Arabie Saoudite : 81 personnes exécutées en un jour

13/03/2022 mis à jour: 12:58
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L’Arabie Saoudite a exécuté en une seule journée, hier, 81 personnes condamnées à mort pour des crimes liés au «terrorisme», un record qui dépasse le nombre total d’exécutions en 2021 dans le royaume.

Soixante-treize Saoudiens, sept Yéménites et un Syrien «ont été reconnus coupables d’avoir commis de multiples crimes odieux» dans le pays, a rapporté l’agence de presse officielle SPA, relayée par l’AFP.

Parmi eux, des hommes liés à l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) au réseau Al Qaîda et aux rebelles houthis du Yémen, a précisé l›agence. Les 81 personnes ont été condamnées à la peine capitale pour avoir «attaqué des lieux de culte, des bâtiments gouvernementaux et des installations vitales pour l’économie du pays» et pour des «crimes d’enlèvement, de torture, de viol et de contrebande d’armes», toujours selon SPA. «Ces crimes ont fait un grand nombre de morts parmi les civils et les forces de l’ordre», a-t-elle ajouté.

L’Arabie Saoudite a l’un des taux d’exécution les plus élevés au monde, avec 69 exécutions en 2021, selon un décompte de l’AFP basé sur des déclarations officielles. Cette monarchie absolue est dotée depuis 1992 d’une Loi fondamentale assimilée à une Constitution, reposant sur la charia, la loi islamique. L’homicide, le viol, les attaques à main armée, la sorcellerie, l’adultère, la sodomie, l’homosexualité et l’apostasie sont passibles de la peine capitale dans le royaume ultraconservateur.

Le même jour, l’Arabie Saoudite a confirmé l’interdiction de quitter le territoire saoudien pendant les dix prochaines années pour le blogueur et militant des droits humains Raif Badawi, libéré la veille après dix ans de prison.

«La condamnation de Raif Badawi à dix ans de prison a été suivie (à sa libération) d’une interdiction de quitter le territoire pendant la même durée. Le tribunal a rendu sa décision et elle est définitive», a indiqué, sous le couvert de l’anonymat, une source au sein du ministère saoudien de l’Intérieur. «Il ne peut donc pas quitter le territoire pendant les dix prochaines années, à moins qu’une grâce (royale) lui soit accordée», a ajouté cette source.

L’ancien lauréat du prix Reporters sans frontières pour la liberté de la presse, âgé de 38 ans, a été arrêté en 2012 puis condamné fin 2014 à dix ans de prison et à 50 coups de fouet par semaine pendant 20 semaines pour avoir plaidé, notamment, pour la fin de l’influence de la religion sur la vie publique. La première séance de flagellation sur une place publique en Arabie Saoudite en 2015 a choqué le monde pour son caractère «médiéval», selon l’expression d’une ministre suédoise à l’époque. Il n’a plus été fouetté par la suite.

Ensaf Haidar, la femme de Raif Badawi, a annoncé vendredi que son mari est «libre», une nouvelle confirmée par un responsable de la sécurité saoudienne. La sœur de Raif Badawi, Samar Badawi, ainsi que la militante Nassima Al Sadah, libérées en 2021, restent bloquées dans le royaume.

Par ailleurs, un jeune saoudien condamné à mort pour des crimes commis alors qu’il était mineur a été hospitalisé après avoir commencé une grève de la faim, ont indiqué hier une organisation non gouvernementale (ONG) et sa famille. En 2017 et âgé alors de 14 ans, Abdallah Al Howaiti a été arrêté et accusé de vol à main armée et du meurtre d’un officier de police dans la province septentrionale de Tabouk.

Il a été condamné à mort pour la deuxième fois plus tôt ce mois, après que la Cour suprême ait annulé un premier verdict prononcé en 2019 et ordonné un nouveau procès. Cinq autres accusés ont été condamnés à 15 ans de prison pour aide et complicité.

L’ONG britannique Reprieve a affirmé sur Twitter que le jeune homme a été placé à l’isolement. «Abdallah a commencé une grève de la faim et a été hospitalisé après s’être effondré.» La semaine dernière, sa mère a écrit sur Twitter que Abdallah Al Howaiti a entamé une grève de la faim après avoir été placé à l’isolement.

L’organisation de défense des droits humains ALQST, basé à Londres, a condamné la nouvelle condamnation à la peine capitale en parlant d’un «procès manifestement inéquitable». Les faits présumés «ont eu lieu alors qu’Al Howaiti n’avait que 14 ans, ce qui montre que les autorités saoudiennes continuent d’appliquer la peine de mort aux mineurs», a-t-elle ajouté.

En 2020, l’Arabie Saoudite a annoncé qu’elle met fin à la peine capitale pour ceux condamnés pour des crimes commis alors qu’ils avaient moins de 18 ans.

 


 

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