Après un boom record de ses exportations en 2024, la Chine voit l’horizon s’assombrir pour son commerce extérieur, moteur de sa croissance économique, suspendu aux droits de douane élevés promis par le président élu américain Donald Trump.
En 2024, les exportations du géant asiatique ont atteint le niveau record d’environ 3400 milliards d’euros, en hausse de 7,1% sur un an, selon des données officielles publiées le 13 janvier. Mais cette situation pourrait ne pas durer. Les exportations «devraient rester résilientes à court terme», mais «devraient s’affaiblir plus tard dans l’année si Donald Trump met à exécution sa menace de droits de douane», anticipent les spécialistes interrogés par l’AFP.
Ce qui devrait ralentir la croissance chinoise de nouveau à 4,4% cette année, soit moins de 0,8% par rapport à 2023 (5,2%). Et ce, en attendant que le taux pour 2024 soit dévoilé demain. Il est attendu conforme à l’objectif fixé par Pékin, mais au plus bas depuis 35 ans hors années de pandémie, signe d’un essoufflement persistant sur fond de consommation toujours morose. Une baisse vers 4% en 2026 est même prévue chez la deuxième plus grande économie du monde qui peine à se relever d’une grave crise de l’immobilier, avec tous ses effets sur le moral des consommateurs et sur les finances des collectivités locales.
La menace brandie par Trump pour l’augmentation des tarifs douaniers sur les produits chinois vient aggraver la situation. C’est dire les menaces qui pèsent sur la Chine dont les produits exportés vers l’Europe et les Etats-Unis sont accusés de fausser la concurrence en raison des subventions généreuses accordées par Pékin aux fabricants, ouvrant la voie à des sanctions grippant les échanges.
C’est justement sur ce motif que l’Union européenne (UE) a institué, en octobre 2024, des droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques importées de Chine. En prévision de la mise en œuvre des mesures de Trump, des entreprises américaines ont renforcé leurs achats de composants chinois, fin 2024, pour gonfler leurs stocks contribuant ainsi à faire bondir les exportations chinoises vers les Etats-Unis de 3,7% sur l’ensemble de l’année.
Une augmentation de 20% des droits de douane américains coûterait 0,7 point de croissance à la Chine en 2025, selon une estimation de Goldman Sachs. En réaction, Pékin pourrait «laisser le yuan se déprécier (...) pré-positionner ses exportations de biens dans des pays tiers d’où ils seraient ensuite envoyés aux Etats-Unis, où ils trouveront de nouveaux marchés», explique Agatha Kratz, directrice chez Rhodium Group, citée par l’AFP.