Ath Mellikeche (Béjaïa) : L’incontournable rendez-vous cultuel et culturel

21/10/2024 mis à jour: 08:53
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Des enfants recevant la bénédiction d’Agraw (photo : El Watan)

C’est un incontournable rendez-vous cultuel et culturel qui perdure depuis des siècles. Cette année, Tsevyitha a été célébrée vendredi passée, au niveau du village Lemsella, relevant de la commune d’Ath Mellikeche, dans la wilaya de Béjaïa. 

Les participants ayant afflué dans le petit village niché dans les montagnes du Djurdjura, se sont donné rendez-vous à la grande cour de la mosquée. La foule, composée en majorité de femmes, s’est rapidement recueillie autour du mausolée de Sidi El Mouafaq, un lieu de pèlerinage renommé dans toute la région. Là, les fidèles ont récité des prières et sollicité la bénédiction du saint.

En parallèle, les visiteurs ont reçu la bénédiction d’Agraw, un groupe de personnes âgées. «Cela fait des décennies que je participe à la Tsevyitha de Sidi El Mouafaq. J’aime me retrouver dans ces lieux et dans ce cadre convivial et chaleureux», confie une sexagénaire, originaire d’Akbou, venue spécialement prendre part à l’évènement. 


Espace de communion

Outre sa dimension religieuse, Tsevyitha revêt également une importance sociale et communautaire. C’est un espace de communion, de partage et de solidarité où se tissent des liens entre personnes issues de différentes régions. Selon SadekOulebsir, président de l›association, les racines de cette tradition remontent au 17e siècle, à l’époque où Sidi El Mouafaq était le guide spirituel de la région. «La Tsevyitha coïncide avec la période d’Iwǧǧiben, soit le début de la saison agricole. Autrefois, cette occasion permettait aux villageois de régler leurs différends devant le saint patron avant de se consacrer aux travaux des champs ». 

De nos jours encore, cet événement marque symboliquement le coup d’envoi du labour de la terre et des activités agricoles à venir. Et comme souvent lors de ces événements communautaires, ce genre de rituels est accompagné d’une Waâda ou repas collectif, généralement composé du traditionnel couscous. Cette année encore, l’association a pris en charge la préparation et la distribution de ce repas partagé par des milliers de visiteurs venus assister aux festivités. 


Perpétuer la coutume

« Autrefois, chaque famille apportait la nourriture qu›elle avait elle-même préparée chez soi, créant ainsi un moment de partage et de convivialité entre tous les participants à la cérémonie. Aujourd›hui, afin de préserver cette tradition ancestrale de Tsevyitha et toutes les valeurs de générosité et de solidarité qu’elle véhicule, c’est désormais l’association et ses différents partenaires qui s’occupent entièrement de cette tâche d’organisation du repas collectif », explique M. Oulebsi et d’ajouter que son association fait de son mieux pour perpétuer cette coutume si importante pour notre communauté. 

En effet, au-delà du repas collectif et de l’organisation de Tsevyitha, l’association s’attache à valoriser et à entretenir d’autres éléments du patrimoine local. Ainsi, elle a complètement rénové la mosquée qui menaçait ruine, ainsi que le mausolée de Sidi El Mouafaq, afin de les préserver pour les générations futures. Elle a également créé une bibliothèque publique, une classe coranique et une salle de soutien scolaire, offrant ainsi de nouvelles opportunités éducatives aux élèves de la région.

 
Dernièrement, l’association a même réalisé une maison d’hôtes et une salle des conférences, permettant d’accueillir des visiteurs et d’organiser des événements au bénéfice de toute la communauté locale. Face à ces initiatives louables, M. Oulebsir tient à lancer un appel aux autorités locales et de wilaya, afin qu’elles apportent leur soutien et leur encouragement au mouvement associatif engagé sur le terrain.

 «Leur aide serait précieuse pour nous permettre de poursuivre et d›amplifier nos actions en faveur de la préservation de notre patrimoine et du bien-être de notre communauté dans divers domaines », conclut-il avec espoir.
 

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