Après la suppression de l'examen de 5e : Quand des écoles de cours de soutien se recyclent

23/01/2022 mis à jour: 16:08
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Des cours de soutien sans grande fréquentation / Photo : D. R.

Le business des cours de soutien s’est complètement effondré dans ce palier scolaire à Alger. Pour survivre, beaucoup d’écoles ont préféré investir un autre créneau tout en restant dans le cadre pédagogique.

Depuis l’annonce de la suppression de l’examen de 5e , de moins en moins d’élèves suivent les cours de soutien. 

Des écoles «privées» et des enseignants ayant l’habitude de donner ce genre de cours ne reçoivent plus que quelques rares élèves, ayant de sérieux problèmes dans certaines matières. 

Le constat s’applique à toutes les communes de la capitale, apprend-on auprès d’enseignants. Le business des cours de soutien s’est complètement effondré dans ce palier scolaire. 

Avant l’annonce de la décision du ministère de l’Education nationale, des écoles et des enseignants assurent des cours moyennant 1500 à 2000 DA par mois, en groupe, et 1300 DA à 2500 DA la séance, en individuel. 

Les tarifs diffèrent selon les enseignants, mais surtout la réputation des écoles. Ces mêmes tarifs ne sont généralement pas les mêmes à Bab el Oued et Hydra, nous dira une enseignante de langue française. Selon elle, le manque d’affluence n’a rien à voir avec l’actuelle vague de coronavirus. 

Des élèves et leurs parents avaient fait le choix de ne pas suivre ces cours qui pesaient lourds sur le budget de nombreuses familles. 

Ainsi, si l’utilité de ces cours semble liée plutôt à l’examen final et son caractère officiel qu’au souci d’apprentissage et d’assimilation des leçons par les élèves, de nombreux enseignants ne perdent pas espoir. 

Et pour cause, certains parents d’élèves n’inscrivent pas leurs enfants uniquement pour des considérations pédagogiques. 

«A Alger, beaucoup de parents travaillent et ne peuvent récupérer leur progéniture à la sortie de l’école. Ils payent ce genre de cours pour que leurs gosses soient entre de bonnes mains et en sécurité en attendant leur arrivée…», témoigne un autre enseignant. 

Certains enseignants sont jeunes et manque d’expérience, mais on leur confie des élèves qu’ils récupèrent à leur sortie de classe. «Ils assurent plus un travail de garderie que d’enseignement», indique-t-on. 

Sinon comment expliquer qu’un élève qui sort de cours soit directement dirigé vers d’autres cours supplémentaires, ajoute notre interlocuteur. 

A Alger, le problème de la garde des enfants est un véritable casse-tête pour de nombreuses familles, notamment les couples travailleurs. Au primaire, les élèves sont encore en bas âge et sont souvent accompagnés à l’aller et au retour de l’école. 

Si certains suivent les cours de soutien pour s’améliorer et bien préparer les examens, une partie est là juste en attendant que les parents arrivent. «Avec l’annulation de l’examen de 5e, ces écoles et enseignants exerçant souvent au noir, risquent de se transformer en nourrices. 

Ce qui n’est pas mal, puisque cela fait aussi gagner de l’argent», estime une mère de famille. Faut-il toutefois préciser que pour les autres examens, Bac et BEM en l’occurrence, l’affluence reste importante. Pour augmenter les chances de réussite de leurs enfants ou par effet de mode, des parents n’hésitent pas à dépenser. 

Certains enseignants, dont des retraités, proposent des cours à domicile. D’autres reçoivent dans des espaces improvisés ou dans leurs propres logements. Ce genre de cours est disponible dans toutes les communes d’Alger. 

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