Après les Etats-Unis et la Chine : L’Europe rejoint la course dans la fabrication de batteries électriques

14/05/2023 mis à jour: 05:20
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Après des mois d’incertitude, le groupe suédois Northvolt a décidé d’aller de l’avant dans l’implantation d’une immense usine dans le nord de l’Allemagne, qui fournira des batteries à un million de véhicules électriques à partir de 2026, grâce à une capacité de 60 gigawattheures (GWh). 

Le taïwanais ProLogium a, lui, choisi le nord de la France pour installer une usine de batteries nouvelle génération. L’annonce, vendredi, de cet investissement à 5,2 milliards d’euros se traduira par une capacité de production annuelle de 48 GWh, suffisamment pour des centaines de milliers de voitures. En lien avec l’usine de ProLogium, un site de production de matériaux de cathodes pour les batteries lithium doit aussi voir le jour à Dunkerque, selon une autre annonce vendredi du président français, Emmanuel Macron. Cet investissement de 1,5 milliard d’euros sera porté par une coentreprise entre le groupe chinois XTV et le français Orano. 

L’Europe, qui tente de rattraper un retard considérable dans la production de batteries électriques pour l’automobile, «a les moyens d’être dans la compétition», constate Tobias Gehrke, chercheur en géoéconomie au European Council on Foreign Relations (ECFR). «Nous sommes dans une position acceptable, mais la pression monte», prévient-il. Car le plan du gouvernement américain, qui prévoit des crédits d’impôt colossaux pour l’industrie verte afin de contrer la montée en puissance chinoise, fait craindre une fuite des gros investissements vers l’Amérique du Nord. C’est l’une des raisons qui risquait de remettre en question le choix de Northvolt de construire en Allemagne sa première usine hors de Suède.

Subventions

«Il est possible que nous donnions d’abord la priorité à l’expansion aux Etats-Unis par rapport à l’Europe», avait déclaré en octobre dernier le PDG de l’entreprise, Peter Carlsson, mettant Berlin en émoi. La crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, qui a fait flamber les coûts de production, a également rendu l’Europe moins attractive, avait-il ajouté. Dans un communiqué conjoint avec le gouvernement allemand publié vendredi, Northvolt dit avoir finalement «décidé de passer aux prochaines étapes dans son expansion à Heide», le site allemand choisi à quelques kilomètres de la côte de la mer du Nord. Argument décisif : Berlin promet un «soutien» financier au projet, non chiffré, qui devrait s’ajouter aux aides facilitées par l’Union européenne pour soutenir le développement de cette industrie sur le Vieux Continent. Près de 50 usines de batteries lithium-ion doivent voir le jour en Europe d’ici à 2030, alors qu’elles sont quasi inexistantes aujourd’hui. 

L’Allemagne est le pays le plus à la pointe avec l’équivalent de 498 GWh de projets dans les cartons, suivie de la Hongrie (224 GWh). Grâce au projet de ProLogium à Dunkerque, la France passe troisième avec 170 GWh, devant la Norvège (136 GWh), selon le suivi de l’ONG Transport and Environment. Mais d’après cette ONG, 68% de ces projets risquent d’être «revus à la baisse, retardés ou interrompus», en raison notamment de la concurrence américaine accrue par les subventions de l’Inflation Reduction Act (IRA). Signe de l’attrait de l’Amérique du Nord, Northvolt a annoncé vendredi qu’il envisageait de construire une usine aux Etats-Unis ou au Canada, parallèlement au site allemand. Une décision sera prise «dans les prochains mois», a indiqué une porte-parole du groupe à l’AFP. 
 

Électricité, un paradoxe

L’Europe souffre d’un énorme problème de compétitivité : «Nous payons le double pour l’électricité par rapport à la Chine», déplore M. Gehrke. Il faut «subventionner l’énergie pour ne pas décrocher», plaide-t-il. En décembre, les batteries lithium-ion coûtaient 24% plus cher aux Etats-Unis qu’en Chine. En Europe, elles étaient 34% plus chères. Pour le chercheur, l’objectif de l’Europe de produire l’ensemble des batteries nécessaires à son industrie automobile sur son sol d’ici à 2030 paraît à ce stade peu réaliste. Autre handicap majeur : l’accès aux matériaux critiques – graphite, lithium, nickel, manganèse et cobalt –, dont la chaîne d’approvisionnement est largement maîtrisée par la Chine. 

 

Par Rédaction automobile
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