L'ambassadeur de France au Niger Sylvain Itté, dont les militaires au pouvoir à Niamey réclamaient le départ depuis fin août, est arrivé à Paris hier, au terme d'un long bras de fer entre les deux pays, a annoncé le ministère des Affaires étrangères français, cité par l’AFP.
La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, «l'a reçu au Quai d'Orsay pour le remercier de son action et de celle des équipes qui l'entouraient au service de notre pays, dans des conditions difficiles», selon le ministère.
Un peu plus tôt, une source diplomatique a indiqué que l'ambassadeur de France au Niger a quitté Niamey tôt hier. «L'ambassadeur», Sylvain Itté, «et six collaborateurs ont quitté Niamey vers 4h» (3h GMT), a indiqué une source diplomatique.
Son départ a été confirmé par une source au sein du ministère de l'Intérieur nigérien qui a précisé que l'avion était parti en direction du Tchad. Dimanche soir, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé le retour à Paris de S. Itté «dans les prochaines heures».
Le lendemain, le régime nigérien, arrivé au pouvoir par un putsch le 26 juillet, a dit attendre «que cette déclaration soit suivie d'actes officiels émanant des autorités françaises compétentes».
Les militaires ont exigé le départ de S. Itté du pays depuis fin août. Ils lui ont retiré son immunité et son visa diplomatiques, mais Paris a refusé jusqu'ici de le rappeler.
Soutien au président déchu
La France a affirmé depuis le coup d'Etat qu'elle ne reconnaît pas la légitimité des militaires au pouvoir et que son interlocuteur reste le président renversé Mohamed Bazoum. Emmanuel Macron a également annoncé dimanche que les 1500 soldats français déployés au Niger dans la lutte antijihadiste quitteraient le pays d'ici la fin de l'année, une autre demande du régime de Niamey. Selon le président français, la France met ainsi fin «à sa coopération militaire avec les autorités de fait du Niger, car elles ne veulent plus lutter contre le terrorisme».
Hier, il a réaffirmé son «soutien» à Mohamed Bazoum lors d'un entretien avec Hassoumi Massaoudou, ministre des Affaires étrangères du gouvernement renversé, a rapporté l'Elysée. Comme il a exprimé «la détermination de la France à poursuivre ses efforts auprès des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de ses partenaires européens et internationaux pour un retour à l'ordre constitutionnel au Niger», selon la présidence française.
Les militaires qui ont célébré ces annonces comme «une nouvelle étape vers la souveraineté du Niger», ont toutefois souhaité que ce retrait se fasse «dans un cadre négocié et d'un commun accord pour une meilleure efficacité». Le Niger, comme ses voisins du Burkina Faso et du Mali, est la cible d'attaques jihadistes récurrentes sur son sol depuis plusieurs années. Les relations entre Niamey et Paris, son ancienne puissance coloniale, sont au plus bas depuis le coup d'Etat du 26 juillet.
Des manifestations et des rassemblements pour le retrait des troupes françaises au Niger ont réuni des dizaines de milliers de personnes dans la capitale ces dernières semaines.
C'est le troisième pays sahélien qui demande le retrait des troupes françaises en moins de deux ans après le Mali et le Burkina Faso, également dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des putschs.
Les Etats-Unis, qui disposent de 1100 soldats au Niger, ont indiqué de leur côté évaluer leurs options quant à un éventuel retrait.
La semaine dernière, l'Allemagne a prévenu que sa centaine de soldats déployés au Niger pourrait également se retirer si la France choisissait cette option.