L’annonce de la révision du code communal et de wilaya, réitérée à la fin de la semaine dernière par le ministre de l’Intérieur, est une bonne nouvelle pour des populations dont l’amélioration du cadre de vie est suspendue au bon fonctionnement des collectivités locales.
Si les pouvoirs publics, de concert avec nombre d’observateurs, s’accordent à dire que l’élargissement des prérogatives des élus locaux est une priorité dans ce chantier de réforme du texte de loi, il importe de souligner que les conditions d’élection des présidents des assemblées locales revêtent une dimension cardinale.
Les dispositions de la loi en vigueur ont donné lieu, lors du vote de l’année dernière, à des situations de blocage qui perdurent à ce jour, grevant ainsi la bonne marche des structures et des services, et bridant les capacités à insuffler une nouvelle dynamique de développement. La marge de manœuvre de l’élu n’équivaut pas toujours au niveau des prérogatives dont il peut théoriquement disposer, mais elle est immanquablement conditionnée par son assise électorale.
C’est le véritable viatique des équipes engagées dans la gestion de la cité. Le mode de désignation des exécutifs et de leur chef est présentement si aléatoire que le résultat au bout du processus électoral prend une tournure quasi antidémocratique, ce qui est paradoxal s’agissant d’un dispositif conçu pour recueillir les suffrages des citoyens et leur donner un prolongement dans les institutions et les instruments d’exécution des programmes de développement. L’importance des prérogatives, évoquée à la même occasion par le premier responsable en charge des collectivités locales, est également relativisée devant le contexte psychologique et même politique prévalant dans le pays. La présidence d’une assemblée ou d’une commission n’est globalement pas considérée comme une charge, mais comme une situation de rente ou de prestige. Il faut dire que l’Etat y a grandement contribué en agissant avantageusement, il y a une dizaine d’années, sur le régime indemnitaire des élus locaux. Une démographie élevée dans une circonscription n’est plus synonyme d’une charge de travail plus grande, mais d’une indemnité substantielle.
Le dévoiement de la vocation et des missions de l’élu peut être résorbé en amont par un environnement politique mieux structuré. La situation des partis qui s’investissaient naguère dans la formation des élites étant des problématiques, une rénovation du paysage politique s’avère fortement compromise. La désertification qui sévit ces dernières années a des répercussions directes sur le sort des populations locales. Elles sont livrées à des ersatz de représentation qui ont une conception très incertaine des attentes citoyennes. La nouvelle génération des parlementaires, dans une forte proportion, a totalement désappris le rôle qui devait être le sien et les nouveaux députés et sénateurs ont durablement oublié l’obligation et la promesse d’ouvrir des permanences au plus près de leurs électeurs. Acculés à une lutte de survie, les formations politiques traditionnelles ont cédé le terrain à des «observatoires» aux contours indéfinis et aux missions improbables, vouant les citoyens à une incertitude renouvelée.