L’affaire de l’horrible assassinat du jeune artiste, Djamel Bensmail, en plein mois d’août 2021, à Larbaâ Nath Irathen, revient pour la troisième fois, devant la justice, après la cassation du verdict prononcé le 22 octobre 2023 par la Chambre d’appel criminelle près la cour d’Alger.
Le procès des auteurs présumés de l’assassinat, le 21 août 2022, à Larbaâ Nath Irathen (Tizi Ouzou), de Djamel Bensmail, ce jeune artiste de Miliana, pris pour un pyromane, alors qu’il voulait aider la population face aux incendies qui ravageaient de nombreux villages, reviendra pour la troisième fois, devant la Chambre criminelle d’appel, près la cour d’Alger, autrement composée.
La Cour suprême a accepté les pourvois introduits par le représentant du ministère public et les autres parties au procès, et renvoyé jeudi dernier, le dossier, pour un nouveau procès, devant la même chambre autrement composée.
Décision prévisible, surtout que la sentence du dernier procès en appel, prononcée le 22 octobre 2023, avait suscité la colère des familles des 94 accusés, poursuivis et jugés pour des crimes «terroristes, subversifs attentatoires à la sécurité de l’Etat, à l’unité nationale et à la stabilité des institutions», «participation à un homicide volontaire avec préméditation», de «complot, de la mise à feu volontaire des forêts ayant entraîné la mort de plusieurs personnes», «de torture et de discours de haine».
Les familles des mis en cause et les notables de la région de Larbaâ Nath Irathen avaient, d’ailleurs, saisi par écrit le président de la République dans l’espoir d’un nouveau procès. Pour rappel, la Chambre criminelle près la cour d’Alger et après deux jours de délibérations, trois jours de débats et trois autres de plaidoiries de la défense des 93 accusés et de la partie civile, a condamné 36 accusés à la peine de mort, 6 autres à 20 ans de réclusion criminelle et un seul à 10 ans de prison ferme, alors que 26 autres accusés ont bénéficié de l’acquittement.
La même chambre a, par ailleurs, infligé des peines de 3 ans de prison ferme à 14 accusés, de 7 ans de prison ferme à 15 autres et exigé le paiement solidaire par l’ensemble des condamnés à mort d’une somme de 20 millions de dinars à la famille du défunt au titre de réparation du préjudice subi.
Le prononcé du verdict par la présidente a eu lieu sous les cris de certains accusés, condamnés à de lourdes peines et de sanglots, poussant le service d’ordre, présent en force, à isoler les bancs des accusés et à demander à l’assistance de quitter la salle d’audience.
A l’extérieur du tribunal, les proches et membres des familles des accusés s’étaient rassemblés face à la juridiction, encerclée par un dispositif sécuritaire impressionnant. Crises hystériques, sanglots et évanouissements, des scènes poignantes de mamans qui venaient d’apprendre les mauvaises nouvelles de leurs enfants. Près d’une demi-heure plus tard, le procès a repris sans les accusés, pour statuer sur l’action civile.
Onde de choc
Sept accusés ont été condamnés au versement à une des victimes (agression le jour du crime) d’une somme solidaire de 3 millions de dinars, en réparation du préjudice subi. Elle a également exigé de chacun des accusés condamnés à la peine capitale de verser la somme de 200 000 DA au Trésor public, au titre du préjudice subi.
Les mêmes accusés ont été sommés, en outre, de payer solidairement un montant de 20 millions de dinars à la famille de Djamel Bensmail, en réparation du préjudice subi. Ce procès a été programmé après l’appel introduit contre le jugement en première instance, rendu le 24 novembre 2022, par le tribunal criminel de Dar El Beida, à Alger.
Au box des accusés 94 mis en cause, jugés pour le meurtre et le lynchage en public de Djamel Bensmail. Dans le cadre de ce procès, 49 accusés ont écopé de la peine capitale, 28 autres d’une peine de 10 ans de prison ferme et 17 ont bénéficié d’un acquittement.
Durant ce procès, les déclarations de nombreux accusés avaient créé une onde de choc, tout comme les images et les vidéos prises sur les lieux du crime, montrant les différentes étapes de l’enlèvement, de la torture, du lynchage public, de l’assassinat, puis de l’immolation de Djamel Bensmail.