Assèchement des cours d’eau, pollution des barrages et impact sur la faune et la flore à l’ouest : L’Algérie dénonce les pratiques du Maroc

26/10/2024 mis à jour: 09:38
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Les agissements des autorités marocaines ont entraîné l’assèchement prolongé du barrage Djorf Torba sur le territoire algérien - Photo : D. R.

Outre l’aggravation de la sécheresse et la dégradation du couvert végétal du côté algérien, les pratiques marocaines ont causé la disparition de 43 espèces d’oiseaux et d’animaux rares, ainsi qu’une perturbation des routes migratoires des oiseaux migrateurs.

L’Algérie dénonce les effets néfastes des pratiques marocaines sur les eaux de surface transfrontalières dans l'ouest du pays.  «Les régions ouest et sud-ouest de l’Algérie subissent des effets négatifs résultant des pratiques de l’Etat voisin, le Maroc, obstruant et détruisant les eaux de surface transfrontalières», déplore le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal.

S’exprimant à l’occasion de la 10e réunion des parties à la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontalière et des lacs internationaux, dont l’Algérie n’est pas membre, le ministre présente le constat fait dans cette bande frontalière algéro-marocaine. Taha Derbal affirme, dans ce sens, que «ces pratiques ont provoqué des catastrophes environnementales».

Il cite, ce faisant, la détérioration de la qualité des eaux du barrage Hammam Boughrara, dans la wilaya de Tlemcen, à cause de la contamination des eaux entrantes des territoires marocains, et de la forte réduction des eaux de l’oued Ghir, affluant vers le territoire algérien, à cause des barrages construits du côté marocain de la frontière. Ces barrages marocains, indique-t-il, ont entraîné l’assèchement prolongé du barrage Djorf Torba sur le territoire algérien.

L’impact de ces pratiques, souligne-t-il, est subi également par la région de la Saoura à Béchar, dans le sud-ouest de l’Algérie. Dans cette zone, regrette le ministre, on assiste à l’effondrement des écosystèmes et de la biodiversité, affectant notamment la faune et la flore. Mais pas seulement. Taha Derbal relève aussi les répercussions économiques et sociales graves sur les habitants des régions frontalières algériennes affectées.

Outre l’aggravation de la sécheresse et la dégradation du couvert végétal du côté algérien, les pratiques marocaines, indique M. Derbal, ont causé la disparition de 43 espèces d’oiseaux et d’animaux rares, ainsi qu’une perturbation des routes migratoires des oiseaux migrateurs. L’Algérie, qui, selon lui, «a consenti un énorme effort financier pour parvenir à des solutions alternatives en vue d’approvisionner les habitants de la région en eau potable, nécessite un soutien international pour rétablir les écosystèmes affectés».

Disparition des espèces rares

Poursuivant, le ministre de l’Hydraulique met en avant la conduite que s’est imposée l’Algérie dans ce domaine.  «L'Algérie s’efforce de tenir compte des besoins hydriques des pays voisins et évite, dans l’élaboration de ses politiques, les pratiques d’exploitation qui nuisent aux pays limitrophes, telles que la construction de barrages dans des régions proches des frontières ou encore la déviation des cours d’eau superficielle», explique-t-il.

Le ministre souligne, dans la foulée, l’accord entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye pour une meilleure gestion de la nappe de l’Albien. Il rappelle l’accord tripartite entre ces trois pays sur la création d’un mécanisme de concertation sur la gestion des eaux souterraines communes dans le Sahara septentrional. Un accord qui a été signé le 24 avril dernier à Alger. «Cette démarche est un exemple à suivre en matière de solutions basées sur la coordination entre les Etats», estime-t-il.

Selon le ministre, l’Algérie s’emploie à faire face aux défis inhérents aux eaux transfrontalières, à travers l’échange des expériences et des pratiques appropriées en matière de gestion des eaux, l’unification des positions et des vues à l’égard des initiatives internationales relatives à ce domaine, «tout en prenant en considération le principe de la souveraineté de chaque Etat sur ses ressources en eau».

Enchaînant, Taha Derbal met l’accent sur «la nécessité de renforcer le dialogue et de rendre la concertation entre les pays une réalité concrète, étant le moyen le plus efficace pour garantir le développement durable dans le monde».
 

 

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