Au Festival de Cannes, Jude Law et Johnny Depp se disputent la couronne royale

22/05/2023 mis à jour: 20:43
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Après le Louis XV de Maïwenn, qui n'a pas toujours convaincu avec son accent, le tapis rouge a reçu la dynastie Tudor en la personne d'Henri VIII, du Jeu de la reine signé Karim Aïnouz.

Après le Louis XV de Johnny Depp, le Festival de Cannes a déroulé dimanche le tapis rouge à Henri VIII d'Angleterre, incarné par un Jude Law métamorphosé en roi jaloux et paranoïaque. Si le «Bien-Aimé» de Jeanne du Barry ne fait pas l'unanimité, certains critiques soulignant le peu de phrases énoncées par l'ex-Pirate des Caraïbes, Firebrand (Le jeu de la reine ) de Karim Aïnouz, présenté en compétition, est une fresque qui devrait laisser son empreinte royale sur la Croisette, grâce notamment à la performance saisissante de Jude Law.

 

La dynastie Tudor a été une source d'inspiration infinie pour le grand et le petit écran, mais très peu évoquent, comme Firebrand, le sort de Catherine Parr, sixième et dernière épouse du roi. Comme tout droit sorti des peintures de Hans Holbein, le film offre un très beau jeu de lumières et de couleurs, avec souvent des arrêts sur image sur Jude Law et Alicia Vikander, qui prête ses traits à Catherine Parr.

« Hymne contre le patriarcat »

Jude Law est presque méconnaissable en Henry VIII qui, à la fin de sa vie, était devenu obèse, boiteux en raison d'une infection à la jambe.

L'acteur parvient, comme dans un sombre conte de fées, à rendre très réel Henri VIII, ce Barbe-Bleue qui a répudié deux de ses femmes (Catherine d'Aragon et Anne de Clèves), en a décapité deux autres (Anne Boleyn et Catherine Howard) et perdu une autre en couches (Jane Seymour).

« Je ne connaissais rien sur la Maison Tudor mais c'est le personnage de Catherine Parr qui m'a motivé car personne n'avait fait un film sur elle. C'était toujours à propos des épouses qui sont mortes et pas celle qui a survécu, ou à propos du roi, qui était un monstre », explique à l'AFP le réalisateur brésilien Karim Aïnouz.

« Jude Law a vraiment tenté d'incarner le physique de Henri VIII. Il a marché pendant des mois avec des poids sur les jambes... Il a eu mal au dos après le tournage tellement il a imité le boitement du roi », raconte-t-il, précisant que l'acteur a lu également une vingtaine de livres sur le monarque pour s'approprier le personnage.

Dans le film, décrit par Aïnouz comme un « hymne contre le patriarcat », Henri VIII entre dans une colère noire quand l'évêque Stephen Gardiner parvient à le convaincre que la reine soutient activement la « nouvelle foi », à une époque où la foi protestante gagnait du terrain en Angleterre.

« On est déjà passé par là », ne cesse-t-il de répéter, le film montrant habilement comment les doutes s'insinuent progressivement dans son esprit. Tout le reste de la distribution est de haute volée, notamment Alicia Vikander dans le rôle d'une reine ayant la réputation d'avoir pu calmer le tempérament orageux du roi.

« Elle était une femme extrêmement intelligente (...) qui a survécu à un tyran. Je ne peux pas imaginer ce que ça a été pour elle », affirme à l'AFP l'actrice, connue pour avoir joué une androïde dans Ex Machina.

Elle confie que le jeu de Jude Law était tellement impressionnant qu'elle a été marquée par les scènes où le roi « rôde autour » d'elle ou la regarde différemment, plutôt que les scènes violentes.

Le film détaille sa sympathie pour Anne Asqew, poétesse protestante qui sera condamnée au bûcher pour hérésie. S'il n'y aucune preuve historique, Firebrand montre des rencontres entre elles et l'adhésion très claire de la reine aux idées réformatrices, notamment dans une scène où on la voit prier en anglais et non en latin, un des piliers du protestantisme.

Etait-il risqué pour un réalisateur brésilien d'origine algérienne de se lancer dans un film sur la monarchie anglaise? « Quand les Américains font un film sur Cléopâtre avec Elizabeth Taylor, on ne se pose pas la question », sourit-il.

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