-il. Il ajoute : «Nous, les rames de papier de 500 feuilles, nous les avons vendues à 500 DA. 

D’ailleurs, elles sont épuisées.» «C’est important de faire un effort pour baisser les prix», plaide-t-il dans la foulée, avant de faire remarquer : «Les gens souffrent pour assurer un trousseau scolaire correct à leurs gosses. Tout à l’heure, il y avait une dame qui se faisait du mouron parce qu’elle n’avait pas les moyens d’acheter les fournitures à ses enfants. La vie est très chère. Beaucoup de gens sont dans le besoin. Il est de notre devoir de les aider.» 
 

«Quand tu achètes en quantité, tu sens la différence»
 

Nous pénétrons sous un autre chapiteau bien achalandé, en face. Sur le fronton du stand, cette inscription : «Des réductions pour tous les articles scolaires». Sur différentes feuilles sont affichés les prix des cahiers suivant chaque format. Des prix défiant toute concurrence. 64 p : 52 DA ; 96 p : 76 DA ; 120 p: 95 DA ; 192 p : 168 DA ; 288 p : 245 DA. On trouve également dans cette caverne d’Ali Baba des sacs à dos à 800 DA ; des packs de 10 stylos à 230 DA, des trousses à 300 DA, des boîtes de peinture à 200 DA et des boîtes de crayons de couleurs à partir de 120 DA. 
 

Une jeune maman furète discrètement au milieu des lots d’affaires amoncelées. Elle est accompagnée de ses deux enfants : une fille et un garçon. «La petite rentre en préscolaire tandis que l’aîné est en 5e AP», sourit-elle. Son sentiment sur les prix pratiqués dans ce marché un peu spécial ? «Ça va, c’est abordable. On m’a conseillé de venir en me disant que c’est moins cher ici, alors je suis venue voir. Les cahiers qui font 80 DA dehors, je les ai trouvés à 70 DA. Ce n’est pas une grande marge, mais quand tu achètes en quantité, tu sens la différence», dit-elle. Sous une tente voisine, un exposant propose des tabliers de couleur rose et de couleur bleue ainsi que des blouses. 

En plus de l’habillement scolaire, ce fabricant, en l’occurrence l’entreprise Riva, basée à Alger, confectionne aussi des uniformes médicaux, des tenues pour agents de sécurité et même des couettes. «Les tabliers sont tous à 650 DA», indique le représentant de cette société. «Le tissu est importé, ce n’est pas du plastique. Il est très résistant, le tablier peut tenir deux ans», déclare-t-il. «Pour les profs, on a ces blouses à 1500 DA 100% coton», détaille notre hôte.
 

Nous poursuivons notre tournée en butinant les étals et nous nous arrêtons devant une autre enseigne d’un opérateur connu : la marque «Vertex». Ici, on loue les vertus de la mise en concurrence des commerçants. «La concurrence entre les exposants, ça pousse à faire un effort supplémentaire sur les prix» fait-on remarquer. Halte devant une autre boutique où nous échangeons avec Youcef, un garçon de 17 ans qui a quitté l’école prématurément, et qui semblait s’ennuyer un peu. «On reste comme ça jusqu’à minuit, 1h du matin. On est crevés», maugrée-t-il. Youcef prend cependant la peine de nous présenter sa palette de produits, réalisés en partie par une entreprise sise à El Hamiz. «Elle fabrique entre autres des recharges pour marqueurs. Ici, ils sont à 250 DA la boîte de 24 cartouches, alors que dehors c’est 20 DA l’unité (soit 480 DA le lot entier, ndlr).» 

Parmi les autres produits exposés, une collection de cahiers de la marque DAT, du nom d’un fabriquant basé à El Harrach. Un cahier DAT de 288 p est cédé à 260 DA, celui de 120 p à 105 DA. «Rana m’assaâdine ennass (on a arrangé les gens)», répète Youcef. «Ce cahier, il est à 80 DA (un cahier de 96 p). En temps normal, il est à 100 DA. Celui qui achète en grande quantité fait de vraies économies», assure-t-il encore, confirmant la tendance générale.


«Le site est pratique et les prix sont abordables»


Ce client que nous apostrophons peu après avoir pris congé de Youcef, et qui tenait un sac en plastique avec un seul article dedans, un registre, n’est pas très content, lui. «Ce même registre, je l’avais acheté l’an dernier 180 DA, et là, je viens de le payer 300 DA. C’est presque le double !» fulmine-t-il. 
 

Mohamed, la cinquantaine, fonctionnaire de son état, s’apprêtait à quitter le marché éphémère des Sablettes quand nous l’avons abordé. Il a les bras chargés. Mohamed est accompagné de son épouse. Le couple a fait le déplacement depuis les Eucalyptus. Ils ont laissé leurs quatre enfants à la maison et sont venus faire rapidement leurs achats. Notre homme a l’air plutôt satisfait de la moisson du jour : «Il y a tout ce qu’il faut ici. Et les prix sont abordables», résume-t-il. Mais pour lui, il y a comme un parfum de tromperie sur la marchandise : «Ils ont réduit les prix de certains articles mais pas sur d’autres, ce qui fait qu’au bout du compte, tu laisses quand même une coquette somme. 

Regardez (il fouille dans ses poches et en extirpe un billet de 1000 DA et quelques pièces de monnaie). Je suis venu avec 10 000 DA et voilà ce qui me reste ! Tout est parti dans les cartables et les cahiers.» Et de nous confier : «J’ai un élève en classe de terminale, une fille au collège, un autre au primaire et un en préscolaire. J’ai préféré acheter maintenant pour éviter la bousculade de la rentrée.» Mohamed est surtout charmé par le choix du site : «Ici, c’est plus tranquille. Le site est vraiment pratique. Tu as l’espace. C’est plus confortable. Il n’y a pas de problème de stationnement. C’est sécurisé. Et tu fais des économies. S’il le faut, je reviendrai compléter mes achats. On aurait aimé avoir ça toute l’année.» 

 

Reportage réalisé par  Mustapha Benfodil

 

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